Le Phare Dunkerquois-Le Journal des Flandres : la presse hyper-locale du littoral

, par Faouzia

Deux titres, mais une seule équipe de rédaction : Rémi Foulon, rédacteur en chef et Baptiste Lamps, rédacteur en chef adjoint ont été les invités du Club de la presse Hauts-de-France le 24 mai pour une présentation du Phare Dunkerquois et du Journal des Flandres, deux hebdomadaires du groupe Nord Littoral.

Le rédacteur en chef entame la rencontre par une note positive « Les deux titres vont bien, surtout le Phare Dunkerquois qui a trouvé sa formule. Le Journal des Flandres espère mieux faire en terme de contenu » affirme t-il. En moyenne le Phare Dunkerquois se vend à 6000 exemplaires, le Journal des Flandres à 4000 exemplaires. Des chiffres qui montrent la réussite du pari qu’a été le lancement de l’hebdomadaire de la cité de Jean Bart en 2002, profitant d’un territoire essentiellement urbain qui facilite la diffusion et la visibilité. Le Journal des Flandres, dont l’histoire a commencée en 1854, la modernisation de la formule est moins évidente pour s’adapter à un territoire beaucoup plus étendu et plus rural, allant de Hazebrouck à Worhmout. Pour produire deux journaux aux contenus différenciés, les deux titres peuvent compter sur une jeune rédaction de sept journalistes. « Il faut être multitâche aujourd’hui, s’adapter très vite, notamment en ajoutant la vidéo à la rédaction des articles » souligne le rédacteur en chef.

Une réflexion globale pour séduire le lecteur

Pour expliquer ces résultats, Rémi Foulon et Baptiste Lamps mettent en avant une vision rationnelle, se basant sur des études de lectorat, le suivi des chiffres de ventes et les audiences en ligne… « Notre objectif ce n’est pas seulement de fidéliser, mais également d’aller chercher les lecteurs volatils qui achètent de temps en temps. » précisent-t-ils.

Premier élément visible de cette stratégie : la maquette. Inspirée de celle utilisée par le Courrier Picard, les deux titres font partie du Groupe Voix du Nord, elle a été choisie pour séduire le lecteur. La Une est très visuelle et met en avant les photos pour inciter à consulter le journal. « Le traitement de l’information dépend de la maquette » ajoute Rémi Foulon. À l’intérieur des articles courts (pas plus de 2500 signes) proposant plusieurs entrées de lecture et toujours illustrés par une photo.

Pour le contenu, des choix tranchés ont été faits pour être au plus proche des préoccupations des lecteurs. La rédaction ne traite plus la vie associative, dont les pages étaient peu consultées, et limite la place de la rubrique sport, lue par seulement 20 % des lecteurs. Idem pour l’industrie : les Unes consacrées au Port et aux grandes entreprises font partie de celles qui ont le moins bien fonctionné, « ce n’est plus ce qu’attend le public. La population n’a pas conscience de l’importance du port et de ses enjeux » conclu Baptiste Lamps.

Le rendez-vous des municipales

Pour tirer parti du rythme de parution hebdomadaire, les journalistes sont dans une logique d’anticipation : « on veut créer l’événement, pas le subir ». Le traitement des municipales, enjeu crucial pour deux titres d’« hyper locale », en est un bon exemple. Un premier supplément de 8 pages a été lancé à un an du scrutin, il sera complété par des dossiers mensuels. « Les élections, c’est notre rendez-vous » confirme le rédacteur en chef qui veut « faire bouger les lignes, attirer un maximum de lecteurs ». Pour ne pas subir « le timing des élus », la rédaction a pris les devants. Le numéro du 22 mai du Phare Dunkerquois consacrait, par exemple, quatre pages aux candidats des villes de Grand-Fort Philippe, Grande-Synthe, Fort-Mardyck, Téteghem et Craywick.

Au contact de la population

Au quotidien, comment travaillent les journalistes de la rédaction ? « Beaucoup de terrain et le développement d’un réseau pour ne pas courir après l’actu » répond le rédacteur en chef-adjoint. Des initiatives pour aller à la rencontre des lecteurs ont également été mises en place. En s’inspirant d’une idée de Nord Littoral, la conférence de rédaction se délocalise une fois par semaine dans un Café d’une des villes de son secteur. Ce rendez-vous ouvert à tous, lancé il y a un an, est l’occasion pour les journalistes de rencontrer des lecteurs et des habitants, d’entendre leurs avis sur les journaux et de trouver des idées de sujets.
Dans le même esprit, une « rédaction mobile » aménagée dans un camion portant les couleurs des deux journaux, permet aux journalistes de travailler en direct des événements. Un exercice chronophage, mais qui permet lui aussi d’être au contact de la population et d’assurer une bonne visibilité.

Le web et les réseaux-sociaux, incontournables pour élargir le lectorat

Comment vont évoluer les deux titres ? La réflexion sur le contenu se fait à court terme, « Six mois maximum » estime Rémi Foulon qui ajoute « À moyen long terme, on va vivre une érosion des ventes donc il faut diversifier les sources de revenus et être visible ».

En plus du travail de terrain évoqué auparavant, les deux titres sont très présents sur les réseaux sociaux, incontournables pour toucher un lectorat plus jeune et qui ne va pas dans les kiosques. Avec plus de 38 000 « followers », les deux titres s’appuient surtout sur Facebook. Tous les articles publiés en ligne, une dizaine par jour, y sont relayés et les journalistes diffusent une fois par semaine une vidéo promotionnelle annonçant les grands titres du journal.

La politique du groupe est de ne pas proposer de contenu gratuit en ligne. Les lecteurs ont le choix entre des abonnements (numérique, papier ou les deux) et le viewpay, c’est-à-dire de regarder une publicité pour accéder à un article. Un système gagnant/gagnant, les articles sont facilement lisibles en ligne et le journal est rémunéré (environ 5 centimes par vidéo). Les contenus diffusés en ligne sont « optimisés » pour en favoriser le référencement par les algorithmes des moteurs de recherche : ajout d’intertitres, d’interviews. Un choix risqué qui s’est avéré payant, « On a craint une chute, mais finalement les audiences web sont en hausse ».

Si le développement du Phare Dunkerquois et du Journal des Flandres passent en partie par le « digital », le « print » n’est pas fini. La diversification évoquée par Rémi Foulon passe également par la réalisation de 3 à 4 hors-séries par an. Un numéro consacré à la sortie du film « Dunkirk » a très bien marché et se vend encore dans les offices de tourisme, un spécial « Bières en Nord » est annoncé.

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