Les chefs ne sont pas insensibles à reconnaissance des critiques du milieu professionnel, qui manient la plume faute de la louche. Artistes, ils sont forcément aussi un peu cabots. Et si les guides ne remplissent pas obligatoirement les salles, ils peuvent par contre contribuer à les vider… Alors, même s’ils savent que l’avis personnel de leurs clients est le plus sûr allié, ils préfèrent quand même que la critique soit… bonne.
Alors c’est sans doute sans déplaisir que deux restaurateurs nordistes se sont découverts dans le dernier bouquin de notre confrère Gilles Pudlowski (journaliste au « Point » et créateur du guide… Pudlo) au nom prometteur : « Les granges gueules ».
Benoît Bernard avec sa Laiterie et Pierre Coucke, qui tient « La Marmite de Pierrot » à Capinghem, figurent dans cette liste de quarante fortes et bonnes têtes ramenées par Pudlowski de Paris et d’une Province profonde qu’il connaît pour en être lui-même -le Messin- issu.
Deux Nordistes sur 40 c’est bien et c’est peu à la fois ; mais comme ce qui est rare prend d’autant plus de valeur, ni Benoît ni Pierre ne s’en plaindront.
Au fait ces Nordistes, sont-ils deux ou trois ? Jean-Paul Arabian (Le Caméléon, Paris-6ème), qui eut 2 étoiles au Michelin quand il avait Le Restaurant à Lille, vient en renfort sur le sommaire pour exacerber un peu plus notre chauvinisme régionaliste.
A leurs côtés on trouve au fil des pages de fameuses trognes, croquées avec délice par l’objectif de Maurice Rougemont. On en croise des pas très connus, mais aussi des monstres sacrés comme les Paul Bocuse et autres Marc Veyrat…
Ces tontons flingueurs des fourneaux sont appelés à disparaître dans notre monde qui tend à niveler les goûts et les hommes, pense Pudlowski. Aussi a-t-il tenu à les immortaliser à sa façon dans ce livre : il fera un beau (45€) cadeau pour le Noël des gourmets... qui pourront saliver et s’essayer aux recettes que chaque chef leur livre ici.
Une sympathique réception, l’autre semaine à La Laiterie, a permis aux deux restaurateurs du Nord de marquer l’événement comme il se doit, autour d’une assemblée d’inconditionnels du bien manger.
Ajoutons que si Bernard Benoît est une grande gueule, il est aussi homme de cœur, puisque soutien actif et fidèle du Noël caritatif du Club de la presse.
D. ADAM