Dans la presse de ce week-end et du 2 mai 2011

Du mariage princier à la mort d’un salaud (02 mai 2011)

Les auditeurs et internautes matinaux se sont réveillés ce matin avec une nouvelle qui les ont arrachés à l’ambiance conte de fée de Westminter et à la félicité romaine de ce week-end. Oussama Ben Laden est mort.

Tombée ce matin, vers 6 heures, la dépêche de l’AFP est reprise sur le site internet de la Voix du Nord, sous une photo montrant la joie des Américains qui manifestaient dimanche soir devant la maison Blanche. « Obama annonce que les Etats-Unis ont tué Ben Laden », titre l’AFP. L’information n’est pas livrée au conditionnel. Le chef d’Al-Qaïda a donc été tué ce dimanche, à une cinquantaine de kilomètres d’Islamabad, la capitale pakistanaise, lors d’une opération commando américaine menée avec l’aide des autorités de pays. L’ancien allié de Washington, qui aurait commencé sa carrière de terroriste en 1993, était particulièrement recherché depuis les attentats du 11 septembre 2001 qui avaient fait près de 3000 victimes. L’AFP donne écho en ces termes à l’émotion d’un étudiant américain de 19 ans, à Washington : « je n’ai jamais ressenti pareille émotion. C’est quelque chose que nous avons attendu si longtemps ».

Une famille du Nord en deuil

Les commentaires de ce lundi matin, à la radio et à la télévision, allaient bon train sur la « bonne nouvelle ». Est-ce à dire que c’en est fini de la terreur d’Al Qaïda ? L’ombre de cette organisation et de ses ramifications plane partout. On devine que la mort d’un homme, fut-il LE salaud désigné, ne règlera pas le problème du terrorisme. En tout cas, voilà qui ne consolera pas cette famille d’Herlies qui pleure la mort de sa fillette de 10 ans, Camille Dewailly, l’une des victimes de l’attentat de Marrakech, jeudi dernier. Elle devait célébrer sa communion hier dimanche. Les cinq autres membre de la famille , qui se trouvaient sur la place Jamaä El-Fatna, au moment de l’explosion, sont hospitalisés. Ils devraient être rapatriés vers des hôpitaux lillois, indique La Voix du Nord qui, comme Nord Eclair, titre sur ce drame. « la piste d’Al-Qaïda au Maghreb islamique est la plus évidente, mais rien n’est certain », écrit Olivier Berger dans la Voix. Selon le quotidien algérien El Watan, les auteurs de l’attentats pourraient avoir été formés par Aqmi mais auraient agi indépendamment de cette organisation. Comme tous les journaux, il s’accorde à dire que la méthode ressemble fort à celle d’Aqmi. Mais jusque là, Aqmi ne prévient pas qu’elle commettra des attentats. Or, comme le rappelle Nord Eclair, une vidéo (un extrait d’un ancien document de propagande d’Aqmi – ndlr) menaçant le Maroc avait été diffusé sur internet trois jours plus tôt. Eric Dussart en parle lui aussi dans son édito (« Temps fort ») de samedi. Mais pour lui, « qu’il s’agisse d’Aqmi ou d’un autre groupe djihadiste implanté au Maroc, celui qui a frappé la place Jamaä El-Fna a voulu s’en prendre à un symbole. Celui d’une liberté, d’une ouverture qui ont encore beaucoup de progrès à faire auxquelles aspirent les peuples. C’est à cela que doit se concentrer l’aide des pays occidentaux, puisque le gouvernement marocain promet de tenir bon  ».

Marie Goudeseune et Morad Belkadi (Nord Eclair) rapportent qu’à Herlies, « l’onde de choc s’est vite répandue parmi les 2000 habitants, car la famille Dewailly est très impliquée dans la vie locale ». Ce week-end, dans La Voix du Nord, Gilles Contraire et Elodie Bartolic insistaient sur la douleur de la maire d’Herlies, Marie-Françoise Auger : « On m’avait dit qu’annoncer un décès était le plus difficile pour un maire, et c’est vrai. Etre messager d e l’horreur, il n’y a pas de mot pour ça.. ». Une phrase que l’on retrouve da,ns l’édition papier de ce matin. Dans un billet, Patrick Jankielewicz, met ce drame en parallèle avec la mort des deux jeunes Linsellois, Antoine et Vincent, en janvier dernier au Niger. « La seule façon, peut-être, de lutter contre cette violence et cette brutalité aveugles est de mettre fes visages sur ces morts, de rendre hommage encore et encore à Camille, Antoine et Vincent, jusqu’à ce que les poseurs de bombes, les preneurs d’otages et leurs commanditaires comprennent que leurs victimes ne sont pas des ombres », écrit-il. Le titre de son billet : « Les visages de la mort ».

