Florence et Hussein libres ! - La mobilisation doit continuer - 17 juin 2005

Mardi 14 juin, une centaine de personnes étaient rassemblées devant l’Opéra de Lille, à l’appel du Club de la Presse. Une occasion de dire sa joie après la libération de Florence Aubenas et de Hussein Hanoun Al-Saadi, mais aussi d’appeler à se mobiliser pour d’autres combats.

Après Marseille pour le 150e jour, le Comité de soutien à Florence et Hussein avait choisi Lille pour marquer ce qui devait être, mardi 14 juin, le 160e jour de détention de la journaliste française et de son guide, enlevés en Irak en janvier dernier. Heureusement, la bonne nouvelle de leur libération est tombée avant.

Pour autant, le Club de la Presse a souhaité reprendre cette initiative et maintenir le rendez-vous. Tout d’abord parce que l’occasion était belle d’exprimer la joie et le soulagement qu’inspire ce retour à la liberté pour la journaliste de Libération et son « fixeur ». S’il est un pays où une information la plus indépendante possible est nécessaire, c’est bien l’Irak. Sans pour autant oublier les difficultés particulières à y exercer le métier de journaliste.

Florence Aubenas était partie en décembre dernier (avant la libération de Christian Chesnot et de Georges Malbrunot) pour « couvrir » les élections irakiennes. Dans sa conférence de presse donnée mardi après-midi, elle a confié qu’elle avait pu avoir sur place « une activité normale », interrogeant notamment les gens dans la rue. Florence Aubenas au Press Club de Paris juste aprés sa libération en 2005 (photo Gérard Rouy)
« Ce type de journalisme-là en Irak, aujourd’hui, est dangereux », estime-t-elle. Sur la façon dont il convient désormais de le mener, elle n’a « pas de réponse toute faite ». « Mais je pense qu’il faut prendre des précautions », ajoute-t-elle.

Une façon de dire merci

Ensuite, avec ce rendez-vous du mardi 14 juin, le Club tenait à remercier tous ceux qui ont répondu à ses appels à la mobilisation. Une mobilisation qui a en fait débuté dès le mois d’août dernier, lorsque l’on apprenait l’enlèvement de Christian Chesnot et de Georges Malbrunot. Seul ou en partenariat avec d’autres, le Club a tenu à régulièrement faire parler du sort de Florence et Hussein : manifestations, soirée au théâtre du Nord, lâcher de ballons, exposition photos, articles sur notre site internet…

Florence Aubenas a expliqué combien le peu de choses qu’elle a pu deviner, lors de sa détention, sur la mobilisation en France avait eu de l’importance : « Je peux vous dire que quand on voit ça assis par terre (à la télévision, NDLR), c’est inoubliable. » Interrogée sur le point de savoir si ces manifestations gênaient les discussions en coulisse, elle a estimé « normal et bien que les gens s’expriment ». « Quand je ne pouvais plus parler, c’est eux (les personnes mobilisées pour sa libération, NDLR) qui pont parlé », insiste-t-elle.

Ils étaient donc une centaine, ce 14 juin, devant les marches de l’Opéra de Lille à assister à ce rassemblement, qui s’est conclu par un lâcher de pigeons (grâce à la Fédération des colombophiles du Nord-Pas-de-Calais) et sur quelques notes de musique, que l’on doit à l’accordéon de Denis Cacheux.

Une centaine également pour écouter les quelques mots prononcés par le président du Club, Philippe Allienne. Des mots de soulagement, bien évidemment, mais aussi un appel à poursuivre la mobilisation. Car les atteintes à la liberté de la presse, de sources identifiées ou non, ne manquent malheureusement pas. On connaît ainsi l’attachement particulier du Club au sort réservé aux journalistes marocains et algériens.

