La séance plénière de l’après-midi |
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Xavier Mouligneau (chef d’édition au bureau d’information local de la RTBF - radio) pour le Hainaut), Jean-Paul Marthoz (directeur international de l’information à la Human Rights Watch), Philippe Allienne (président du Club de la Presse), Gilles Balbastre (documentariste), Olivier Da Lage (ancien président de la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels), Jean-Marie Charon (sociologue EHESS-CNRS) |
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Ce colloque du 4 juin s’ajuste à l’actualité. Une directive européenne relative à l’harmonisation de la notion de droits d’auteur doit être examinée prochainement par l’Assemblée nationale, pour sa transcription en droit français.
Cet examen pourrait redéfinir le « droit moral », dont l’esprit a donné naissance à la clause de conscience. L’avocat Henri Leclerc revient sur les fondements juridiques de ce texte, et Olivier Da Lage, ancien président de la commission de la carte d’identité des journalistes professionnels, en dresse les enjeux pour le statut de journaliste. Mais ce colloque ne se veut pas une réunion corporatiste. Les trajectoires des journalistes détenteurs de la carte de presse montrent que le métier compte de plus en plus de précaires. Outre l’aspect statistique, la précarisation de la profession revêt d’autres caractéristiques, directement liées à son exercice. Journalistes forcés de cumuler des piges et des tâches de communication, morcellement des tâches, disparités des salaires… La seconde partie du colloque aborde donc ces différentes facettes de la précarisation du métier de journaliste dans les dernières années, et s’interroge sur ses conséquences sur le traitement de l’information. Selon le sociologue Jean-Marie Charon, observateur des médias, le journaliste pigiste est désormais inscrit dans les structures des médias qui se développent de nos jours (presse magazine et TV). Le pigiste permet en effet aux entreprises de presse plus d’adaptabilité, de créativité, etc. Autrement dit, la précarisation des journalistes, travailleurs de l’information, n’est pas un phénomène qui se limite à la paupérisation de ces derniers. En télévision par exemple, le grand reportage implique souvent des structures précaires (agences d’images, société de productions…) Mais cette évolution, si elle présente des avantages pour les entreprises de presse, a son revers : fragilisation du statut des journalistes, intensification de l’activité… Dans ces conditions, comment garantir une information vérifiée, sûre, bref, de qualité ? Jean Paul Marthoz bénéficie d’une vue d’ensemble du phénomène de la précarisation du métier de journaliste et de ses limites. Ancien rédacteur en chef de La Libre Belgique, désormais directeur international de l’information pour l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch, Jean-Paul Marthoz a d’ailleurs renoncé à ses fonctions pour protester contre le recours abusif aux précaires. Son expérience en Belgique, et ses fonctions internationales apportent un éclairage intéressant au débat français. |
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Les ateliers de l’après-midi | |
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Atelier 1 Journalistes précaires et organisation du travail |
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Xavier Mouligneau (chef d’édition au bureau d’information local de la RTBF - radio pour le Hainaut), Jean-Paul Marthoz (directeur international de l’information à la Human Rights Watch), Ludovic Finez, Gilles Balbastre (documentariste), Jean-Marie Charon (sociologue EHESS-CNRS), Jean-François Bège (responsable du pôle édition du groupe Sud-Ouest) | |
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En 2003, plus d’un journaliste sur cinq travaille comme pigiste. Les pigistes - tout comme les intermittents du spectacle dans un autre domaine - sont devenus des éléments assurant une marge de flexibilité à l’entreprise de presse.
