Cette nouvelle édition met en lumière deux grandes tendances, à savoir une augmentation de la méfiance des Français envers les médias et la rupture des 18-24 ans avec les médias traditionnels.
Intérêt envers l’actualité
C’est une tendance qui se confirme désormais depuis plusieurs années, l’actualité intéresse de moins en moins les Français. En 2022, six sondés sur dix (62 %) portent encore un intérêt à l’actualité, c’est 5 points de moins que l’an passé (67 %), un indice en chute libre depuis 2015 (76 %). Ce désintérêt pour l’information est encore plus flagrant chez les 18-24 ans : seulement 38 % d’entre eux sont attentifs aux évènements qui font l’actualité, une chute de 13 points par rapport à l’an passé.
L’étude révèle que cet éloignement s’expliquerait, en partie, par la « surexploitation médiatique de certains sujets » explique Alexis Patri, journaliste à Europe 1. Certains thèmes ont bénéficié d’une attention médiatique excessive selon les sondés : l’épidémie, la candidature d’Éric Zemmour à l’élection présidentielle et le transfert de Lionel Messi.
La crédibilité envers les médias
Seulement 44 % des personnes interrogées estiment « que les médias fournissent des informations fiables et vérifiées » et 62 % des sondés estiment que les journalistes ne sont pas indépendants du pouvoir politique.
Pour 2022, la radio et la presse écrite sont les médias les plus crédibles pour les Français, devant la télévision et Internet. Près de la moitié des personnes interrogées estiment que « les choses se sont passées comme la presse et la radio les racontent ». Selon Claudia Cohen, journaliste au Figaro, la crise sanitaire « a remis le suivi de l’actualité plus que jamais au cœur de la vie des Français et permis une remontée de la confiance envers la presse écrite. »
Le baromètre révèle que 49% de Français accordent de la crédibilité à la radio qui perd néanmoins 3 points de confiance alors que les journaux en gagnent 1, avec 49 % également. Vient ensuite la télévision à 44% qui gagne 2 points de confiance sur un an. Pour Guillaume Caline, Directeur enjeux publics et opinions chez Kantar Public, « On observe une convergence de la crédibilité entre les médias traditionnels, avec un écart qui se creuse avec Internet ».
Pour ce qui est d’Internet, on observe une baisse de 4 points sur un an avec seulement 24% des sondés qui lui font confiance. En 2015, 39% des Français lui accordaient du crédit, un taux au plus haut depuis 2005, première année où la toile était étudiée par le baromètre.
Pour Gauthier Vaillant, journaliste politique au journal La Croix, "L’élément le plus important, c’est la chute de la confiance en Internet" a-t-il déclaré au micro d’Europe 1. Pour le site internet Pure Médias, c’est « une tendance qui pourrait s’expliquer par la montée du complotisme et la circulation des fausses informations sur Internet ».
Les sources d’information
Si la presse écrite et la radio sont les deux médias ayant le plus de crédibilité, les Français s’informent en premier lieu via la télé.
C’est par le petit-écran que 48% des sondés suivent les actualités en priorité. Par ailleurs, pour trois Français sur dix (32%), Internet est la première source d’info, alors que la radio n’est consultée en priorité que par 13% des sondés.
Les Français considèrent toujours les médias comme des outils essentiels au bon fonctionnement de la démocratie. En cette période électorale, les Français interrogés estiment à 91 % qu’il est « important » ou « essentiel » que les médias conservent leur indépendance des milieux économiques. Ils sont 83 % à attendre des médias « qu’ils pointent du doigt les fausses informations diffusées » et 87 % « qu’ils permettent aux candidats de présenter leur programme et leur vision pour la France. »
Etude Kantar Public onepoint pour La Croix, réalisé entre le 5 et le 11 janvier 2022 sur un échantillon de 1 016 personnes, représentatif de l’ensemble de la population âgée de 18 ans et plus.