La filiale de Lagardère, contrôlée par Vivendi, du milliardaire Vincent Bolloré, souhaite partager la marque Fayard avec les éditions Mazarine. Selon les informations du journal Le Monde, Isabelle Saporta a refusé de signer la double licence Fayard et Fayard/Mazarine, qui aurait permis à Lise Boëll, patronne de Mazarine, de publier des ouvrages sous la licence sans lui en référer. La directrice de Fayard craint que la ligne politique des auteurs, marquée à droite, que Mazarine compte attirer, ne nuise à son image. L’un de ces futurs auteurs n’est autre que le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, selon l’Obs.
Depuis son entrée dans l’édition en 1997, Lise Boëll s’est forgé une image d’éditrice d’auteurs très à droite, d’abord chez Albin Michel, jusqu’en 2021, puis chez Plon, jusqu’à fin 2023. Elle a contribué à la carrière politique d’Eric Zemmour, journaliste au Figaro, en le transformant tout d’abord en auteur à succès (Le Suicide français en 2014, Destin français en 2018, entre autres), avant que ce dernier ne se lance en politique, en créant son parti d’extrême droite, Reconquête !, et ne se présente à la présidentielle de 2022.
Les salariés de Fayard soutiennent la position d’Isabelle Saporta. Ils avaient adressé, jeudi 7 mars, un courrier au PDG d’Hachette Livre, Arnaud Lagardère, ainsi qu’à Stéphanie Ferran, directrice générale déléguée d’Hachette. « Les incertitudes quant à l’avenir des marques Fayard et Mazarine, et à celui de notre PDG, ont déjà des effets très concrets sur notre quotidien dans l’entreprise et sur nos relations avec nos partenaires extérieurs, notamment les auteurs », ont-ils écrit dans ce courrier consulté par l’Agence France-Presse. Ils réclament « l’entière séparation des marques Fayard et Mazarine ».
Pour rappel, Mazarine est une maison d’édition créée en 1979 par les éditions Fayard, qui appartiennent elles-mêmes à Hachette depuis 1958. Elle publie principalement des romans, français et étrangers, ainsi que quelques essais.