Bientôt la télévision numérique régionale "Ne touchez pas à vos râteaux !" (novembre 2001)

Prévue dès le premier semestre 2003, la télévision numérique hertzienne permettra aux émetteurs actuels de diffuser 35 chaînes à la fois. Nous les recevrons tout banalement sur nos bonnes vieilles antennes. Le directeur régional de France 3 Nord - Pas de Calais - Picardie, Gilles Vaubourg, n’a de cesse de le répéter : "Ne touchez pas à vos râteaux". Dans notre région, deux nouvelles chaînes régionales seront lancées. L’une sera publique et étroitement liée à France 3, l’autre sera privée.

La TV numérique hertzienne, comment ça marche ?
Gilles Vaubourg (directeur régional de France 3 Nord-Pas de Calais-Picardie) : La télévision que nous captons actuellement sur nos antennes est « analogique » comme l’ancien téléphone. Celle que nous préparons sera numérique. Elle entre dans l’ère des ordinateurs. Images et sons seront transformés en signaux informatiques du type zéro et un. La numérisation, c’est le passage à travers l’ordinateur, avant l’émission, puis, à l’arrivée, une recomposition du signal par un décodeur, qui est aussi un petit ordinateur.
Cette informatisation présente deux avantages essentiels :

- L’image et le son deviennent presque parfaits. Ils atteignent la même qualité que le CD ou le câble. Ils échappent aux parasites des ondes hertziennes traditionnelles, à l’origine de certaines images « cotonneuses ».

- Par ailleurs, le numérique permet une « compression » très importante des signaux. Il rend ainsi possible l’envoi simultané d’une quantité importante d’émissions (dans notre projet, trente cinq chaînes en six bouquets). Jusqu’ici l’analogique, qui occupe une très grande place en longueur d’onde, limitait le nombre de programmes. Cette nouvelle technique va rendre possible « l’explosion » de la télévision.
Autre avantage, elle permet l’utilisation de l’infrastructure des émetteurs terrestres déjà en place et des antennes actuelles chez les particuliers. Cela évite les importants investissements du câble (avec ses kilomètres de lignes et de tranchées) ou du satellite qu’il faut placer sur orbite (impliquant le montage d’une parabole chez le téléspectateur).

Quand cela sera-t-il mis en place ?
G.V : Ca se fera d’une manière progressive. La première liste du CSA pour notre région concerne l’émetteur de Lambersart qui commencera à émettre au premier semestre 2OO3, (calendrier prévisionnel). La seconde étape comporte le reste du Nord - Pas de Calais et pratiquement tous les émetteurs de Picardie. Mise en service prévue pour l’année suivante.

Qu’est ce que cela coûtera au téléspectateur ?
G.V : Les émissions numériques arriveront sur son antenne de toit classique. Il devra seulement acheter un décodeur, une petite boîte noire qui sera disposée près de son appareil. Coût, environ mille francs (152,45 euros). Très vite les constructeurs proposeront des téléviseurs numériques avec décodeurs intégrés.

Faudra-t-il payer un abonnement en plus ?
G.V : Les chaînes de France Télévision seront toutes d’un accès gratuit. Pour les autres, je ne sais pas.

Que proposera France Télévision sur le numérique ?
G.V : Toutes les chaînes publiques existantes : France 2, France 3, la Cinq et Arte.
Mais aussi des créations dont une nouvelle chaîne d’information que préparent Paul Nahon et Bernard Benyamin ainsi qu’une chaîne régionale numérique dans huit régions dont le Nord - Pas de Calais-Picardie.

Les limites de diffusion des émetteurs de la nouvelle télévision seront-elles les mêmes qu’actuellement ?
G.V : C’est en cours d’élaboration. La tête de réseau sera à Lille mais peut-être repoussera-t-on notre espace plus loin. Nous n’empiéterons pas sur la frontière franco-belge, mais les cablo-opérateurs de Belgique pourront nous reprendre.
En ce qui concerne le contenu des émissions, France 3 Nord-Pas de Calais-Picardie développe déjà sa coopération avec les télévisions de l’Eurorégion. Nous sommes en train de passer des accords avec la BBC du Kent, les télévisions régionales d’Anvers, de Rotterdam, de Bruxelles, de Mons et de Tournai. Cela va permettre la coproduction d’émissions, des échanges de programmes, des opérations communes pour des événements exceptionnels (sans doute le passage à l’Euro, en janvier, avec six télévisions européennes).
C’est France 3 Nord-Pas de Calais-Picardie qui présidera, pendant la période de démarrage, le club des Télés de l’Eurorégion. L’accord vient d’être signé récemment à Bruxelles.

