Les Mardis de l’Info

La presse d’opinion, à quoi ça sert ?

Le Club de la Presse s’interrogeait sur le rôle de la presse d’opinion et son avenir, lors d’un Mardi de l’info, le 9 septembre. Morceaux choisis.

Thomas Levivier (Croix du Nord) et Pascal Percq (Témoignage chrétien) face à Franck Jakubek (Liberté Hebdo), au premier plan, lors du débat du Club de la Presse, le 9 septembre à Hellemmes (Photo MH - Liberté).

Née de l’engagement de citoyens ou d’organisations, la presse d’opinion s’appuie dans la région sur Liberté Hebdo et l’hebdomadaire chrétien Croix du Nord. Dans une singulière convergence des luttes, côte à côte, « cathos et cocos » ont débattu de l’avenir de la presse d’opinion. C’était mardi 9 septembre, à l’initiative d’une rencontre organisée par le Club de la Presse, dans les locaux de l’Espace Marx à Hellemmes.

Autour de la table, des représentants de Témoignage chrétien, Croix du Nord, et Liberté Hebdo. « Cocos ou cathos, on partage une certaine vision de l’homme, un certain optimisme face à la résignation », avance Thomas Levivier, rédacteur en chef de Croix du Nord. Et Franck Jakubek, actuel directeur de Liberté Hebdo, d’ajouter : « Même "Gala" a une opinion. Nous, nous essayons de convaincre ».

Mais voilà, « le seul capital sur lequel on peut compter, c’est le capital humain », rappelle Jean-Louis Bouzin, de Liberté Hebdo. « Qui dit presse d’opinion dit militants. Or les militants vieillissent », ajoute Pascal Percq, ancien journaliste de Nord éclair, désormais impliqué dans la société des lecteurs et dans le conseil d’administration de Témoignage chrétien.

Un nouveau modèle économique

Des idées pour un nouveau modèle économique ? Le cas de Témoignage chrétien intéresse l’équipe de Liberté. « Le journal a failli disparaître », rappelle Pascal Percq. Après un plan drastique de réduction d’effectif en 2012, le titre n’emploie plus que cinq journalistes, qui conçoivent à la fois une lettre d’info hebdomadaire, réalisent un mensuel aux sujets plus fouillés, tout en réagissant à l’actu chaude grâce au site internet. «  Il y a de tout dans la presse : des succédanés d’information avec les gratuits, qui ne répètent que ce qu’on entend partout ; et des magazines qui proposent des articles de plus de dix pages, comme XXI, au succès grandissant », note Pascal Percq. « C’est la preuve que le public a besoin de lire, d’analyser les choses posément ».

Dans la région, souligne Thomas Levivier, ces titres tentent « de porter une autre voix, à côté de la Voix du Nord », quand la presse quotidienne, faisant grands cas du fait-divers, «  est anxiogène (et) renforce la peur de l’autre », estime Pascal Percq. «  Notre but n’est pas de diviser, mais de rassembler, de porter des espérances », répond Franck Jakubek.

« L’opinion est plurielle »

Et si la presse d’opinion disparaissait ? Quand le libéralisme semble faire consensus, à quoi bon porter une voix différente ? « La presse d’opinion, c’est le droit d’ouvrir sa gueule », résume Pascal Percq. Sans média engagé, qui pour relayer le combat du terrain ? Jean-Louis Bouzin, à l’origine de la renaissance de Liberté en 1992, se souvient de la disparition du quotidien. «  Les Dockers dunkerquois étaient en lutte. Avec la fin de Liberté, du jour au lendemain, plus personne n’en parlait », rappelle-t-il. « Sans journaux comme Liberté, on aura le droit aux mêmes infos, aux mêmes experts. Mais je n’y crois pas : l’opinion est plurielle ».

Pascal Percq aussi en est convaincu : il reste un espace pour la presse d’opinion, « parce que la presse généraliste a abandonné le pluralisme des contenus ».

Mathieu HEBERT

 

 


 

 

 

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