La valse du pouvoir a débuté à La Voix du Nord. Deux informations de taille ont été publiées à ce sujet dans ses propres colonnes. Le 21 septembre, on apprend ainsi que la Socpresse (ex-groupe Hersant) détient « plus de 50% » de Voix du Nord Investissement (VNI, holding qui chapeaute La Voix du Nord et ses filiales) et que la participation du groupe belge Rossel (éditeur notamment du Soir de Bruxelles) passe à « plus de 25 % ». Les participations exactes dans VNI sont désormais, selon le Syndicat National des Journalistes (SNJ) : Socpresse, 45,1% ; groupe Rossel, 22,6%, CamNord (filiale du Crédit Agricole), 16,9% ; Jean-Louis Prévost (Pdg de La Voix du Nord), 10%. Le reste (5,4%) étant divisé en divers petits actionnaires. Dans ce décompte, il manque encore 4,9% pour la Socpresse, par rapport aux chiffres annoncés le 21 septembre. Simple ajustement d’opportunité, sans doute ?
Jusqu’alors, Rossel possédait 75% du quotidien lillois. Officiellement l’ex- groupe Hersant n’apparaissait pas, sauf à savoir que la Socpresse possède 40% de Rossel et que son patron, Yves de Chaisemartin, avait été désigné comme administrateur général, chargé de La Voix du Nord. Mais tout le monde savait bien qui gouvernait en réalité. Les choses sont désormais claires et dans les communiqués, le nom de Jean-Louis Prévost n’apparaît plus en toutes lettres ! Le 1er octobre, nouveau coup de tonnerre : La Voix du Nord écrit que « Michel Nozière est nommé président de VNI ». Michel Nozière, ancien Pdg de Nord Eclair, est devenu un dirigeant écouté du groupe Hersant. Il a dû faire face, pendant des années à « l’ogre » Voix du Nord, pour défendre les intérêts du « petit Poucet » de Roubaix : blocage des prix, offensive sur la publicité locale, débauchage de vendeurs, porteurs et lecteurs… Ce combat pas toujours loyal s’est terminé par une fusion technique et financière. Mais le gagnant n’est peut-être pas celui qu’on croit. C’est même devenu un sujet de blague chez les journalistes : « En fait c’est Nord Eclair qui absorbe la Voix du Nord ! »
Celui qui voulait faire reculer Diligent
Autre changement annoncé le 1er octobre : Jean Houcke, Pdg de VNI, est admis à l’honorariat. Chef du bureau d’Hazebrouck de La Voix du Nord pendant de longues années, ce journaliste, fils du député du Nord Jules Houcke, a été président du Comité Départemental de Libération et un des responsables du mouvement de Résistance Voix du Nord. On lui prête les propos suivants lorsqu’André Diligent envisageait de se présenter à la députation dans les Flandres, avant d’être élu à Roubaix : « J’y mettrai dans la balance ma carrière, ma réputation, ma fortune, mais jamais il ne sera élu ici. »
De son côté, Michel Nozière a fait une large part de sa carrière à Nord Eclair. Son père, mécanicien linotypiste au Journal de Roubaix, devient directeur technique de Nord Eclair bien avant de partir en retraite. Docteur en informatique et enseignant à l’Université, Michel Nozière est le « poulain » d’André Defrance, qui, avant de devenir lui-même directeur général puis Pdg de Nord Eclair, a été le conseiller de Jacques Demey, propriétaire du Journal de Roubaix puis de Nord Eclair. Le nouveau président de VNI a mis en place l’informatique à Nord Eclair et succèdé à André Defrance. Entré dans l’état-major du groupe Hersant, il est devenu un proche de Philippe Hersant, PDG de France Antilles. Michel Nozière devient ensuite Pdg des Dernières Nouvelles d’Alsace, avant de passer à Ouest France, puis réintègre le groupe Hersant et Le Progrès, dont il vient d’être nommé président du groupe, qui contrôle aussi Le Dauphiné Libéré. Il est désormais « l’œil » d’Yves de Chaisemartin au sein du groupe Voix du Nord.
Claude VINCENT
