Aux lundis du Club : le coaching a son Nobile

Le 19 avril Donat Nobilé d’Alessandro est venu présenter son livre, « La mouche du coach », dans le cadre des Lundis du Club de la presse. Une rencontre aussi étonnante qu’intéressante avec un auteur nordiste davantage connu dans le monde de l’assurance que dans celui de la littérature.

 
 
 
 

Souvenez-vous :

Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,
Et de tous les côtés au Soleil exposé,
Six forts chevaux tiraient un Coche.
Femmes, Moine, vieillards, tout était descendu.
L’attelage suait, soufflait, était rendu.
Une Mouche survient et des chevaux s’approche ;
Prétend les animer par son bourdonnement (…) 

Bravo. Vous avez bien reconnu les premiers vers de la fable de Jean de La Fontaine « Le coche et la mouche ». Trois siècles et trois décennies plus tard, Donat Nobilé d’Alessandro alterne de la même façon, et pour notre plus grand plaisir, alexandrins et octosyllabes. Et cela donne ceci :

Dans une auberge de banlieue pour ventres aisés
Et de tout temps au Michelin encensée
Six chefs s’affairaient autour d’un gibier à la broche
Sauciers, pâtissiers, sommeliers, tout était venu
La brigade épluchait, éminçait, était fourbue
Une mouche survient, et des cuistots s’approche ;
Entend les coacher par son battement (…) 

Ainsi, de ce pastiche intitulé « Le coach et la mouche », Donat Nobile donne-t-il le ton de son recueil, « La Mouche du Coach » qu’il vient de publier aux éditions du Panthéon. Ancien cadre dirigeant en assurances et consultant depuis 2002, Donat Nobilé reconnaît être en premier lieu un homme de chiffres. Il est associé-gérant de Transvers Consulting, une société de conseil indépendante qui a vocation à accompagner les sociétés de services, les entreprises et les courtiers d’assurance.

Quel rapport avec ce qui précède ? L’auteur confie avoir découvert le plaisir des mots sur le tard, notamment en relisant les Fables de La Fontaine qui ont inspiré la forme de son recueil. « La Mouche du Coach » compile en effet treize nouvelles inspirées de son expérience professionnelle, matinée de « fiction et d’esprit de dérision ».

L’expression la mouche du coche, inspirée de la fable, fait référence à ceux qui s’agitent beaucoup pour n’obtenir aucun résultat. Au fil des pages de « La Mouche du Coach », Donat Nobilé égratigne, avec beaucoup d’humour, tous ceux qui se sentent indispensables dans une entreprise, ou plus généralement dans notre société, mais qui ne lui apportent finalement rien. Au contraire, ils sont plutôt un fléau.

Emprise grandissante du coaching sur les moindres aspects de la vie, manifestation du pouvoir en entreprise, temps de travail, la recherche, la réunionite, les seniors... autant de sujets évoqués par Donat Nobilé qui se laisse guider par son envie de comprendre et de décrypter les phénomènes sociaux. Son objectif : permettre au lecteur d’en tirer un enseignement qui l’aidera, peut-être, à «  survivre professionnellement  » malgré «  l’art des fâcheux, des nécessaires, des empressés et autres indispensables qui n’ont de but que de vous gâcher la vie une fois pour toutes ».

Les têtes de chacun des trois chapitres (un par catégorie visée) et les titres des nouvelles nous invitent à une balade revigorante au sein d’un univers parfois kafkaïen : le notre. Florilège : « Chez les empressés qui  »… « accaparent la vie privée des autres  » ou « coachent avec diligence pour se faire pardonner ». « Chez les nécessaires  »… « qui siègent à l’académie s’ils n’ont pas les moyens de jouer au golfe  », ou « qui cherchent pour ne pas se trouver ». « Chez les fâcheux qui  »… « mettent la charrette avent les vieux », ou qui « donnent une valeur aux prix de leurs services ».

Devant le public du Club de la presse, l’auteur a beaucoup parlé de la perte du bon sens (source probable du recours accrus aux conseillers et coach de tous bords), des seniors et du problème des retraites. Quelle place pour les « seniors » aujourd’hui ? Sont-ils responsables de leurs problèmes ? etc. Au-delà, Donat Nobilé n’hésite pas à s’en prendre aux « spécialistes du prêt à penser » qui, à l’instar de Beigbeder, Bernard Henri Lévy ou André Glucksmann, tentent de nous coacher à travers le petit écran. Autre cible, peu émouvante : Eric Zemmour et ses « beaufreries  ». Comme dirait l’autre, on n’est pas couché.

 La Mouche du Coach » - Les éditions du Panthéon - préface de Michel Escudié 


 

 

 

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