Aujourd’hui, dans la presse régionale - Mercredi 26 juillet 2006

La chaleur joue toujours les stars dans les journaux. Moins drôle, elle continue à faire des victimes. Les quotidiens de la région nous rapportent également de mauvaises nouvelles sur le plan social, avec la menace pour l’emploi des 235 salariés de Sublistatic, à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Dans le domaine de la justice, un homme condamné pour complicité dans l’assassinat du commandant afghan Massoud, en 2001, vient de purger sa peine. Mais il fait l’objet à présent d’un avis d’expulsion.
Le gros sujet d’actualité demeure la situation au Proche-Orient. Prenons le temps de décortiquer les articles et les différentes approches de ce conflit par « La Voix du Nord » et « Nord Eclair ».

CANICULE - La chaleur, encore et toujours. « Nord Eclair » titre sur « La fournaise jusqu’à demain » et signale que « cinquante-trois départements au total, dont le Nord et le Pas-de-Calais, ont été placés par Météo-France en vigilance orange ». Hier, précise le journal, « le seuil de recommandation pour les personnes sensibles à la pollution à l’ozone a été dépassé dans plusieurs villes de la région » : Douai, Arras, Waziers, Maubeuge... Hier, en France, le bilan de la vague de chaleur a atteint 40 morts. On apprend aussi, à la lecture de « La Voix du Nord », qu’un Seclinois de 86 ans est décédé le 19 juillet.

« La Voix du Nord », justement, consacre deux pages à l’augmentation de la consommation d’eau dans la région. Valérie Sauvage a rendu visite à la société des Eaux minérales de Saint-Amand. « Ces derniers temps, écrit-elle, au fur et à mesure que la chaleur augmentait, la cadence s’est intensifiée : ce sont désormais 8 600 palettes de 672 bouteilles qui sortent du site chaque semaine, contre 4 500 en période plus tempérée ». Le président de la société, Francis Chantraine, précise que « depuis deux semaines, nous travaillons 24 heures sur 24, même le samedi et le dimanche matin ». En France, les ventes dans la grande distribution (« La Voix » cite Auchan, Carrefour, Monoprix) « ont augmenté de 20% par rapport à l’année dernière. » rapporte le quotidien. Dans les pages « Economie », Marie Bernardeau s’arrête sur la « surchauffe d’activité » pour les glaciers. Dagniaux, à Roubaix, va jusqu’à constater « une hausse de 50% de produits vendus par rapport à de mauvaises années comme 2004 et 2005 ».

SOCIAL - Sublistatic, à Hénin-Beaumont, en dépôt de bilan. C’est que nous apprend ce matin Pascal Wallart, dans « La Voix du Nord ». L’ancienne filiale de la Lainière de Roubaix, leader mondial des techniques d’impression par papier transfert, « avait appris à vivre et à pratiquer la politique du yo-yo », écrit le journaliste, qui précise que la conjoncture s’est nettement dégradée depuis 2003, « avec la montée en puissance de la concurrence chinoise et un chiffre d’affaires en chute libre » . Après une charrette de 60 emplois et le remplacement du Pdg, une solution de reprise était en passe d’être trouvée. Mais il y avait un « grain de sable ». « La Voix » veut parler d’une dette de 28 millions d’euros auprès de sept banques. Deux d’entre elles seulement ayant accepté de tirer un trait sur tout ou partie, le dépôt de bilan est inévitable. La Chambre commerciale du tribunal de Béthune doit statuer cet après-midi. « L’avenir des 235 salariés sera entre les mains des juges », conclut « La Voix ».

S’agissant d’Eurotunnel, en revanche, les quotidiens régionaux signalent que les juges, qui devaient trancher hier, se donnent encore sept jours de réflexion. « Le tribunal de commerce de Paris ne se prononcera en effet que le 2 août sur l’ouverture d’une procédure de sauvegarde demandée par Eurotunnel », écrit « La Voix du Nord ».

ECONOMIE - Dans « Nord-Eclair », Mathieu Hébert revient sur les mauvais chiffres de la compagnie transmanche SeaFrance, en 2005. Son président, Eudes Riblier, se montre toutefois optimiste pour 2006 et note que « si la clientèle des touristes diminue (-5,9%), le trafic transmanche de marchandises augmente. En 2005, le nombre de camions transportés a augmenté de 8% par rapport à 2004 ». Notre confrère de « Nord Eclair » note une « allusion directe aux projets concurrents de Boulogne et Dunkerque ». En effet, note-t-il, « alors que l’Etat va transférer aux collectivités la propriété des ports de Boulogne et Calais, le président de SeaFrance confirme son attachement au port calaisien : "C’est ici que sont les réseaux d’infrastructure. C’est ici qu’est le meilleur accueil pour les touristes" ».

JUSTICE ET DOUBLE PEINE - Gilles Contraire, dans « La Voix du Nord », s’intéresse à la double peine qui touche un Tunisien, dans la Sambre. Adel Tebourski n’est pas tout à fait n’importe qui. En 2001, il avait été « interpellé dans une ferme du Vieux Reng, un village sambrien », puis placé en détention par le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière. Il a ensuite été condamné sur l’accusation de fourniture de faux passeports et d’argent liquide à un de ses amis, Abdel-Sattar Dahmane. Ce dernier est l’un des deux faux journalistes qui, deux jours avant les attentats du 11 septembre, ont assassiné le commandant Massoud. Samedi dernier, Adel Terbourski est sorti de prison après avoir purgé une peine de six ans. Mais il ne peut reprendre sa vie dans le Nord. Il a été déchu de sa nationalité française (acquise en 2000) et fait l’objet d’un avis d’expulsion en Tunisie. « Une sorte de double peine que quatre associations, dont la Ligue des droits de l’Homme, dénoncent », constate Gilles Contraire. Ce matin, le tribunal administratif de Paris devait examiner un référé liberté.

