Covid-19 : la liberté de la presse mise à mal

, par communication@clubdelapressehdf.fr

Reporters sans frontières estime que la pandémie du Covid-19 amplifie les crises qui pèsent déjà sur le journalisme. L’organisation a déposé plainte auprès de l’ONU pour les violations de la liberté de la presse constatées pendant la crise sanitaire.

Selon son Classement mondial de la liberté de la presse 2020, Reporters sans frontières (RSF) met en lumière une amplification des entraves à la liberté de la presse. Chaque année, l’organisation évalue la situation du journalisme dans 180 pays et territoires. Selon l’étude, la liberté de l’information est jugée « bonne » (8 %) ou « assez bonne » (18 %) dans seulement un quart des États et se dégrade sur tous les continents.

« La pandémie de Covid-19 met en lumière et amplifie les crises multiples qui menacent le droit à une information libre, indépendante, pluraliste et fiable, estime Christophe Deloire, directeur général de RSF. Il existe une corrélation évidente entre la répression de la liberté de la presse à l’occasion de l’épidémie et la place des pays au Classement mondial ».

La doctrine du choc

Selon lui, la crise sanitaire est l’occasion pour des gouvernements autoritaires de mettre en œuvre la fameuse « doctrine du choc » : « Elle consiste à profiter de la neutralisation de la vie politique, de la sidération du public et de l’affaiblissement de la mobilisation pour imposer des mesures impossibles à adopter en temps normal. La décennie à venir sera décisive pour l’avenir du journalisme ».

En Chine (177e), la répression envers les journalistes et les lanceurs d’alertes a contribué à ce que l’épidémie se propage, à Wuhan puis dans le monde. L’Iran (173e, – 3), autre foyer de l’épidémie, a mis en place « des dispositifs de censure massifs ». En Irak (162e, – 6), la licence de l’agence de presse Reuters a été suspendue après une dépêche remettant en cause les chiffres officiels des cas de coronavirus.

Hostilité envers les journalistes

Au Brésil (107e, – 2) comme aux États-Unis (45e), les présidents Bolsonaro et Trump redoublent d’hostilité vis-à-vis des journalistes, accusés de propager la peur. En Hongrie (89e, – 2), le premier ministre Viktor Orbán a fait voter une loi dite « coronavirus » prévoyant des peines de cinq ans de prison pour diffusion de fausses informations. Des journalistes ont été arrêtés en Jordanie (128e, + 2) ou au Zimbabwe (127e, + 1).

En Algérie (146e, – 5), le correspondant de RSF Khaled Drareni a été emprisonné à la faveur de l’épidémie. Hong Kong (80e, – 7) a profité de sa crise sanitaire pour arrêter quatorze leaders du mouvement pro-démocratique. RSF s’inquiète aussi de la vulnérabilité face au virus des journalistes maintenus en détention en Turquie (154e, + 3) ou en Arabie saoudite (170e, + 2).

La France pointée du doigt

Concernant la France (34e), qui perd deux points, RSF déplore que des journalistes aient été blessés par les tirs de LBD ou de gaz lacrymogène des forces de l’ordre, et agressés par des manifestants en colère en couvrant le mouvement des Gilets jaunes. Ce phénomène qui se développe partout en Europe est, selon RSF, « la conséquence des campagnes de haine et de la perte de confiance de la population envers la profession ».

RSF a déposé une plainte auprès de l’ONU, le 13 avril 2020, pour demander la dénonciation des États « qui violent le droit à l’information malgré, au prétexte ou à l’occasion de l’épidémie de Coronavirus, et mettent ainsi en danger la santé des personnes, sur leur territoire comme dans le reste du monde ».

M.P


 

 

 

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