Dans la presse ce week-end :

L’Egypte, l’Algérie, Florence Cassez, le poker et la 4L (14 février 2011)

La presse de ce week-end revient abondamment sur le départ de Moubarak, en Egypte et s’interroge sur l’effet tâche d’huile que pourraient produire, sur l’ensemble du monde arabe, les récents bouleversements en Tunisie et en Egypte. On retiendra par exemple cette Une de France Soir qui montre les photos, rayée d’une croix rouge, de Ben Ali et de Moubarak et celles, avec un point d’interrogation, de Mohamed VI au Maroc et de Bouteflika en Algérie. « A qui le tour ? » interroge le quotidien.

En Algérie, précisément, des milliers de policiers (le quotidien algérien El Watan avance le chiffre de 30 000) étaient sur le pied de guerre pour empêcher la manifestation de samedi. « La Voix du Nord » de ce dimanche 13 février évoque 2000 personnes qui ont tenté de manifester à Alger à l’appel de la Coordination nationale pour la démocratie et le changement (la CNCD, créée fin janvier et qui rassemble des partis d’opposition, des syndicats, des associations et des organisations comme la Ligue algérienne pour les droits de l’homme – ndlr). Le quotidien évoque des interpellations musclées et des échauffourées. Il signale aussi la mobilisation à Oran qui a réunit 400 personnes et s’est achevée « par une trentaine d’interpellations, selon des témoins ».

Le cas algérien

Dans El Watan de ce lundi matin, on apprend que la coordination n’a pas l’intention d’en rester là. Sur une proposition du président d’honneur de la LADDH (Ligue des droits de l’homme), Ali Yahia Abdennour, une autre manifestation est prévue samedi prochain, 19 février et un rassemblement aura lieu chaque samedi à Alger. M Abdennour (90 ans) « a été malmené ce samedi par les forces de l’ordre  », souligne La Voix. Mais concernant l’Algérie, il faut relever une très intéressante interview d’Adlène Meddi, rédacteur en chef « d’El Watan week-end » et recueillie par Magali Ghu de Nord Eclair (samedi 12). Selon le journaliste algérien, l’Algérie ne devrait pas reproduire les modèles tunisiens et égyptiens. Pourquoi ? « Parce que la distribution du pouvoir, même autoritaire, est beaucoup plus horizontal et compliqué ici, dit-il. Le pouvoir algérien est fait de réseaux vastes et opaques. Ce n’est pas une personne, une famille ou un clan comme en Eypte ou en Tunisie (…) Hormis au sein de quelques mouvements intellectuels, il n’y a pas de fixation sur un départ de Bouteflika ». Le journaliste ajoute une autre raison, qui avait déjà été évoquée des deniers jours : « le traumatisme des années 1990 et à la violence de cette décennie ». un traumatisme qui « n’a pas été soigné  ». Le titre de Nord Eclair est éloquent, et particulièrement pessimiste : « Un peuple fatigué et réticent aux grands chamboulements ».

Faible mobilisation à Lille

A Lille, en tout cas, on ne retrouve pas le souffle militant des années 90, lorsqu’il s’agissait de se mobiliser contre l’islamisme. Samedi, lit-on dans « La Voix » et « Nord Eclair », 30 à 40 personnes se sont rassemblées devant le consulat algérien. Dimanche, ils étaient 150 à Wazemmes. Et ils ont dû faire face à des partisans de Bouteflika ("Nord Eclair" de ce lundi). Heureusement, estime l’un des manifestants, « ce n’est pas à Lille que les choses se décident pour l’Algérie ».

Une « erreur fondamentale » pour Israël

Mais, pour en revenir à l’Egypte et à l’après-Moubarak, la "Voix du Nord" estime que la chute de ce dernier « semble fragiliser un peu plus l’Union pour la Méditerranée , le grand projet de Nicolas Sarkozy pour la région que le raïs coprésidait avec la France, et qui a déjà été déjà mis à mal par l’impasse du processus de paix israélo-palestinien ». "La Voix" (Dimanche) s’interroge également sur les craintes d’Israël pour qui l’éviction de Moubarak risque désormais de «  créer un vide dangereux ». L’ombre des Frères musulmans apparaît décidément bien menaçante pour les dirigeants israéliens qui « ont eu le réflexe de se tourner vers les Etats-Unis malgré les critiques suscitées par l’attitude de Barak Obama, accusé par les médias d’avoir lâché Hosni Moubarak, un allié de toujours des Américains  ».

Samedi, « Nord Eclair », qui consacre sa une à « La fin de Moubarak » affiche une opinion différente. « Ce n’est pas une révolte qui s’est achevée, mais bel et bien une révolution qui a commencé », écrit Patrick Pépin dans son éditorial. S’agissant d’Israël, « L’état hébreu fait probablement une erreur fondamentale en ne se rendant pas compte que la négociation est toujours de meilleure qualité avec des états démocratiques qu’avec des dictatures. Ce sera complexe et difficile mais pas forcément guerrier ». Et l’éditorialiste de conclure : Jusqu’à il y a peu, le seul et unique ciment du monde arabo-musulman, hors la religion, était la question palestinienne. Aujourd’hui, ce peut être la démocratie en marche qui fédère les énergies de cette partie du monde. » Pour lui, « la chute de Moubarak peut être comparable et aussi salutaire que la chute du mur de Berlin ». Patrick Pépin nous invite à « ne pas bouder notre plaisir. »

Le combat de Florence Cassez

Parmi les autres titres développés par la presse régionale de samedi et dimanche, le rejet du recours de Florence Cassez, au Mexique, est à la une des quotidiens de samedi. «  Florence Cassez : ce n’est pas fini !  » titre "La Voix" qui propose une chronologie des faits depuis 2003 et sur la crise que la décision des juges mexicains risque de provoquer avec la France. La ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie parle d’un « déni de justice ». A Lille, Martine Aubry a pris la décision d’annuler l’exposition « Drôles d’estampes » organisée dans le cadre de l’année du Mexique en France. Pour « Nord Eclair », "le combat continue". Il titre sur la réaction de Florence Cassez : « Ils ont gagné une bataille, pas la guerre ! »

Dimanche enfin, La Voix s’intéresse au poker et revient, sur deux pages, sur « l’étape lilloise du championnat de France de poker  » qui s’est déroulée à Lille ce week-end. « ils étaient des milliers de candidats pou les 500 places », note-t-elle en expliquant qu’ « Internet a révolutionné le jeu  ».

« Nord Eclair » de dimanche préfère titrer sur l’anniversaire de la 4L , le modèle de Renault sorti en 1961 et qui, comme la 2CV ou la Coccinelle, « pourrait à son tour devenir une voiture mythique  ». On ne lira pas cependant pas sans intérêt la double page consacrée par le quotidien transfrontalier à janvier 44, quand des Tsiganes sont partis pour Auschwitz. Une page d’histoire rappelée par Florence Traullé.

Philippe Allienne


 

 

 

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