Dentelle de Caudry et nostalgie

Samedi, les « Une » prenaient une toute autre couleur. Le rouge de l’uniforme du prince William et le blanc de la robe en dentelle de Caudry (en partie seulement) de Kate Middleton. « William, Kate et la dentelle de Caudry », titre Nord Eclair qui consacre quatre pages spéciales au mariage princier. « Après Michelle Obama en 2009, Kate Middleton a choisi pour la dentelle de sa robe de mariage le savoir-faire des tullistes de Caudry, près de Cambrai, qui fabriquent depuis 150 ans une dentelle haut de gamme exportée dans le monde entier ». Voilà pour le scoop. Car, rappelle ce quotidien, la robe de mariée « était l’Arlésienne de ce mariage, celle dont tout le monde parle mais qu’on ne voit jamais ».

« Ils se sont dit « Yes » dans la liesse  » allitère le titre de La Voix du Nord. En photo, signée Patrick James : le baiser, échangé devant… 2 milliards de téléspectateurs. Claire Lefebvre, envoyée spéciale à Londres, livre un reportage où elle explique que « les deux amoureux de 29 ans ont tenté de faire souffler un vent de modernité. Loin de défriser les Britanniques » . Elle compare avec le mariage de Charles et Diana et observe qu’ « en trente ans, taffetas et tulle ont rétrécis. Mais la robe (à tout de même 30 000 euros) est toujours immaculée  ». C’est moins que le coût de la cérémonie : 50 millions de dollars selon des tabloïds britanniques.

A lire également, sur ce sujet : le clin d’œil malicieux de Pierre Faure, dans la Croix du Nord : « Oubliés le Japon, la Lybie, l’Afghanistan, : place au conte de fées. Les rois épousent toujours les bergères, et les princes des roturières, n’importe quelle midinette vous le dira. Et même notre République, parfois, est prise de nostalgie. » En écho, dans ce même hebdo, l’éditorial de Franck Lacroix invite à ne pas se moquer et observe : « La France républicaine n’a jamais été autant attirée par la monarchie depuis qu’elle a coupé la tête à l’un de ses rois ».

1er mai en rangs dispersés

Hier dimanche, c’était le 1er mai, la fête du travail, le temps des revendications. La météo était clémente. Pas terrible pourtant, la mobilisation. La voixdunord.fr. a repris un communiqué de l’AFP qui évoquait un « petit 1er mai » qui « devrait figurer dans les petits crus des manifestations de la journée internationale des travailleurs, les salariés n’étant pas descendus en masse dans les rues contrairement aux deux 1er-mai précédents ».

A Lille, écrit Claire Lefèvre dans l’édition papier de lundi, « le cortège a réuni un millier de manifestants selon l’intersyndicale (CGT, CFDT, FSU, Solidaires, Unsa) qui a battu le rappel – 700 selon la police. Contre 2 000 à 3 000 l’an dernier ». Présente dans le cortège, Martine Aubry relativise. « On n’est pas obligé d’être dans la rue pour fêter la fête du travail », déclare-t-elle à La voix du N ord. La première secrétaire » du PS estime que « les salariés manifesteront en 2012 dans les urnes ».

Toujours selon la Voix, les manifestants étaient 500 à Dunkerque, 300 à Douai, 250 à Boulogne-sur-Mer, 250 à Roubaix, 80 à Saint-Omer. Dans son édition lensoise, le quotidien note que le maire de Lens, Guy Delcourt, a exprimé « sa satisfaction de voir les organisations syndicales sensibiliser le peuple ouvrier sur l’erreur d’aiguillage qu’il ferait s’il s’en remettait au Front national ». Les syndicats ont en effet positionné la manifestation contre le FN, contre la précarité et pur la défense de l’emploi.

