La nouvelle est tombée ce dimanche 2 avril : Ihsane El-Kadi, un des derniers journalistes d’un groupe de presse indépendante en Algérie, est condamné à trois ans de prison ferme par le tribunal Sidi M’hamed à Alger. Le parquet avait ordonné quant à lui cinq ans de prison ferme, assortis d’une interdiction d’exercer sa profession sur cette même période.
Par ailleurs, sa société va être dissoute, comprenant ses deux médias Radio M et Maghreb Emergent. Tous ses biens sont confisqués, et son entreprise est contrainte de verser plus de 68 000 euros d’amende à la justice, ainsi que 4 800 euros à titre personnel pour le journaliste. « Nous allons faire appel de ce jugement dans les délais requis, selon l’accord préalable avec notre client », a déclaré Me Abdelghani Badi, un des avocats de la défense ayant boycotté l’audience, dans des propos recueillis par l’Agence France-Presse et rapportés dans Le Monde
Des défenseurs des droits de l’Homme dénoncent une injustice
L’Algérie se classe à la 134e place sur 180 pays dans le classement 2022 de Reporters sans frontières (RSF) sur la liberté de la presse dans le monde. La condamnation d’Ihsane El-Kadi, bien souvent décrit comme opposant au gouvernement algérien, paraît alors moins étonnante. RSF est également à l’origine d’une pétition pour la libération du journaliste, ayant recueilli plus de 13.000 signatures. Une vague de solidarité ainsi observée en Algérie et en Europe, chez ses collègues et chez les militants des droits humains.
Par ailleurs, Seize chefs de presse à travers le monde avaient ordonné la libération de Ihsane El-Kadi, ainsi que l’annulation des entraves « inadmissibles » à l’encontre de ses différents médias, à l’occasion d’une réunion qui s’est tenue début janvier. Un appel qui n’a pas été entendu par la Cour d’Alger, dans un pays où la liberté d’expression des journalistes semble plus que fragilisée.
Rémi Couic