Algérie : un chercheur et un journaliste condamnés à deux ans de prison ferme

, par communication@clubdelapressehdf.fr

Le tribunal de Constantine en Algérie a condamné mardi 29 août à deux ans de prison ferme le chercheur algéro-canadien Raouf Farrah et le journaliste algérien Mustapha Bendjama, en détention depuis plus de six mois.

D’après les propos de l’avocat de Raouf Farrah arrêté le 14 février et Mustapha Bendjama rapportés par le journal La Croix, ils sont sur le coup d’une accusation de « publication d’informations et de documents dont le contenu est classé partiellement ou intégralement secret, sur un réseau électronique ou d’autres moyens technologiques de médias ». L’affaire aurait démarré, selon plusieurs médias, lorsque les services de sécurité algériens ont eu accès au téléphone de Mustapha Bendjama après son arrestation le 8 février au sein du journal privé francophone le Provincial, basé à Annaba, dont il est le rédacteur en chef. Il a été interpellé sur le soupçon d’avoir aidé la militante politique franco-algérienne Amira Bouraoui à quitter l’Algérie via la Tunisie deux jours plus tôt, alors qu’elle était interdite de sortie.

Des accusations sans fondement ?

Selon les informations du journal Libération, le dossier d’accusation se base sur des discussions via l’application WhatsApp entre Mustapha Bendjama et un responsable de GII. L’analyse du téléphone du journaliste a en effet montré des contacts entre Mustapha Bendjama, Raouf Farrah, d’autres personnes et l’ONG anticorruption Global Integrity Index (GII). Devant le juge, Mustapha Bendjama a expliqué avoir compilé, pour le compte de GII, « un rapport déclinant 54 indicateurs socio-économiques en contrepartie de 1 500 dollars ».

Des propos qui ont peut-être été mal compris. Plusieurs médias ont affirmé que les enquêteurs auraient confondu le terme « indicateur » économique avec celui utilisé par la police pour les personnes leur fournissant des informations.

Pour l’ONG Human Rights Watch, « la condamnation du chercheur Raouf Farrah et du journaliste Mustapha Bendjama à deux ans de prison est politique. Elle atteste une nouvelle fois de la répression tous azimuts des autorités, sous des prétextes fallacieux et via une instrumentalisation de la justice ».

Rappelons que plusieurs journalistes et militants sont en prison en Algérie. Le 18 juin dernier, la Cour d’appel d’Alger avait alourdi à sept ans de prison, dont cinq ans ferme, la condamnation du patron de presse Ihsane El Kadi pour « financement étranger » de son groupe, propriétaire de Radio M et du site d’information Maghreb Émergent. Par ailleurs, le pays est classé à la 136ᵉ place sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans Frontières (RSF) en 2023


 

 

 

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