Mais là n’est pas le propos de Maurice Delbart. Journaliste pendant trente-deux ans à La Voix du Nord, l’homme est d’abord un conteur. Son nouvel ouvrage 9/15 rue de la Baille est la suite du « scapenatche » (un filet à papillons). En 1946, une page se tourne. Du village on passe à la ville. Le gamin de Comines qui courait dans les champs se retrouve à Tourcoing, au quatrième étage « d’une maison pleine de fenêtres ».
Les premiers matches de football au stade Charles Van de Veegaete, les « buées » des mères, la baignoire en zinc, plus tard l’arrivée de la télé, les séances de cinéma au Normandy ou à l’Idéal, les marrons chauds, le basket avec l’abbé Delplanque et la famille Tanghe, la fraude à la douane du Risquons-Tout, les combats de coqs qui laissent dans la bouche comme un goût de sang, la communion solennelle, le certif, le patro, les colos…
Sur la forme, on est parfois heurté par les coquilles, les changements de caractère.
Sur le fond, la nostalgie est toujours ce qu’elle était. On lit les chroniques de Maurice Delbart un peu comme on feuillette un album de famille. Sans tomber dans le passéisme, l’auteur conte avec tendresse ce temps de l’enfance qui résiste en chacun de nous. Parfois derrière un trait malicieux, on devine un œil qui s’allume, une petite moustache qui se frise.
H.L.
9/15 rue de la Baille, par Maurice Delbart, 15 €. Chez l’auteur 1, allée du Grand Cerf, Bondues. 06 19 83 48 63