Où en sont les médias dans la parité homme et femme ?

, par Faouzia

La représentation des femmes dans les programmes des chaînes de télévision et de radio, ainsi que leur temps de parole, sont encore loin de la parité, d’après le dernier rapport de l’autorité de régulation, Arcom publié le 6 mars dernier. Le Club de la presse a reçu Nathalie Pinoli, secrétaire générale de l’Arcom Lille, Stéphanie Zorn, première rédactrice en chef adjointe à la Voix du Nord et Lisa Lasselin, journaliste à la Voix du Nord autour d’un débat sur la question de la place des femmes dans les médias.


La proportion de femmes présentes sur les chaînes de télévision et radio est en hausse depuis quelques années, néanmoins, elle reste insuffisante, selon le rapport de l’Arcom et de l’INA présenté par Nathalie Pinoli, à l’occasion de ce débat. Concrètement, « la part des femmes représentées à l’antenne a progressé en 2022 d’un point et atteint pour la première fois un taux de 44 % soit (46 % à la télévision et 42 % à la radio). « En revanche, leur temps de parole, mesuré par l’INA, stagne à 36 % », a-t-elle indiqué. Des progrès ont été également constatés en ce qui concerne la présence des expertes sur les plateaux et dans la publicité. « Les femmes deviennent majoritaires dans les publicités, tous rôles confondus » a-t-elle poursuivi.

La sous-représentation des femmes dans les médias n’est pas l’apanage de l’audiovisuel. La presse écrite est par ailleurs concernée, même s’il n’y a pas d’étude précise sur la question, explique Stéphanie Zorn. Elle est la première journaliste nommée rédactrice en chef adjointe à la Voix du Nord à ce jour. « À La Voix du Nord, il y a 42 % de femmes journalistes contre 58 % d’hommes et l’écart est encore plus grand aux postes de responsabilités, 32 % de femmes contre 68 % d’hommes. » expose-t-elle.

« Les réalités d’aujourd’hui sont le reflet d’un passé qui a longtemps accordé plus de place aux hommes au détriment des femmes » témoigne Stéphanie Zorn. Elle a par ailleurs souligné des progrès et aussi la volonté des médias à répondre efficacement à ces enjeux. « À La voix du Nord, l’initiative d’instaurer un comité ouvrons la voix, composé de femmes et d’hommes de la rédaction, a été prise il y a 5 ans, pour que l’équité de traitement entre femmes et hommes s’inscrive culturellement et durablement dans les colonnes du quotidien et dans son organisation » a-t-elle déclaré.
« Ce collectif a pris plusieurs résolutions, entre autres (féminiser les noms des métiers, mettre à jour les carnets d’adresse et y intégrer plus de contact d’expertes...) », a-t-elle poursuivi. L’invitée du Club souligne que « même si aujourd’hui le collectif est en sommeil, il y a des dispositions qui sont prises par le média pour veiller aux lexiques utilisés afin de réduire les stéréotypes et les inégalités ».

Traitement des faits divers

Pour le traitement des violences faites aux femmes, comme pour tout autre fait grave, Stéphanie Zorn précise que les journalistes du quotidien sont invités à utiliser les bons termes et ne surtout pas minimiser les faits en parlant de « jalousie ou de crime passionnel qui est à l’origine du drame » lorsqu’il s’agit de féminicide. Le comité « ouvrons la voix prône également l’exclusion des photomontages souvent utiliser pour illustrer des violences conjugales ou les harcèlements sexuels.
Elle nous confie que le journal tient compte des critiques et remarques sur les réseaux sociaux quand des termes utilisés par inadvertance, choquent les lecteurs et lectrices sur le site du journal.

Des femmes moins visibles en sport

Un constat qui attire tout particulièrement l’attention de l’autorité de régulation, malgré ces chiffres en progrès, est celui de la sous représentation des journalistes et des expertes en politiques et sport. « Le nombre d’invitées politiques est de 32 % en 2022, et la présence en plateaux des femmes dans les programmes sportifs s’élève à 21% dont 9 % de journalistes et chroniqueuses », a expliqué Nathalie Pinoli.

Pour Lisa Lasselin, journaliste à la Voix du Nord au service vidéo et réalisatrice de la websérie « Déterminées », cette sous représentation s’explique aussi par les inégalités d’accès aux infrastructures pour développer le sport féminin. « Il y a des clubs qui refusent de créer les équipes féminines et d’autres qui n’ont pas d’équipements adaptés » a-t-elle indiqué.

Les initiatives comme la série Déterminées réalisée par Lisa Lasselin ont justement émergé pour répondre à cette problématique de la place des femmes en sport. Dans ces vidéos, la journaliste révèle le manque de développement du football féminin et met en valeur le travail des joueuses du club de Régional 1 : le Racing Club Roubaix Wervicq Féminin. « Face caméra, les joueuses se sentent valorisées et comprises. Elles racontent leur parcours, la réalité du métier, la difficulté d’accès aux formations et comment cela a évolué depuis quelques années pour se professionnaliser » a déclaré la journaliste.

Dans les conventions que signe l’Arcom avec les différents médias, plusieurs recommandations sont préconisées pour réussir à instaurer une parité dans les rédactions et dans la représentation des femmes et hommes sur les plateaux. Le régulateur conseille à l’ensemble des organes de l’audiovisuel de « définir des objectifs de progression chiffrés, œuvrer pour plus de mixité des experts invités à s’exprimer sur des thématiques où les femmes sont sous-représentées, veiller à la représentation des femmes dans les programmes sportifs et faire évoluer le traitement médiatique des affaires de violence faites aux femmes... ».

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Quelques informations du dernier rapport de l’autorité de régulation, Arcom publié le 6 mars

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