Dans la presse dominicale :

L’islam, la laïcité, la présidentielle, la logique financière (04 avril 2011)

Le débat sur la laïcité de mardi ? Un leurre qui masque une volonté de disqualifier l’islam et la communauté musulmane, semble dire Nord Eclair. Les cantonales refermées, les regards se tournent vers la présidentielle et les législatives de 2012. S’il restait la santé ! Mais le service public va mal. Très mal, écrit Liberté Hebdo. Mais quand même, bon anniversaire à La Voix du Nord !

Ce dimanche, Nord Eclair vise juste en titrant sur LE dossier national de la semaine : « Islam : le débat qui dérange ». On doit à Florence Traullé et à Bérangère Barret un dossier de trois pages sur la question. Notons d’abord ce petit encadré technique sur le déroulement du débat organisé demain mardi par l’UMP à l’hôtel parisien Pulmann Montparnasse. « Vendredi, au siège parisien de l’UMP, le flou régnait encore sur le contenu précis du débat », lit-on dans cet encadré ! On savait simplement que Jean-François Copé ouvrira et fermera en personne la journée. Entre deux, il y aura une table ronde sur « la laïcité, un modèle français ». Et puis une seconde table ronde, mais dont le thème n’était « pas encore calé » ( !!). Selon le service de presse de l’UMP, elle porterait sur « L’islam, en fait » ( !!!) et Nord Eclair de préciser, malicieusement : « Pour qui n’aurait pas compris qu’au-delà de la laïcité, c’est bien d’islam que l’UMP veut parler ». Nous y voilà.

Ethnicisation

Florence Traullé est allée à la rencontre de musulmans qui vivent dans la région et a recueilli de nombreuses réactions à l’initiative maintenue coûte que coûte par Nicolas Sarkozy. Comme celle de la présidente de Union for Palestine. Celle-ci a même écrit à Jean-François Copé : « Vous parlez des étrangers comme s’ils étaient un mal, alors que les richesses des pays viennent d’eux à travers la diversité », s’indigne-t-elle. La journaliste de Nord Eclair a également interrogé le sénateur UMP Jean-René Lecerf qui, « très réticent », dénonce « un débat mal posé » et un « mauvais calendrier ». Quant au recteur de la mosquée de Lille Sud et président du Conseil régional du culte musulman, Amar Lasfar, il décèle dans cette initiative une « manière de courir derrière le FN ». Au passage, il indique avoir vu Jean-François Copé qui lui aurait assuré que « ce ne serait pas un débat tourné vers l’islam ». cherchez l’erreur (dans l’encadré de Nord Eclair, par exemple).

Toujours dans ce dossier, Bérangère Barret a pris l’avis de Leïla Babès. Sociologue des religions et professeur à l’université catholique de Lille, celle-ci trouve l’idée navrante. Pour elle, « il n’y a a pas lieu de mener aujourd’hui un débat sur la laïcité. (…) La laïcité est là, les lois existent » rappelle-t-elle en soulignant qu’elle avait approuvé celle sur la burqa. Elle dénonce une « façon de donner un sens au discours de stigmatisation d’une population. Musulman, dit-elle, c’est une façon de ne pas dire arabe. On ethnicise une population. Tout un ensemble qui amène au racisme anti-musulman et anti-arabe ».

La Voix a 70 ans

Dimanche, les préoccupations de La Voix du Nord étaient ailleurs. Le quotidien se félicite, sur deux pages, de l’inauguration officielle d’un espace-mémoire, au musée de la Résistance du fort de Bondues, consacré à la Voix du Nord clandestine. Celle-ci avait vu le jour en avril 1941. C’est ce journal résistant (qui a produit 66 numéros jusqu’au 5 septembre 1944, date du premier numéro de la Voix du Nord libre) qui donne aujourd’hui son âge au quotidien que nous connaissons : 70 ans. Bon anniversaire ! Effusions et fusion riment parfois.

Les éditos

Chacun à leur façon, les éditos de Nord Eclair et de La Voix reviennent sur les élections cantonales et sur la perspective de la présidentielle. Patrick Pépin, pour Nord Eclair, analyse la candidature de François Hollande à l’élection présidentielle en passant par la primaire socialiste. Une candidature qui fait suite à sa victoire de la semaine dernière. « Normal » commence l’éditorialiste. Et il décline le mot jusqu’à plus soif : « par normal, on peut entendre classique (par la formation HEC, Sciences Po, Ena), logique (par l’attitude face à la primaire), évident (et là, Patrick Pépin évoque le vide laissé à gauche par la candidature virtuelle de DSK), cohérent (l’alternance politique). » L’édito poursuit encore en rappelant que « Hollande est somme toute assez banal » et qu’on peut le considérer « so french ». Ouf ! N’en jetez-plus. Ah si, il restait à trouver un titre : « De quel adjectif François Hollande est-il le nom ». Ah ! Si les auteurs d’expressions originales percevaient systématiquement des droits… Ce serait … normal.

Dans sa chronique dominicale (oui, il s’agit en fait d’une chronique), Jean-Michel Bretonnier se dit persuadé qu’en 2012, « la politique va reprendre ses droits » et que « la participation remontera en flèche ». Pour lui, « les cantonales n’étaient importantes que pour les partis, les candidats et leurs familles ». Il propose une explication sur la faible mobilisation des électeurs aux cantonales. Il estime que les abstentionnistes ont « montré le peu de cas qu’ils font de la classe politique et de ses invitations. »

Posant le principe que « la grande majorité de ceux qui ont voté l’ont fait « contre » et non « pour », il développe sa théorie. « Les Français ont un petit problème avec la réalité, écrit Jean-Michel Bretonnier. Quand elle ne leur convient pas, ils la nient, et quand elle leur convient c’est qu’ils l’on rêvée. Dans les périodes fastes, ce rêve produit les Lumières, ou une certaine idée de la France. Dans les autres périodes, plus nombreuses, ce déni de réalité nous plonge dans une mélancolie que seules les révolutions parviennent à secouer ». Méditions, méditons…

Finalement, que demande le peuple ? La santé, par exemple. Dans son édition de vendredi 1 avril, Liberté Hebdo s’intéresse au service public de santé de proximité. Un service qui fait l’objet, indique l’hebdomadaire, d’un « démantèlement orchestré. C’est pour cela que 150 associations, syndicats et partis politiques appelaient à manifester, samedi à Lille. Dans son édito, Ludovic Finez s’en prend à la loi de la rentabilité. La logique financière, c’est par exemple « sept lits en moins et dix postes d’aide-soignantes supprimés, à la maternité de Lens comme dans beaucoup d’hôpitaux publics à travers le pays », écrit-il.

« Alors, rentable pour qui ? » s’interroge le journaliste. Et d’ironiser : « Réserver aux hôpitaux privés les interventions les plus lucratives, c’est rentable pour la générale de santé ». Ou encore, « faire payer 190 euros de « stages de prérentrée au lycée » de dix heures, c’est rentable pour Acadomia. ».

Que demande le peuple. Qu’on ne se fiche pas de lui.

Philippe Allienne


 

 

 

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