Algérie : les persécutions de journalistes se multiplient

, par communication@clubdelapressehdf.fr

Suite aux manifestations du Hirak, un soulèvement populaire qui a secoué l’Algérie pendant plus d’un an, nombre de journalistes algériens subissent de lourdes condamnations de prison. Correspondant en Algérie de TV5 Monde et de RSF, Khaled Drareni fait figure de symbole après sa condamnation à trois ans de prison ferme pour « atteinte à l’unité nationale ». Cette condamnation a suscité des indignations en Algérie et à l’international.

Les arrestations de journalistes se succèdent en Algérie. La situation de deux journalistes, Khaled Drareni et Abdelkrim Zeghileche, suscitent particulièrement l’indignation. Plusieurs ONG de défense des droits humains et de la liberté de la presse, algériennes et internationales, ont exhorté ces derniers mois les autorités à libérer Khaled Drareni et à mettre fin au « harcèlement ciblé des médias indépendants ». L’Union européenne a elle fait part de sa « préoccupation ».

Khaled Drareni a été condamné à trois ans de prison ferme pour « incitation à attroupement non armé » et « atteinte à l’unité nationale », après avoir couvert, le 7 mars à Alger, une manifestation du Hirak, un soulèvement populaire qui a secoué l’Algérie pendant plus d’un an.

Khaled Drareni dirige le site d’information en ligne Casbah Tribune et travaille comme correspondant en Algérie pour TV5 Monde et de RSF. « C’est un verdict très lourd. On est surpris. Le dossier est vide », a déclaré son avocat, aussi président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH). « Il s’agit d’une persécution judiciaire », a réagi Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF).

"Une atteinte grave à la liberté de la presse"

De son côté, l’association Les Médias Francophones Publics s’associe au soutien à Khaled Drareni. « Cette condamnation est une atteinte grave à la liberté de la presse que rien ne saurait justifier, dénoncent les signataires d’un texte commun, dont de nombreux présidents de médias. Il est intolérable que des journalistes soient pris pour cible en raison de leur activité professionnelle. Quel que soit le lieu d’exercice de leur profession, la sécurité et l’indépendance des journalistes doivent être assurées afin qu’ils puissent exercer librement leur profession. C’est la condition d’une information libre, impartiale et équilibrée ».

Le journaliste Abdelkrim Zeghileche, militant pro-démocratie et directeur d’une radio en ligne, est lui accusé d’« outrage à la personne du président » et d’« atteinte à l’unité nationale ». Le procureur du tribunal de Constantine a requis trois ans de prison ferme contre le journaliste. Le verdict sera prononcé le 24 août.

Des nombreux autres journalistes arrêtés

Plusieurs autres journalistes algériens sont actuellement en prison et des procès sont en cours. Le journaliste Moncef Aït Kaci, ex-correspondant de France 24, et le cameraman Ramdane Rahmouni, ont été arrêtés et placés en détention préventive, avant d’être finalement libérés devant le tollé général. Un autre journaliste proche du Hirak, Ali Djamel Toubal, correspondant du groupe de médias privé Ennahar, a été condamné le 14 juillet à quinze mois de prison ferme, notamment pour avoir diffusé des images montrant des policiers malmenant des manifestants antirégime.

Enfin, Belkacem Djir, journaliste de la chaîne privée Echourouk News, a lui écopé le 28 juin d’une peine de trois ans de prison liée à son travail d’investigation. L’Algérie figure à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par Reporters Sans Frontières. Elle a dégringolé de 27 places par rapport à 2015 (119e).

M.P


 

 

 

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