Journalistes tués, enlevés, expulsés… la liberté de la presse mise à mal en Libye et au Proche-Orient (24 mars 2011)

« 2 tués, 3 disparitions, 7 arrestations, 2 expulsions… la liste des violations de la liberté de la presse ne cesse de s’allonger » s’inquiète l’organisation Reporter Sans Frontières. En Libye, en Syrie, au Yemen et à Barheïn, où des peuples se mobilisent pour la liberté, la démocratie, les journalistes paient un terrible tribut dans l’exercice du droit d’informer.

Le 19 mars a été une journée noire en Libye. Mohamed Al-Nabbous, journaliste blogueur fondateur de la chaîne de télévision en ligne Libya AlHurra, émettant par satellite, plus connu sous le diminutif de Mo était la cible d’un snipper. C’est le deuxième journaliste à perdre la vie, après un cameraman quatari d’Al-Jazeera, Ali Hassan Al-Jaber, le 12 mars.

Le 19 mars toujours, Al-Jazeera annonçait que quatre de ses journalistes avaient été arrêtés par les forces gouvernementales de Kadhafi. Il s’agit d’Ahmed Vall Ould el-Dine (Mauritanien) et Lotfi Messaoudi (Tunisien), ainsi que de deux photographes Ammar Al-Hamdane (Norvégien) et Kamel Ataloua (Britannique).

L’Agence France Presse indiquait par ailleurs que deux de ses de ses journalistes, Dave Clark (38 ans) et Roberto Schmidt (45 ans), et un photographe de l’agence Getty Images, Joe Raedle, ont été arrêtés le 19 mars dans la région de Tobrouk (est) par l’armée libyenne, selon le témoignage de leur chauffeur. Tous trois ont été libérés dans la nuit de mardi à mercredi. Cette libération aurait été ordonnée par Kadhafi après intervention du PDG de l’AFP, Emmanuel Hoog.

Les expulsions de journalistes se multiplient par ailleurs au Yemen, avec l’expulsion de deux journalistes d’Al-Jazeera, Ahmed Zidan et Abdulhaq Saddah, au lendemain de la tuerie sur la place du Changement à Sanaa qui a fait 52 morts, dont un photographe du quotidient indépendant Al Masdar, Jamal Al-Saharabi. Quelques jours plus tôt, six journalistes étrangers avaient été expulsés du pays.

En Syrie, de nombreuses agences de presse internationales ont été empêchées de couvrir les manifestations organisées depuis le 18 mars dernier dans la ville de Deraa (sud de Damas, près de la frontière jordanienne), violemment réprimées par les forces de l’ordre.
RSF annonce par ailleurs l’arrestation, dans la nuit du 18 au 19 mars 2011, du journaliste, poète et romancier, Mohammed Dibo. Deux jours plus tôt, Mazen Darwich, fondateur du Centre syrien pour la liberté d’expression et les médias, avait été interpellé pendant quelques heures alors qu’il assistait à un sit-in pacifique devant le ministère de l’Intérieur, à Damas, en qualité d’observateur

A Bahreïn, alors que la répression continue de s’abattre sur les militants des droits de l’homme, le blogueur Ali Abdulemam, libéré le 22 février 2011 après plusieurs mois de détention, a été de nouveau arrêté le 17 mars. Libéré, il est aujourd’hui contraint de se cacher pour éviter une nouvelle arrestation. Abdeljalil Al-Singace, blogueur, porte-parole et directeur du bureau des droits de l’homme du mouvement Al Haq pour les libertés civiles et la démocratie, aurait également été arrêté le 17 mars dernier.

La journaliste de CBS, Toula Vlahou, a été visée, le 19 mars, par les forces anti-émeutes alors qu’elle était en voiture avec un collègue. Le 20 mars, le directeur du Centre du Bahreïn pour les droits de l’homme, Nabeel Rajab, a été enlevé par une quarantaine d’individus qui s’étaient introduits à son domicile. Menacé et frappé, il a été relâché plusieurs heures plus tard. Nabeel Rajab avait dénoncé, auprès des médias internationaux, la répression qui sévit dans le pays et dénoncé les “massacres” commis par les forces armées.

(sources RSF & AFP)

Plus d’informations et liens sur le site de RSF : www.rsf.org


 

 

 

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