Dans les coulisses d’un conseil de communauté à LMCU

Elections municipales en 2008 et succession de son emblématique président Pierre Mauroy obligent, il est beaucoup question de l’avenir de Lille Métropole Communauté Urbaine (LMCU) ces temps-ci. Mais que sait-on de cette institution, de son fonctionnement, de ses relations avec la presse ? La rencontre organisée au Club de la presse fin décembre, en partenariat avec LMCU, voulait apporter des réponses à ces questions. Elle a notamment permis de détailler les étapes qui mènent à un conseil de communauté.

« Vous avez des actionnaires [dans vos entreprises], nous aussi, ce sont les citoyens ». « Mon petit livre rouge, c’est le Code des collectivités territoriales ». « Notre priorité, ce sont les élus – il n’est pas normal qu’ils apprennent par la presse – et les citoyens ». Avec un certain sens de la formule, c’est ainsi que Jeanne-Marie Vollemaere, directrice générale adjointe à l’administration générale et aux moyens de LMCU, a défini ses responsabilités, particulièrement conséquentes si l’on mesure bien ce que représente cette institution. Ses 170 conseillers communautaires, dont 43 vice-présidents, sont issus de 85 communes réparties sur un territoire très étendu. Elle gère un budget de plus de 1,4 milliard d’euros, dont 12 % – « seulement », souligne-t-elle (1) – sont consacrés à ses 2.300 agents. Assemblée élue au second degré, LMCU est « composée d’élus expérimentés et de premier plan : sept députés, deux sénateurs, des anciens ministres, des vice-présidents du Conseil général, des maires ou adjoints de petites communes exigeants », dont Jeanne-Marie Vollemaere apprécie « le très bon niveau de débat, d’expertise ». Ce qui exige « des compétences techniques » et donc « un besoin de formation » en conséquence.

(Photo : Pascaline Chombart)

La taille de la communauté urbaine est intéressante », estime-t-elle. Elle lui donne les moyens d’agir dans des domaines comme les déchets urbains par exemple (service public concédé à Esterra), où LMCU compte 40 années d’expérience, les transports (Transpole), l’eau (Société des eaux du Nord). Son territoire urbain et péri-urbain serait aussi un atout en matière de développement durable. Revers de la médaille, toutefois : son fonctionnement « demande une organisation complexe et lourde » ((lire l’encadré)).
Cependant, l’équipement des élus en moyens informatiques (ordinateurs portables avec lecteur CD-Rom), la création d’un Intranet communautaire et d’un guichet unique d’accès aux documents administratifs, sous l’autorité d’une PRADA (personne responsable de l’accès aux documents administratifs) ont permis de gagner en rapidité et en efficacité. La directrice générale adjointe parle même de « révolution ».

Un compte à rebours d’un mois

La transparence, les « contraintes démocratiques », le besoin d’un travail préliminaire avec les élus et les services des communes concernées par les délibérations expliquent qu’il faille « un compte à rebours d’un mois », voire plus, avant d’établir l’ordre du jour définitif du conseil de communauté. Une première étape permet d’établir une « préparation administrative pour validation », « l’ordre du jour du président », dont « 95 % des délibérations ne posent pas de problème » en général. Quinze jours avec le conseil, cette première mouture est soumise à l’« examen politique » du bureau. Composé de 52 représentants des groupes et des grosses communes, celui-ci peut décider de retirer certaines délibérations, 2% en moyenne dans les faits.

L’ordre du jour définitif est envoyé aux élus et à la presse le jeudi ou le vendredi suivant, les 13 commissions s’étant réunies entre temps. Sachant qu’une même délibération peut concerner plusieurs commissions.
Enfin, arrive le jour J, « une grosse journée de travail ». Celle-ci est consacrée aux décisions techniques et à la préparation des interventions politiques avec les présidents de groupes. Les délibérations sont adoptées le soir, en recourant au vote électronique si besoin (sur décision du président) « quand on sait qu’il y aura une majorité étroite ». A ce jour, la majorité n’a fait défaut qu’une seule fois.

Quelles relations avec la presse ?

L’équipe de trois personnes qu’anime Fatima Khadir, responsable des relations presse, doit « concilier le temps des institutions et celui de la presse (2). Les fonctionnaires sont tenus par un devoir de réserve. Ils ne sont pas censés répondre. Les porte-parole sont les élus. » Pas de problème s’il s’agit de répondre à des questions concernant un événement comme une inauguration, par exemple. La tâche se complique pour les besoins d’informations techniques ou administratives et de la mise en relation avec le bon interlocuteur, ou en cas de question à caractère politique, du ressort des élus donc. En cas de « question épineuse », la réponse s’élabore avec le directeur de cabinet. « Plus c’est précis – lorsqu’il faut répondre à la presse spécialisée par exemple – plus c’est difficile », fait remarquer la responsable des relations presse. « On passe beaucoup de temps à re-hiérarchiser les priorités… Le souci de donner la bonne info nécessite du temps de vérification, de validation », en même temps qu’il faut jouer « un rôle pédagogique à l’interne. Il y a obligation d’étayer ce que l’on raconte, d’être précis, fiable ». « Nous jouons parfois les équilibristes, confesse Fatima Khadir, mais nous répondons systématiquement. »

M. D.

(1) A titre de comparaison, la communauté urbaine de Lyon regroupe 57 communes et le personnel représente entre 40 et 55 % du budget d’une ville de taille moyenne.

(2) LMCU fait également appel à un cabinet de relations presse à Bruxelles et à une agence à Paris pour la presse magazine nationale.

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LMCU en quelques (gros) chiffres

Pour mieux mesurer l’activité de la « machine » LMCU, Jeanne-Marie Vollemaere sort ses chiffres. Ainsi, en 2006, le conseil communautaire a adopté 1.775 délibérations, « dix fois plus qu’une ville moyenne ». Plus de 4.500 arrêtés ont été pris, dont 3.700 concernent le personnel. Tous les jours, 180 kg de courrier sont réceptionnés et ventilés, plus de 1.500 plis reçus ou envoyés. Le système informatique gère plus de 4,5 millions de courriels entrants et sortants par an. En 2006 toujours, plus de 500 marchés supérieurs ou égaux à 20.000 euros (cinq fois plus qu’une ville de 50.000 habitants) ont été passés avec 320 entreprises, dont la moitié sont du Nord-Pas de Calais. L’envoi dématérialisé d’une centaine de marchés publics sera expérimenté pour la toute première fois à l’issue du prochain conseil de communauté.


 

 

 

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