Quel sera le contenu de la nouvelle chaîne régionale ?
G.V : Il y aura 17 heures d’émissions dont trois heures « fraîches » (productions quotidiennes nouvelles et non rediffusions). Nous devrions diffuser des fictions, des documentaires, des magazines, des débats, des émissions de services, des enregistrements d’événements culturels et sportifs... En ce qui concerne l’information, nous devons décider s’il y aura un nouveau journal ou la reprise du journal régional actuel. De toute manière il y aura une coopération étroite avec France 3 Nord-Pas de Calais-Picardie. Nous prévoyons des moyens nouveaux avec l’embauche de vingt personnes et un budget de dix millions d’euros (65,60 millions de francs).

A côté de vous, il y aura une autre chaîne régionale privée ?
G.V : Le C.S.A. l’a prévu. De même, à côté des installations de TDF, il y a la place pour des émetteurs privés régionaux.
Propos recueillis par Claude Vincent

Commentaire
Plusieurs groupes et institutions pourraient être sur les rangs de la télévision régionale numérique. C’est le cas de la Voix du Nord. Mais elle demanderait, comme depuis plusieurs années, la possibilité d’émettre tout de suite avec les moyens classiques numériques. C’est ce que font déjà en France d’autres titres de la presse régionale, à Bordeaux, Clermont-Ferrand, Lyon où une dizaine de chaînes locales ou régionales sont envisagées.
D’autres candidats seraient sur les rangs. On parle de C9, du groupe Auchan, intéressé par les publicités directes de ses produits et le télé-achat, de la Communauté urbaine. Des associations sont possibles. De même au niveau national, d’autres candidats sont en piste : TF1, Canal Plus, Energie, etc. Tout n’est pas encore bouclé et des incertitudes persistent quant aux opérateurs. Il faudra attendre pour en savoir plus. Gilles Vaubourg, directeur régionale de France 3 Nord-Pas de Calais-Picardie, reste prudent, il ne s’engage que pour sa maison… mais avec optimisme.

C.V

350 collaborateurs dont 89 journalistes

France 3 Nord-Pas de Calais-Picardie est, avec la Voix du Nord, la plus grande entreprise de presse de notre région, n°1 absolu dans l’audiovisuel.

Les 350 collaborateurs de France 3 Nord-Pas de Calais-Picardie assurent à la fois l’antenne régionale (avec un budget de 23 millions d’euros - 150,87 millions de francs ) et l’unité régionale de production de Lambersart (avec un budget de 13 millions d’Euros - 85,27 millions de francs). Cette dernière est la plus importante de France avec Lyon. Elle réalise les grands directs, telles les représentations sportives, des documentaires et des fictions marquantes où l’on a pu voir des vedettes comme Michel Serraut , Annie Cordy, Jacques Weber ou Victor Lanoux.
Quatre vingt neuf journalistes travaillent dans cette grande maison qui couvre cinq départements : le Nord, le Pas de Calais, mais aussi la Somme, l’Aisne, l’Oise, cette Picardie qui forme la frange du Bassin Parisien. Les bureaux sont décentralisés, Boulevard de la Liberté pour la Métropole, à Arras, Boulogne, Amiens, Beauvais, Soissons. A l’heure des journaux régionaux et locaux l’audience regroupe 750.000 téléspectateurs avec 40% des parts de marché, en général plus que TF1 au même moment.
France 3 lance aussi dans notre région son site Internet où l’on retrouve images et textes sur l’actualité.
Pour rendre possible cet étonnant développement, la télévision régionale a engagé des travaux colossaux dans ses immeubles du Boulevard de la Liberté. Six mille m2 de travaux avec de vastes garages en sous sol (où l’on retrouve le niveau de l’ancienne Deule) et la reconstitution totale d’une ancienne maison de maître qui, côté cours, sera constituée d’un immense mur de verre. L’ancienne façade sera entièrement préservée. On a gardé aussi l’ancien hôtel d’un industriel où vint s’installer en 1933 l’antique « Radio PTT Nord. » Derrière la façade, actuellement suspendue dans le vide, tout sera neuf. Qui reconnaîtra désormais les studios, où l’émission vedette des débuts était La matinée enfantine de Grand Papa Léon ?
C.V


 

 

 

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