Dans la presse ce week-end

L’effet d’une bombe (07 mars 2011)

Samedi, Nord Eclair lance le débat en Une : « Faut-il plus sécuriser la Deûle ? » Cette question fait évidemment écho à la mort par noyade, ces derniers mois, de John Ani, Thomas Ducroo et Jean-Mériadec Le Tarnec. On le sait, leurs proches, comme de nombreux anonymes, ne croient pas à la thèse de l’accident... Ce dimanche, 800 personnes se sont retrouvées, place de l’Esplanade, à Lille, pour une marche silencieuse, en hommage aux victimes. Cela a donné l’occasion d’évoquer « la pétition électronique lancée mercredi dernier pour réclamer des aménagements de sécurité le long des berges de la Deûle » (Voix du Nord et Nord Eclair de samedi).

(Photo : Club de la presse Nord - Pas de Calais)

Samedi, Bruno Renoul (Nord Eclair) note que, l’an dernier, « 15 personnes se sont noyées dans l’ensemble des canaux de la région, dont 7 dans la Deûle. Depuis le début de l’année, on est déjà à 4 dans la Deûle et 7 dans la région ». Sur les solutions techniques, il a interrogé Christian Decocq, chef de file de l’opposition UMP au conseil municipal de Lille, et Roger Vicot, adjoint à la sécurité. Le premier concède qu’on « ne peut protéger des kilomètres et des kilomètres de quais, même en centre ville. Mais ça n’exclut pas que sur certains endroits dangereux, on installe des protections spécifiques ». Pour sa part, Roger Vicot estime que « le barriérage est très difficile » mais il n’exclut pas la pose d’échelles. L’adjoint à la sécurité revient surtout sur l’alcool qui, selon l’enquête, serait le point commun entre les trois étudiants qui se sont noyés. Il en appelle donc à la prévention et évoque « la responsabilité de ceux qui s’enivrent » comme « celle des exploitants ». Il annonce d’ores et déjà que les contrôles vont s’intensifier. Dans la Voix de ce lundi, on lira que, suite à la marche d’hier, Roger Vicot s’insurge contre les termes de la pétition en ligne qui fait allusion aux « préparatifs électoraux » de la ville de Lille.

Reste que samedi, l’actualité des quotidiens n’était pas particulièrement riche. Bruno Vouters se fendait d’un « temps fort », dans La Voix du Nord, pour s’interroger sur le livre de Karine Berger et Valérie Rabault : « Les trente glorieuses sont devant nous ». Un livre et des auteures qui, s’étonne Bruno Vouters, « ont eu droit à une double page dans la presse parisienne et un plateau télévisé national ». Nous l’avons compris, le rédacteur en chef adjoint de La Voix ne croit pas à «  un virage prodigieux opéré au lendemain de l’élection présidentielle, avec un « business plan génial », comme le prédit ce livre. Il propose au contraire d’oublier « le glorieux cliché » (celui des « trente glorieuses » d’après guerre) pour regarder « un vrai avenir à construire, un rêve humain  ». « (…) Affirmer que les « trente glorieuses » sont devant nous, c’est vraiment prendre les gens pour des attardés. Surtout les jeunes générations qui vont endosser ce que les enfants gâtés des « glorieuses » n’ont pas assumé », juge-t-il. Qu’on se le dise.

A part cela, toujours samedi, La Voix nous apprend que Dominique Riquet, le maire de Valenciennes et vice-président de la commission transports au Parlement européen « reste optimiste sur le démarrage du Canal Seine Nord ». S’il reconnaît un retard à l’allumage (qui va faire perdre 46 millions d’euros de subventions européennes !), il « espère toujours sa livraison pour 2016 ». Le quotidien de la place De Gaulle consacre d’autre part deux pages au premier salon du chocolat qui s’est tenu ce week-end à Lille et en profite pour se pencher sur le talent des chocolatiers régionaux. En politique, « Les socialistes nordistes détaillent leur programme sous le double signe de la protection et de la proximité », explique Dominique Serra. Il précise que « les candidats socialistes aux cantonales ont présenté [vendredi] leur programme calé sur un double calendrier : 2014 pour le prochain mandat mais aussi 2020 pour élargir l’horizon  ». Sur le même sujet, Sébastien Leroy, dans Nord Eclair, relève que le premier secrétaire fédéral, Gilles Pargneaux, n’a pas manqué de cogner sur « une droite qui se cache dans beaucoup de cantons [certains effaçant toute mention à l’UMP afin de ne pas passer pour les sarkozystes de service] et sur un FN mystificateur avec des candidats qui mettent en avant leur appartenance à une icône nationale, mais sans aucune proposition ».

