- Nicolas Montard (2e) est le fondateur de DailyNord
Mis en ligne en février 2009 par Nicolas Montard et Christophe Demay pour apporter une information « indépendante » et « complémentaire » aux médias locaux, DailyNord distille depuis une décennie sa chronique caustique et irrévérencieuse de la scène politique du Nord. Le premier média d’actualité entièrement en ligne de la région manie la dérision et la satire pour introduire ses abonnés dans les cercles de pouvoirs et les coulisses politiques. Il est parvenu à toucher « un lectorat de niche » composé d’un noyau de décideurs publics, de journalistes et de communicants à qui il apporte chaque semaine son regard pointu et décalé sur l’actualité locale et régionale. Bien qu’elle travaille avec peu de moyens, l’équipe formée de pigistes expérimentés est active sur un périmètre étendu de la Picardie et la Belgique : même si les institutions sont centralisées à Lille, « tous les lecteurs de la région doivent y trouver leur compte », estime Nicolas Montard.
A rebrousse-poil
« Les élections sont un temps fort » pour ces indiscrets de la vie publique qui commencent à se faire connaître entre les présidentielles de 2012 et les régionales de 2015. Poil à gratter des politiques, ils révèlent coup sur coup le cumul des rémunérations de l’ancien président de la CCI Daniel Pacory et le népotisme du président du Conseil régional Daniel Percheron. Ces affaires parmi d’autres connaîtront un fort retentissement. Pourtant, les journalistes de DailyNord n’ont « jamais été poursuivis en diffamation », simplement parce qu’ils n’ont « rien à se reprocher », explique le directeur de publication qui revendique « une approche professionnelle ». Pas toujours cité par ses confrères sur ses premiers scoops, le pureplayer a fini par imprimer sa marque dans le paysage médiatique des Hauts-de-France. « La Voix du Nord est plus impertinente qu’il y a dix ans. Je crois qu’on a participé à cette émulation », ajoute Nicolas Montard.
Un coup à jouer dans les milieux économiques
En 2016, « au terme d’une longue réflexion », les bénévoles décident de passer à un modèle payant et commencent à rémunérer les pigistes : un seul abonnement est proposé à 5 euros par mois. « Je ne crois pas que l’avenir du pure player local passe par la pub », explique Nicolas Montard qui admet ne pas avoir la fibre commerciale. La concurrence sur le secteur de l’investigation locale s’est considérablement renforcée ces dernières années. « On doit se renouveler », concède-t-il, mais surtout « garder la dimension de plaisir ». La plateforme représente à peine 5 % des revenus des journalistes qui y collaborent (l’équipe étant constituée de journalistes indépendants). Le souhait de son directeur de publication est de « repartir un peu plus vers l’actualité économique et le reportage société ». Pour sortir DailyNord de « sa zone de confort », il voudrait aller mettre le nez dans les territoires oubliés de l’actualité.
A.B