Fred Nérac et Guy-André Kieffer, journalistes disparus

De récentes condamnations de journalistes dans ces deux pays (à de la prison ferme et à une « interdiction d’écriture ») ont encore prouvé que des pouvoirs qui ne supportent pas que certaines vérités soient dites savent utiliser des moyens divers pour arriver à leurs fins, en téléguidant au besoin la justice. Force est de constater, malheureusement, que le Club peine à trouver des échos et des relais institutionnels pour porter cette dernière initiative.

N’oublions pas non plus que des journalistes manquent à l’appel, disparus alors qu’ils exerçaient leur métier, sans que l’on sache ce qu’ils sont devenus. C’est le cas de Fred Nérac, journaliste français disparu près de Bassora (Irak) le 22 mars 2003, alors qu’il effectuait un reportage pour la chaîne anglaise ITN TV (un site lui est consacré : www.fred-nerac.info). C’est aussi le cas du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, disparu en Côte d’Ivoire depuis avril 2004. Une affaire dans laquelle au moins l’entourage proche du président Gbagbo semble mouillé.

Des portraits de Fred Nérac et de Guy-André Kieffer ont d’ailleurs été brandis lors du rassemblement devant l’Opéra de Lille.

L. F.

 

120605
Florence Aubenas et Hussein Al-Saadi
Enfin LIBRES !

La nouvelle de la libération de Florence Aubenas et Hussein Al-Saadi a été rendue publique dimanche 12 juin. Leurs ravisseurs les avaient remis à la DGSE la veille.


Dimanche 12 juin, 15h45
Paul Froissard (Club de la presse), Martine Aubry (maire de Lille), Haydee Saberan (correspondante Libération) et Loïc Hervouet (ESJ de Lille) décrochent la photo de Florence Aubenas et Hussein Hanoun al-Saadi place De Gaulle à Lille (Photo Gérard Rouy).



Nous avons eu peur. Très peur. Certes, les très rares indications provenant du gouvernement nous ont tous aidé à ne pas perdre espoir. Nous n’avions qu’à croire très fort que la nécessaire discrétion devant entourer les négociations avec les ravisseurs ne pouvait que nous priver d’informations et nous forcer à la patience. Que dire de cette attente s’agissant précisément de Florence Aubenas et Hussein Hanoun al-Saadi !

C’est précisément pour celà, pour qu’ils ne perdent pas espoir et ne se sentent pas abandonnés que la mobilisation était indispensable. Les affiches, témoignages, réunions publiques et autres manifestations ont concerné toutes les composantes de la société civile. Si un seul écho en est parvenu aux oreilles de Florence et Hussein, cela les aura incontestablement aidés à supporter cette ignoble captivité.

Mais encore, cette immense mobilisation se devaitd’être parce que l’ensemble des citoyens devait prendre conscience que chacun et chacune d’entre nous sont concernés par la liberté de l’information, en chaque endroit du monde.

Il ne faut pas que cette idée nous abandonne. D’abord parce que la politique des otages est une affreuse réalité. Nous ne savons pas, par exemple, ce qui est arrivé à Fred Nérac (disparu en Irak le 23 mars 2003) et à Guy-André Kieffer, disparu en Côte d’Ivoire en avril 2004. Ensuite, parce que tous les jours, de nombreux journalistes, à commencer par les Irakiens, travaillent en Irak dans des conditions extrêmement difficiles et dangereuses. C’est le cas dans bien d’autres endroits de la planète.

Ils le font parce que la présence des journalistes, dans le monde entier, est une des conditions incontournables pour, en témoignant des réalités, préserver la liberté ou favoriser son émergence là où elle n’est qu’un rêve.

A Florence et à Hussein Hanoun, nous transmettons toute notre amitié et nous saluons leur courage.

A toutes celles et tous ceux qui, à quelque degré que ce soit, se sont élevés contre leur détention, nous disons un immense MERCI.

P. Allienne

 

Signatures et messages de soutien
pour Florence Aubenas et Hussein Hanoun Al-Saadi

 

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Premier communiqué du Club de la Presse Nord -Pas de Calais

 

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