Des journalistes chinois au 17, rue de Courtrai

A l’initiative de l’ESJ et de l’Alliance Internationale des Journalistes, le Club de la Presse accueillait ce 5 octobre une délégation participant au Forum Chine-Europe. Outre une présentation de notre association, un débat informel s’est instauré sur le photojournalisme, la presse gratuite, la façon d’exercer le métier le métier de journaliste en Chine…

Après les visites et autres débats avec des confrères européens, d’Afrique (du Nord et de l’Ouest en particulier), d’Iran, le Club de la Presse Nord-Pas de Calais s’est enrichi d’une rencontre avec des journalistes et étudiants journalistes chinois, accompagnés de confrères italiens, britanniques, luxembourgeois, polonais et français, ce vendredi 5 octobre. Ces vingt-cinq visiteurs sortaient de l’un des 19 ateliers professionnels, initiés un peu partout en Europe entre le 4 et le 7 octobre, dans le cadre du Forum Chine-Europe (www.china-europa-forum.net). Leur étape lilloise sur le thème du « pouvoir des médias » était organisée en association avec l’Ecole supérieure de journalisme (ESJ) de Lille et l’Alliance Internationale des Journalistes (AIJ), représentés ce vendredi soir par Marc Capelle pour l’école, Manola Gardez et Nathalie Dollé pour l’AIJ.

Reçus durant une heure et demie par Philippe Allienne, président du Club, Marc Dubois, vice-président, Régis Verley et Jordan Pouille, adhérents de l’association, les consœurs et confrères chinois (et les autres…) ont manifesté un réel intérêt pour la vie du Club de la presse (1) et l’activité des journalistes français, en dépit d’une journée de travail assez dense et de l’exercice pas toujours simple, voire fastidieux, de la traduction.

« Sanctionnez-vous vos confrères ? »

Outre les questions sur les adhérents, le financement, le fonctionnement de l’association, ses initiatives (que l’on peut largement découvrir sur ce site), il a fallu en particulier clarifier le rôle de celle-ci, préciser ce qui la distinguait d’un syndicat ou d’un ordre professionnel par exemple. « Vous attribuez des prix aux jeunes journalistes, mais appliquez-vous des sanctions aux confrères qui ont commis des fautes ? », interrogeait ainsi un confrère chinois.

Il existe des Clubs de la Presse en Chine, sous forme d’association mais bénéficiant aussi de financements privés semble-t-il.
L’intérêt porté par plusieurs confrères à l’exposition photo de Gérard Rouy (une série de portraits de musiciens et chanteurs de jazz) fut aussi l’occasion de débattre du travail des photojournalistes, l’évolution de ce métier et les questions que pose aujourd’hui la diminution de leurs effectifs, ou encore, plus largement, la précarisation de la profession de journaliste.

Presse gratuite et « blogueurs »

Idem sur la presse gratuite, dont un confrère français a estimé qu’elle était l’avenir. Avenir ou menace ? Les journalistes qui y travaillent peuvent-ils exercer librement leur métier ? Un petit débat s’est instauré à ce sujet. Toujours est-il que la presse gratuite existe aussi en Chine. Aux dires des visiteurs, la question ne se pose pas de la même façon là-bas, étant donné les prix très bas pratiqués par la presse payante, par ailleurs largement contrôlée par les pouvoirs publics. Ainsi, « un journal édité par un titre trois à quatre fois plus important que La Voix du Nord coûte à peine dix centimes » et, précise avec humour cette consoeur, « on n’a pas de place dans le métro pour lire le journal », tant il y a de monde, tant on y est serré. Selon un autre journaliste, toutefois, la presse gratuite amènerait de nouveaux lecteurs à la presse payante.
On n’a pas non plus échappé à la question des internautes, des « blogueurs » qui, rappelait Jordan Pouille, de retour de Shangaï, révèlent certaines affaires (de corruption par exemple) et grillent une presse institutionnelle plutôt frileuse (2)… Selon nos confrères chinois, les choses évoluent, les journaux officiels font leur travail, s’efforçant aussi d’enquêter et d’approfondir, d’aller plus loin que les informations véhiculées par le net. S’ils reconnaissent être confrontés à des « limites », celles-ci « reculent, nous parlons de plus en plus [de ces questions] ».

M. D.

(1) On notait en particulier la présence de Vladimir Vasak, journaliste à Arte et président du Club de la Presse de Strasbourg.

(2) Reporters Sans Frontières épingle par ailleurs régulièrement les autorités chinoises sur le cas des journalistes et des « cyberdissidents » emprisonnés. Voir le rapport 2007 de RSF sur la Chine sur son site internet.


 

 

 

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