LE CONFLIT AU PROCHE ORIENT,
VU PAR « LA VOIX DU NORD ET NORD ECLAIR »

Alors que « La Voix du Nord » annonce qu’« Israël autorise un couloir humanitaire vers le Liban », « Nord Eclair » affirme que « Le cessez-le-feu n’est pas d’actualité ». Affaire de choix ou d’angle selon lequel on présente l’information ? Le correspondant de « La Voix » à Tel Aviv, Serge Dumont, choisit de se pencher sur « la tournée au Liban, en Israël et dans les territoires palestiniens », de Condoleezza Rice. La secrétaire d’Etat américaine participe aujourd’hui à « la conférence internationale organisée à Rome afin de dégager la voie à la conclusion d’un cessez-le-feu au Liban ainsi qu’à l’envoi d’une aide humanitaire massive à la population de ce pays ». Et Serge Dumont de poursuivre : « C’est dans ce cadre que le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, a promis hier d’autoriser la réouverture de l’aéroport de Beyrouth ainsi que des principaux ports libanais aux transports humanitaires ». Le correspondant de « La Voix » précise cependant que « la question du cessez-le-feu est restée sans réponse puisque le Premier ministre de l’Etat hébreu a également réitéré son intention de "combattre le Hezbollah jusqu’au bout" ».
Pour sa part, « Nord Eclair » annonce qu’« après une accalmie de 24 heures, l’armée israélienne a repris ses bombardements sur la bande sud chiite de Beyrouth, bastion du Hezbollah » et qu’un « poste des observateurs des Nations unies a été détruit à Khiam, au Liban sud. » « La Voix », qui parle de « bavure », précise d’ailleurs que les quatre observateurs qui s’y trouvaient ont été tués.
L’article de « Nord Eclair » insiste également sur le « franc consensus » affiché par la classe politique française, hier, à l’issue d’une réunion à Matignon. Un consensus qui porte notamment sur la nécessité d’obtenir un cessez-le-feu immédiat et sur le déploiement d’une force internationale qui, « pour nous Français, a déclaré Dominique de Villepin, doit être une force placée sous le mandat des Nations unies ».

Deux éditos, deux approches

La différence, ou la nuance entre les points de vue se retrouve davantage dans les éditos et commentaires. Ainsi, Jules Clauwaert, dans « Nord Eclair », se félicite de « l’étonnant consensus français » et estime que « la France a joué le rôle le plus actif pour que la "Communauté internationale" s’intéresse enfin au sort du Liban, qui parut trop longtemps abandonné de tous ». Il ne se fait pas d’illusions sur la réunion de Rome, « mais, écrit-il, Israël ne serait plus opposé au principe de cette intervention militaire, dans laquelle l’Europe semble prendre ses responsabilités ». Auparavant, il rappelle que les représailles israéliennes, après l’enlèvement des deux soldats, ont été rapidement « jugées disproportionnées et contre-productives ». « Fallait-il détruire toutes les infrastructures si péniblement reconstruites dans un Liban dévasté par une autre guerre ? » demande-t-il.
Dans « La Voix du Nord », le commentaire d’Olivier Berger s’attache plutôt à expliquer et défendre le point de vue israélien, à l’image de ses articles précédents en sa qualité d’envoyé spécial en Israël. Il rapporte notamment les propos de Betty (73 ans), une franco-israélienne qui s’est installée à Haïfa en 1966, un an avant la guerre des six jours. « Je ne comprends pas la France ni l’opinion publique mondiale, surtout après ce qu’ont subi les Juifs. Pourquoi le monde entier a-t-il laissé le Hezbollah s’armer jusqu’aux dents ? », s’indigne-t-elle après la visite du ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy. Et d’ajouter : « Croyez-moi, nous ne sommes pas des sanguinaires, mais je suis heureuse qu’on se défende et qu’on fasse le boulot pour le monde entier civilisé ».

Le « pataquès » pour le 11 septembre

« Qui se soucie de nous ? » semble répondre Aline Vinckier dans « La Voix du Nord », mais dans les pages locales Lambersart-Lomme. On se souvient de cette Française d’origine libanaise surprise par l’intervention israélienne alors qu’elle passait des vacances dans sa famille, au Liban. Elle vient de rentrer à son domicile lommois et raconte son long périple de 48 heures avec son enfant. Elle ne cache pas sa colère sur les conditions de son rapatriement. Mais surtout, elle qui avait déjà vécu la guerre étant enfant, n’oubliera pas ces derniers jours : « Je ne pouvais plus supporter les bruits des bombardements et les images de la guerre en direct à la télé : une bombe sur un hôpital, une église brûlée pour avoir accueilli des réfugiés. » Et elle confie cette réflexion à Isabelle Ellender : « Quand je pense au pataquès qu’on a fait pour le 11 septembre, avec ces commémorations chaque année… alors que tout le Sud-Liban est en train d’être effacé, la banlieue sud de Beyrouth aussi, et qui se soucie de nous ? »

Philippe ALLIENNE


 

 

 

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