Les visages étaient graves, ce soir du 12 décembre à la Condition publique de Roubaix. Pour ce septième Noël du Club, nous avions choisi de mettre en lumière l’association VML (Vaincre les maladies lysosomales). A la tribune, son représentant, François Verbaken, avait tenu un discours particulièrement poignant pour expliquer ces pathologies génétiques rares qui ont atteint ses propres enfants. En accueillant VML, nous étions dans notre rôle en attirant les projecteurs sur une association peu médiatisée et sur des maladies peu connues du public. Hasard du calendrier, quelques jours plus tôt, une mobilisation médiatique (presse médicale en tête) avait été nécessaire pour que l’Etat octroie une autorisation temporaire d’utilisation d’un médicament. Il y avait urgence pour deux patients.
Chaque année à travers ce Noël du Club, nous essayons d’apporter un coup de pouce à une association qui aide, souvent discrètement, celles et ceux qui restent sur le côté de la route, qui vivent dans l’exclusion et la précarité, qui souffrent dans une indifférence quasi-générale. Le monde associatif est une source inépuisable de cette solidarité créatrice de lien humain et social. En leur apportant notre appui, aussi modeste soit-il, nous voulons simplement faire notre métier tout en nous acquittant, à notre tour, de notre devoir de solidarité. Que nos partenaires, qui se sont joints à cette action, soient ici remerciés.
En cette période festive et conviviale, ce thème fait certes figure de marronnier. Notre initiative de fin d’année n’est pourtant pas isolée. Dans un domaine qui nous est plus particulier, une bonne part de nos activités est tournée vers les journalistes pigistes et précaires. Là aussi, la solidarité est plus que jamais indispensable. Comment peut-on payer le feuillet moins de trente, voire moins de vingt euros ? C’est indigne, quelles que soient les raisons invoquées. Donnons un coup de chapeau, celui de l’année, aux 25 pigistes du groupe breton Infomer (qui édite Le Marin, L’Ostréiculteur et Produits de la Mer) qui ont, en février et mars dernier, mené un combat ferme et résolu contre cette filiale de Ouest France. Cette solidarité leur a permis d’ouvrir une brèche dans les pratiques désastreuses qui utilisent l’isolement des pigistes. Ces pratiques tirent les bénéfices d’idées autant reçues que fausses, à l’instar de celle-ci : « Il ne faut pas trop demander, parce que c’est un petit journal et qu’il a bien du mérite d’exister et de se battre ». Le journalisme est un métier sérieux.
Cela ne veut évidemment pas dire que les journaux en difficulté n’existent pas. France Soir en offre un triste exemple. A l’heure où son existence est menacée, ses salariés appellent à la solidarité du public. « Soutenir France Soir, écrivent-ils, c’est aussi adhérer à ce droit universel qu’est la pluralité de la presse, valeur essentielle de toute démocratie qui se respecte ». Un discours qui peut tout autant s’appliquer à L’Humanité et à Libération et avec lequel nous devons, une fois encore, nous montrer solidaires.
Enfin, au moment de présenter nos vœux, nous voulons aussi avoir une pensée pour nos confrères algériens, marocains et tunisiens que leurs pouvoirs respectifs ne cessent de harceler. Nous relancerons encore nos actions de soutien en 2006.
Philippe ALLIENNE