De fait, le jeudi 19, 20 Minutes titrait déjà « Comme si c’était fait ». Dans son édition de dimanche, La Voix du Nord le confirme en barrant sa Une de « Ils l’ont fait ! » et en racontant sous toutes les coutures dans 14 pages spéciales les explosions de joie sur la grand-place de Lille et dans la « rue de la soif » du coté des Halles. « Une fois l’ultime coup de sifflet envolé, relate Christophe Caron, il n’aura fallu que quelques instants pour que le premier fumigène écarlate explose sur la grand-place de Lille, au pied d’une Déesse qui en avait déjà vu de belles, il y a une semaine, après la victoire en Coupe de France. Rebelote hier, avec un titre de champion de France pour le LOSC ».
Dans sa chronique hebdomadaire, Jean-Michel Bretonnier (après avoir estimé que « le Lille qui rit aura déridé un temps le Lens qui pleure ») fait résonner les cordes régionalistes, peut-être à destination des adversaires parisiens d’un soir : « Le Nord - Pas-de-Calais (…) est une région sérieuse et drôle, inventive et industrieuse, riche et pauvre, où il ne faut renoncer à rien, ni à l’industrie ni aux services, ni au commerce ni à la recherche, ni au sport de haut niveau ni à la culture de qualité. Ni à la Coupe ni au championnat ».
« Fier d’être Lillois »
Dans les colonnes de Nord éclair Dimanche, Hugo Clément le proclame : « Hier, le LOSC est bel et bien devenu le TGV du foot régional (…) Les Lillois lèvent les mains au ciel, se prennent dans les bras. Certains ont les larmes aux yeux. Comme Jean-Louis, la cinquantaine. Il est venu d’un petit village proche de Seclin pour fêter le doublé des Dogues : “J’attends ça depuis que je suis né, c’est extraordinaire“. A quelques mètres de lui, on trouve Fabien, 32 ans. “La victoire est d’autant plus belle qu’elle est méritée. L’équipe a été impeccable, la saison magnifique, je suis fier d’être Lillois “ ».
« Le LOSC est champion, DailyNord devin » s’émerveille dimanche matin le journal en ligne, rappelant que sa rédaction ne fait pas partie des supporters de la dernière heure. En août dernier, celle-ci exposait dans ses colonnes pourquoi les Lillois finiraient en tête de la Ligue 1. « Doublé mérité pour un club qui a eu l’intelligence de se bâtir pas à pas, sans céder aux modes du je-change-tout-toutes-les-trois-semaines ». De l’art divinatoire, pas moins.
« Cornes bleues et jaunes »
« Hier soir, la rue Masséna s’est transformée en temple des Dogues, rapporte Céline Debette (Nord éclair). Plusieurs centaines de supporters, agglutinés devant les écrans de télé des bars, ont soutenu les joueurs du LOSC, jusqu’à exploser de joie au coup de sifflet final. La vie semblait s’être suspendue dès 21 heures, dans la rue Masséna, il était plus que laborieux de se frayer un chemin (…) Au milieu de la foule en rouge et blanc agglutinée sur la terrasse, Michaël, avec ses cornes bleues et jaunes et son pagne au-dessus du jeans, dénote quelque peu du tableau général. “Je fais mon enterrement de vie garçon aujourd’hui, justifie-t-il. Et ce match ne pouvait pas mieux tomber pour un supporter du LOSC comme moi“… ». Et Mathieu Hébert de souligner dans Liberté Hebdo qu’avec des joueurs français, polonais, sénégalais et ivoirien, « la composition du LOSC fait un beau pied de nez à la polémique sur les joueurs binationaux ».
« Tout le monde savait »
A New York, après l’état de choc, le cataclysme, le tsunami… et autres termes tous plus catastrophiques les uns que les autres employés la semaine dernière par la presse à l’annonce de l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn pour agression sexuelle supposée, surgit la polémique. D’abord sur celle de l’autre protagoniste du scandale, la victime supposée, une femme de ménage de 32 ans à la peau noire dont on ne parle pas et dont on ne connaît l’identité (dans les médias français, pas américains) que depuis peu. « Pour toutes les belles âmes qui depuis plusieurs jours courent de micro en micro, estime Pierre Faure dans la Croix du Nord, la victime, c’est l’autre. L’homme qui subit le terrible lynchage médiatique (…) Il est vrai que ces images insoutenables d’un homme dont l’honneur est livré aux chiens posent plus que jamais la question du voyeurisme des médias et des limites de la transparence absolue. Mais enfin, et sous réserve du jugement de la Justice américaine, la victime c’est tout de même l’autre, cette femme anonyme dont le sort indiffère ».
