Frank Mulliez survole la France pour Géo - 25 janvier 2006

Pilote d’hélicoptère, Frank Mulliez est devenu photographe. Il va couvrir toutes les régions de France pour le magazine Géo, qui vient de lancer une série sur la France vue du ciel. Il est venu nous rendre visite le 23 janvier, dans le cadre des Lundis du Club.
Photo Gérard Rouy

Les photos de la région vue du ciel, parues dans le magazine Géo en janvier, c’est lui. Frank Mulliez a grandi dans la région, mais avoue lui-même ne pas bien la connaître. Pilote d’hélicoptère, le Nordiste est devenu photographe par passion… et par d’heureux concours de circonstances.
La rencontre avec un éditeur parisien fut décisive. Inconnu dans la profession, le photographe nordiste s’est dit capable de réaliser en quelques dizaines de jours un reportage sur l’Ile de Beauté. « Banco ! », lui a répondu l’éditeur. Un recueil de photos sur « La Corse vue du ciel », fruit de cette rencontre, débouchera sur la publication d’autres livres, et sur le travail engagé par Géo.

Les plates-bandes de Yann Arthus-Bertrand

Frank Mulliez, 35 ans, timide, admirateur de Pierre-Georges Latécoère, un des fondateurs de l’aéropostale, aime à citer la phrase du célèbre aviateur : « J’ai refait tous les calculs... Notre idée est irréalisable. Il ne nous reste qu’une chose à faire : la réaliser ! » Bien conscient de son entrée atypique dans le métier, Frank Mulliez ne se considère pas comme un professionnel abouti. « Je ne suis pas photographe. Je suis plus un chasseur d’images », avance-t-il. « J’aimerais apprendre la photo de studio, la lumière… » On l’accuse de marcher sur les plates-bandes de Yann Arthus-Bertrand, auteur de « La Terre vue du Ciel ». « Il m’a donné les clés de ce que je voulais faire », répond-il. « Personne n’est passé après lui. Je ne savais pas que ce n’était pas possible ».
Frank Mulliez n’a pas la célébrité de son prédécesseur. Il met en œuvre des reportages à petit budget. « Mon pilote, c’est les yeux. Moi, les mains. C’est lui qui place l’hélico et qui me demande : "tu le sens, le cliché ?" On n’est pas seul derrière l’objectif », ajoute-t-il. Dans l’appareil, deux autres personnes assistent les deux hommes, dont l’épouse de Frank Mulliez. Un navigateur annonce le déroulé du plan de vol, dont les « objectifs » sont marqués par de petites gommettes. L’autre équipier décrit le site, les éléments remarquables que l’œil doit rechercher avant la prise de vue.

« Booster les contrastes »

Avant le vol, « l’essentiel du travail consiste à lire tout ce qui concerne la région qu’on va survoler : les magazines, les livres de mes confrères, les guides de voyage. On va à la Fnac ou au Furet et on achète tout ce qui en parle », résume Frank Mulliez. « Si on a le temps, on fait des repérages ». Une organisation bien rôdée pour un seul objectif : la course contre la montre. « On s’arrête rarement sur un objectif, car l’heure d’hélicoptère coûte extrêmement cher », explique-t-il. L’ennemi du quatuor ? Les mauvaises conditions météo, qui obligent à de nouveaux passages. « Le voile atmosphérique est une catastrophe ! (…) On doit souvent [le] gommer et booster les contrastes [sur ordinateur] ».
Le Nord-Pas de Calais est habitué à cette couche grise qui l’enveloppe souvent. Ce n’était pas le cas de la Corse. Après le Nord de la France, Géo publiera en février une série de clichés sur le Jura, dont le photographe a montré des extraits au Club de la Presse. Puis viendront l’île de La Réunion, les côtes de Bretagne, la Provence, le Pays Basque… « L’objectif [de Géo] est de montrer que la France est belle et de surprendre les locaux », indique Frank Mulliez.
De son côté, le photographe prépare d’autres sujets. Il partira bientôt en Thaïlande, où les autorités lui interdisent de voler. « On réalisera les photos au sol. C’est un autre challenge ». Là-bas, Frank Mulliez pourra corriger un regret que lui laisse son expérience aérienne : en l’air, « on a le pays dans les yeux, mais on ne le rencontre pas ».

Mathieu Hébert


 

 

 

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