« J’ai survécu et maintenant, je dois avancer pour bien montrer aux assassins que, non, ils ne m’ont pas réduit au silence, que je continuerai à faire mon métier, c’est-à-dire à porter la voix des victimes de violences, c’est pour ça que j’ai décidé de reprendre la plume et le micro. », a-t-il déclaré à franceinfo dans un interview le 10 mars dernier.
Roberson Alphonse est l’une des grandes plumes du quotidien Le Nouvelliste et directeur de l’information à la radio Magik 9. C’est justement là qu’il se rendait le 25 octobre 2022 pour coanimer, comme tous les matins, l’émission "Panel Magik", quand son véhicule a essuyé plusieurs projectiles. Une passante lui est venue en aide, elle lui a fait un garrot de fortune et a appelé les secours qui l’ont emmené à l’hôpital. Il doit encore subir plusieurs opérations pour extraire les fragments de projectile qu’il a dans le bras.
Roberson Alphonse en lice pour le prix de la liberté de la presse
Le journaliste est en lice pour remporter le prix Guillermo Cano de la liberté de la presse qui sera décerné le 2 mai 2023 par l’UNESCO. Ce prix représenterait un symbole fort, non seulement pour lui, mais aussi pour tous ceux dont il porte la voix, les démunis, les humbles, les familles endeuillées, « et plus particulièrement les enfants, pour leurs rêves qui nous obligent », souligne franceinfo.
Pour Roberson Alphonse, « il faut continuer à raconter ce qui se passe en ce moment en Haïti, république à la dérive dont la population subit la loi des gangs armés, des barrages sur les routes pour racketter, des enlèvements, des demandes de rançons astronomiques, des pillages, des viols collectifs ou encore des morts ».
Le dernier rapport de l’ONU sur l’état des droits humains en Haïti est très alarmant. D’après ce dernier, rien que ces six derniers mois, et rien que dans le quartier populaire de Cité Soleil à Port-au-Prince, plus de 260 personnes ont été tuées, abattues pour ne pas avoir coopéré avec tel ou tel gang. « Les envoyés spéciaux de l’ONU ont demandé à plusieurs reprises le déploiement d’une force internationale d’urgence pour aider les policiers débordés, mais en attendant, les Haïtiens sont seuls », explique le journaliste. « Et ce qu’il reste dans une telle situation, ce sont les journalistes » ajoute-t-il.