Il y a cent ans : Fourmies

L’édition d’Avesnes de la Voix du Nord évoque le 120ème anniversaire de la fusillade de Fourmies (le 1er mai 1891) et Amandine Meunier livre une interview de Nathalie Artaud, la porte-parole de Lutte Ouvrière, présente à la manifestation. « La manifestation du 1er mai 1891 était aussi un combat contre l’ordre bourgeois, contre le capitalisme. Pour nous, c’est toujours le combat d’aujourd’hui, c’est encore notre programme » confie-t-elle. Le quotidien Liberté 62 et Liberté Hebdo sous la plume de Pierre Outterick, ont précisément choisi d’évoquer l’anniversaire de la fusillade de Fourmies. « Pour la première fois à Fourmies, écrit l’auteur, par ailleurs professeur agrégé d’histoire, patrons et gouvernement conservateurs n’ont pas seulement utilisé la répression ; ils ont laissé se développer la campagne de presse xénophobe de Drumont pour entraîner le mouvement ouvrier dans une impasse ».

Bérangère Barret, dans Nord Eclair, insiste sur le caractère international du 1er mai et décrit la manif des Tunisiens, Marocains et Algériens qui ont défilé sous une banderole commune. En marge de la manifestation, lit-on encore dans La Voix, Martine Aubry a « jugé ‘’inacceptable, terrifiant et imbécile’’ le scandale des quotas des joueurs nationaux dans les structures de formation fédérales, regrettant par ailleurs les regrets tardifs du sélectionneur Laurent Blanc ».

Pour Liberté Hebdo, « La fête continue… pour les riches ». Vincent Delbar, secrétaire, général de la CGT Nord, a accordé un entretien à Mathieu Hébert où il évoque les plans d’austérité en Europe, le déclin du service public, la baisse du pouvoir d’achat. Il évoque, entre autres, les « promesses non tenues » de Nicolas Sarkozy quand il se présentait comme « président du pouvoir d’achat » et vilipende la « prime » de 1.000 euros qui ne répond pas au problème et ne concernerait que très peu de salariés.

Des mariages intercomunaux forcés

Mais, comme le soulignent Gaëlle Caron et Sébastien Leroy, dans Nord Eclair de ce lundi, il n’y a avait pas que le mariage princier en Angleterre, vendredi. De ce côté-ci de la Manche, les préfets du Nord et du Pas-de-Calais procédaient à des unions bien républicaines, avec la présentation de leurs projets de refonte de la carte des intercommunalités qui doit entrer en vigueur d’ici 2013 ». Dans le dossier que propose Nord Eclair, le préfet du Nord Jean-Michel Bérard, explique en substance que « l’esprit de la loi (…) poussait à aller plus avant dans les regroupements, sans toutefois « casser la baraque ». Le mieux, en la matière, peut être l’ennemi du bien, rappelle le représentant de l’Etat. »
Dès vendredi, le quotidien soulignait le scepticisme des élus locaux qui disposent désormais de huit mois pour amender les nouvelles cartes. Il poursuit ce lundi matin en relevant « l’ accueil courtois mais, sans surprise, guère enthousiaste à la copie du préfet ». Accueil courtois mais surtout « mitigé  », comme l’indique le titre. Ainsi, pour la Flandre intérieure, le maire de Steenvoorde, Jean-Pierre Bataille, ne décolère pas. «  Il n’y a pas beaucoup de cohérence dans cette proposition qui ne satisfait personne ». Lui croit toujours en une grande communauté de Flandre intérieure avec Cassel. Problème : le président de l’actuelle communauté de communes de Cassel, ne le veut pas. L’esprit de clocher n’est jamais loin, surtout quand il s’agit de mettre à mal les frontières des fiefs et baronnies politiques. »
Dans le Maubeugeois, c’est encore plus explosif. Joël Wilmotte, le maire d’Hautmont, «  s’est interrogé tout haut sur la « conception comptable, voire le coloriage » du préfet, pointant les «  conséquences fiscales » néfastes d’une telle union pour ses administrés ». en cause ; un « mariage forcé » entre Haumont, «  qui a une gestion saine de ses finances », et Maubeuge, avec «  la situation difficile qu’elle connaît ». Bref, un « mariage forcé avec une mariée qui n’a rien dans les poches ». « Si ça reste en l’état, il y aura du sang sur les murs. Et on comprend, glisse le sénateur Jean-René Lecerf ». On notera le titre choisi par la Voix du Nord de samedi : « Dans le Nord, le préfet propose la « débalkanisation » des Flandres… ». Laurent Decotte évoque des «  fusions-acquisitions  ».
Dans le Pas-de-Calais, la proposition du représentant de l’Etat, Pierre de Bousquet, suscite également «  colère et inquiétude  », notamment de la part de Jacques Villedary, le président de la communauté de communes de Noeux et environs (CCNE). L’élu refuse tout net la fusion avec Artois Comm qui reviendrait à rayer la CCNE de la carte intercommunale.

Philippe Allienne


 

 

 

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