Le lecteur de quotidiens en était donc là, samedi. Celui de Nord Eclair avait également droit à une interview double-page d’Antony Roux, l’un des trois fondateurs de l’entreprise roubaisienne Ankama (jeux vidéo, BD, dessins animés…), et à une page d’interview de Joan Baez, recueillie par Patrice Demailly et Matthieu Millecamps. Inutile de réserver pour son concert au Nouveau Siècle du 26 mars. C’est complet. Alors, il reste cet entretien où l’inoubliable interprète de « Here’s to you » s’affiche en déçue d’Obama. « Nous sommes dans le pire scénario que j’avais imaginé, confie celle qui avait soutenu sa candidature. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Je pense que c’est le fait de rencontrer les militaires tous les matins avant le petit déjeuner. Et puis, il y a la violence des attaques de la droite. » Elle s’en prend particulièrement au Tea Party, le mouvement ultra conservateur américain. « Ces gens ne veulent pas d’un Noir dans le Bureau ovale ».dit-elle.

A part cela, tout était tranquille. Tandis qu’à Dunkerque les Masquelours se préparaient pour le bal du Chat noir et s’apprêtaient à entrer dans les « trois joyeuses » du carnaval, tandis que les lecteurs de Liberté Hebdo savouraient la chronique de Jérôme Leroy et l’édito de Mathieu Hébert qui ironisent sur les « bienfaits » du sarkozisme (« il se bouge notre président, qui veut nous protéger du froid, de la pauvreté et du terrorisme », se gausse Mathieu Hébert avant de rappeler que « ce président est toujours celui de 2007 »), tandis que d’autres se délassaient sur les grilles fléchées de Version Fémina… la bombe a explosé. Comme ça. Sans prévenir. Sans autre alerte préalable.

La bombe a explosé.

Tout commence par cette dépêche de l’AFP : « Marine Le Pen en tête au 1er tour, Sarkozy et PS au coude à coude ». On veut d’abord croire à une blague de carnavaleux qui aurait fait chapelle avant l’heure. Mais non. Il s’agit bien de l’élection présidentielle. Enfin, des résultats d’un sondage Harris Interactive réalisé pour le Parisien et qui attribuent 23% d’intentions de vote à Marine Le Pen pour le premier tour (21% pour Nicolas Sarkozy et Martine Aubry). En fait, si. Il y avait eu une alerte à la bombe. « Depuis plusieurs semaines, rappelle l’AFP, des voix à droite comme à gauche mettent en avant le risque d’une réédition du 21 avril 2002, où Lionel Jospin avait été éliminé au premier tour, laissant Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen s’affronter au second ».

Le lendemain, dimanche, les quotidiens de la région commentent l’information et livrent les réactions de la principale intéressée, qui se trouvait précisément à Lille samedi, pour soutenir les candidats du FN aux cantonales. Marine Le Pen « prend ce sondage avec beaucoup de recul et sans jubilation apparente », écrit Dominique Serra dans La Voix. Cela ne l’a pas empêchée de « s’auto congratuler », voyant dans ce sondage, « les prémices d’un réveil du peuple français », souligne pour sa part Matthieu Millecamps, dans Nord Eclair.

Que faut-il retenir de ce sondage, qu’en pensent les éditorialistes ? Patrick Pépin, pour Nord Eclair, s’exclame comme nous : «  non ce n’est pas une blague ! » Il en appelle à l’Histoire. Celle «  déjà longue, de la Vème République  ».

Ph.A.


 

 

 

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