Car, en effet, les cris d’orfraie des strauss-khaniens, les témoignages offusqués de BHL et de Robert Badinter, le “il n’y a pas mort d’homme“ de Jack Lang et le “troussage de domestique“ de Jean-François Kahn ne manquent pas de laisser pantois. Pendant cette semaine, nous avons appris que DSK avait une libido surdimensionnée, que sa femme est l’héritière d’une immense fortune et que le directeur démissionnaire du FMI aura droit à une indemnité de départ, une « separation allowance ». « “L’affaire DSK“ peut mettre en cause ce sentiment d’impunité existant au sein des élites, martèle Bruno Cadez dans son édito de Liberté Hebdo. Il est évident que cette affaire interroge la gauche et l’on ne peut s’arrêter à constater qu’un prétendant socialiste aux primaires a été éliminé. Qu’un personnage controversé, affichant ouvertement sa passion pour, citons-le, “le fric et les femmes“, logeant dans une suite d’hôtel à 3000 euros la nuit, acteur majeur du violent plan d’austérité imposé au peuple grec ait pu représenter l’espoir de la gauche pour 2012 continue de poser question ».
« Ce que nous savons, résume Patrick Pépin dans Nord éclair, c’est que DSK a choisi de plaider non coupable. Qu’après versement d’une caution qui nous semble pharamineuse, il est en liberté surveillée et très limitée. Qu’il a démissionné du FMI et qu’il a cessé d’être un candidat potentiel à la présidentielle. Voilà, c’est tout. Il y a une plaignante qui — la justice le dira — peut être la victime d’un crime abominable ».
A part ça, quoi de neuf chez nous ?
Hebdos et quotidiens nous rappellent que les centres sociaux de la région, inquiets à cause du désengagement financier de l’Etat, ont manifesté dans les rues de Lille samedi. Plus de 2500 personnes (1400 selon la police) ont défilé. « La gestion à courte vue des emplois aidés et l’incertitude budgétaire avaient déjà sapé la patience des associations, note Cécile Debachy (La Voix du Nord). La départementalisation de la CAF a fait déborder le vase, les travailleurs sociaux craignant que cette recentralisation détériore le suivi de leurs actions de terrain ». Hugo Clément (Nord éclair) estime que les « autres victimes potentielles de la baisse des moyens étatiques [sont] les salariés des centres. Ils seraient 3400 dans la région ». Dans Liberté Hebdo, Ludovic Finez juge utile de rappeler que « le 26 mars, réunie en assemblée générale à Gravelines, la Fédération des centres sociaux du Nord votait une motion pour “que soit préservée la diversité de l’action sociale collective et familiale des huit territoires et ce, en partenariat avec les centres sociaux“ ».
Sur le site en ligne Médias du Nord, Nicolas Leroy nous informe quant à lui que « 5 fréquences sont remises en jeu dans la zone du Comité technique radiophonique de Lille : celles de Radio Classique à Lille (88.2), à Valenciennes (88.3) et à Arras (88.3), d’NRJ à Château-Thierry (90.8). Concernant Lens, il s’agit en fait d’une demi-fréquence laissée libre par la fin d’activité de Radio 13. Un appel à candidatures (jusqu’au 8 juin) purement formel, reconnaît-on en off du côté du CSA ».
Enfin, Marc Dubois (électron libre à Liberté Hebdo) revient sur une autoroute (pas réellement de l’information), ou plutôt sur la VRU (voie rapide urbaine) qui faillit recouvrir de bitume le canal de Roubaix, la voie d’eau reliant la Deûle et la Marque à l’Escaut, en passe d’être rouverte à la navigation. « L’histoire officielle minimise voire ignore un épisode essentiel, celui de la bataille pour la sauvegarde du canal Roubaix-Tourcoing menée dans les années 1970/1980 ». Rien à voir avec le projet pharaonique du futur “Seine-Nord“. Et pourtant, le retour à la navigation sur le canal de Roubaix, l’été prochain, constituera bien un événement dans la métropole et chez nos voisins belges, pour le plus grand bonheur de tous, de 7 à 77 ans. Surtout le dimanche !
Gérard Rouy