Déjà en janvier 2015, la majorité municipale publiait une tribune sur « Les méthodes peu journalistiques de La Voix du Nord » dans le journal municipal « Hénin-Beaumont c’est vous ! ». Deux mois plus tard, un article intitulé « Jusqu’où descendra La Voix du Nord dans la désinformation ? » y paraissait. Dans le dernier numéro paru ce mois ci, sous le titre « L’étrange soirée de l’opposition à l’agence de la Voix du Nord », le Maire et son équipe reprochent aux journalistes, nommément cités, d’avoir reçu longuement dans l’agence les élus d’opposition.
Le quotidien, par la plume de son rédacteur en chef adjoint Benoît Deseure, a décidé d’y répondre dans un édito publié le 18 janvier « pour corriger mensonges et détournements ». Oui, les élus d’opposition ont bien été reçus, durant une heure, à l’agence locale de la Voix « pour évoquer le contenu du conseil municipal qui s’était tenu le matin même ». Rien d’anormal à cela, puisque « chaque jour, de Dunkerque à Maubeuge, des élus, des responsables associatifs, des délégués syndicaux pénètrent dans [les locaux de la rédaction] pour rencontrer des journalistes. » Y compris Marine Le Pen qui a été reçue par la Voix du Nord lors des municipales de 2014.
Dans l’article, le journal d’Hénin-Beaumont évoque « de façon certaine un pacte entre les élus d’opposition et [...] La Voix du nord » ainsi que les « collusions » et les « accointances » du journal avec la mairie carvinoise, sur fond de concurrence de marchés de Noël. Pour preuve de ces allégations, le FN se base sur une vidéo tournée à la fin du conseil municipal montrant une discussion entre une journaliste et les élus d’opposition. Que du très normal pour Benoît Deseure : « Dans toutes les villes de la région, les journalistes qui assistent aux conseils municipaux discutent avec les élus, des majorités comme des oppositions. Dans certaines villes, nous voyons même parfois le maire ou un adjoint quelques heures auparavant pour faire le point sur certains dossiers. Nous l’avons fait à plusieurs reprises à Hénin-Beaumont ». Il reproche aux partisans de Marine Le Pen d’avoir « filmé, à leur insu et de loin, des personnes à la fin du conseil municipal pour en tirer des conclusions sans fondement » et pose la question « Est-on encore libre de parler à qui l’on veut à Hénin-Beaumont ? »
Quant à l’accusation d’avoir favorisé le marché de Noël de Carvin au détriment de celui d’Hénin-Beaumont, le rédacteur en chef adjoint la trouve risible : « le marché carvinois a changé de formule cette année, et cela a donné lieu à une conférence de presse, où nous étions. À Hénin, en revanche, aucune communication, information, invitation ne nous est parvenue. Ce qui ne nous a pas empêchés de couvrir comme il se doit l’événement. »
Benoît Deseure le reconnaît, il n’y a pas qu’à Hénin-Beaumont que les relations entre les journalistes et les nouvelles équipes municipales sont compliquées. Il cite les exemples de Douai (PS), Dunkerque (divers gauche), Hénin-Beaumont (FN), Béthune (UDI), Roubaix (UMP), et Tourcoing (UMP). Si cette fois la rédaction en chef du quotidien s’est sentie obligée d’intervenir officiellement, c’est que « certaines digues intellectuelles et morales ont été franchies » avec des journalistes nommément insultés. « Sur le web, certains vont plus loin dans la brutalité, la vulgarité, le mauvais goût ... »