Dans le même temps, les conditions de travail du pigiste le mettent en difficulté : il est plus éloigné des sources d’information, il ne travaille pas toujours dans le confort intellectuel espéré, trop occupé à essayer de placer ses papiers ou ses services. Sa situation de dépendance peut aussi lui faire accepter plus facilement des égratignures au code de déontonlogie et « gonfler ses papiers » pour mieux les vendre. Une entreprise de presse qui recourt trop aux journalistes pigistes ou aux stagiaires (manque d’expérience, de temps ou de données) peut-elle garantir le bien-fondé et le sérieux de ses informations ? Comment éviter les écueils du suivisme et du consensus face au morcellement de l’information ? Ou faut-il considérer ces écueils comme un état de fait et adopter un regard « compréhensif » ? Gilles Balbastre : ce journaliste - documentariste - dénonce un système « qui produit et reproduit la précarité ». Il est particulièrement incisif sur ce système qui tend à faire des journalistes des « ouvriers de l’information ». Jean-Paul Marthoz : directeur international de l’information à la Human Rights Watch. Son expérience en tant que rédacteur en chef de La Libre Belgique nous montre les limites d’un système abusant d’une main-d’œuvre pigiste (la rédaction de La Libre Belgique était composée de trop nombreux pigistes). Jean-Paul Marthoz nous raconte aussi son expérience dans d’autres médias internationaux. Jean-Marie Charon : ce docteur en sociologie, spécialiste des médias relativise les propos de J.-P. Marthoz. Pour lui, l’emploi de pigistes permet plus de créativité et plus d’adaptabilité pour les rédactions. Il est conscient du revers de la médaille : fragilisation de la profession et intensification de l’activité. Xavier Mouligneau : chef d’édition pour le bureau local d’information du Hainaut, à la RTBF. Peu de précaires à la radio. Néanmoins il fut lui-même contractuel avant d’être embauché comme permanent à la RTBF radio et TV. Jean-François Bège : responsable du pôle édition du groupe Sud-Ouest. Il nous alerte sur un nouveau risque : alors que la presse quotidienne régionale se restructure - entrée d’investisseurs extérieurs dans le capital des journaux de PQR, notamment à Sud-Ouest - les employeurs réfléchissent à des stratégies de « groupe ». Un article produit dans un journal pourrait être reproduit dans une autre publication du groupe, mettant un peu plus la profession en danger. |
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Atelier 2 Pigistes et permanents, même combat ? |
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Alain Goguey (représentant syndical CFDT La Voix du Nord), Jean-Pierre Tailleur, Olivier Da Lage (ancien président de la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels), Me Henri Leclerc (avocat, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme) | |
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Les offensives pour priver les journalistes de leurs droits d’auteur se multiplient à un moment où la presse disposent de nouveaux supports d’édition (gratuits, Internet…)
Au quotidien, des égratignures viennent fragiliser le code du travail et les employeurs arguent du statut d’œuvre collective pour étouffer les droits d’auteur des journalistes. En prenant prétexte à la transposition de la directive européenne sur le droit d’auteur en droit français via une réforme du Code de la propriété intellectuelle, le spectre de la cession globale des droits d’auteur salariés à leurs employeurs prend forme. Une position d’autant plus paradoxale puisque l’on observe ces mêmes employeurs rémunérer les pigistes en droits d’auteur afin de minimiser le coût global. La contestation des journalistes, sur ces deux sujets, est vive et s’exprime dans cet atelier. Henri Leclerc : avocat, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme. Henri Leclerc définit le droit d’auteur et il revient sur les fondements mêmes de la notion. Géraldine Dauvergne : pigiste pour France-Soir pendant cinq ans, elle est aujourd’hui salariée intégrée à L’Étudiant Paris, depuis un an. Elle a été auteur d’ouvrages en même temps que journaliste pigiste. Elle a observé les différences et les similitudes. |
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Atelier 3 Pigistes par choix, par défaut ? |
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Olivier Van Varenbergh (ex-pigiste pour Le Soir), Patrice Leprince (Le Soir), Yann Kerveno | |
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Avantages et inconvénients… Les pigistes se targuent d’une condition à double tranchant. Si d’un côté, certains se félicitent de leur indépendance, de la gestion de leurs horaires, d’échapper à l’étouffement d’une rédaction qu’ils envisagent comme atrophiée, leur activité implique, par définition, une certaine forme de précarité.
Sous le couvert d’une situation qui peut paraître, à première vue, idéale, certains d’entre eux subissent cet état de fait imposé par des employeurs qui se débarrassent ainsi de la gestion d’une partie de leur main-d’œuvre. Les pigistes contribuent à la précarisation de leur propre métier. Devant s’assurer une source régulière de revenus, en vendant à tout prix leurs services, l’éthique et la déontologie peuvent être deux valeurs « relatives ». Patchwork d’impressions avec des journalistes concernés, succès et insuccès de journalistes pigistes. Olivier Van Vaerenbergh : pigiste pendant dix ans pour le quotidien belge Le Soir (et président fondateur de la Société des indépendants du Soir), fondateur du magazine Pepper News. Le statut de pigiste : plus par choix que par nécessité. Les changements qu’il a observés en troquant son statut pour devenir salarié ? Néanmoins, il poursuit ses collaborations en tant que journaliste free-lance. Patrice Leprince : ce journaliste a commencé à travailler au Soir en tant que pigiste. Puis, il y a deux à trois ans, il a bénéficié de la procédure de « mise aux normes » du quotidien qui a dû faire face à l’embauche des journalistes indépendants qui travaillaient exclusivement pour le journal. Patrice Leprince était l’un d’entre eux. Gaëlle Copienne : pigiste pour M6 Paris. Un statut qu’elle a choisi. |
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Sommaire | |
Le traitement de l’information de proximité : la séance plénière et les ateliers du matin |