Le point sur la presse régionale - Mort de Robert Hurbain etc. (mars 2001)

Le feuilleton de la presse régionale va de rebondissement en rebondissement. La mort de Robert Hurbain, au début de l’année 2001, et son remplacement par son fils Patrick à la tête du groupe Rossel, apportent une donne nouvelle. On sait désormais que Rossel contrôle 70 % de la Voix du Nord. En février, la Voix du Nord a proposé la création d’une société d’exploitation (S.E.N.E) pour reprendre Nord Eclair en location gérance.

Rossel contrôle plus de 70 % de la Voix du Nord

Malade depuis le mois de novembre 2000, Robert Hurbain, dirigeant du groupe de presse belge Rossel est mort à l’age 71 ans. C’est une nouvelle donne considérable pour le n°1 de la presse francophone de Belgique qui contrôle le Soir de Bruxelles, la moitié des titres de la presse wallonne regroupée dans Presse Sud (la Meuse, la Lanterne, la Nouvelle Gazette), plus le principal « toutes boîtes » de la Communauté française, sans oublier des radios, des télévisions et... la Voix du Nord, troisième quotidien de province en France.

Cette succession a dû poser quelques problèmes puisque l’annonce du décès de Robert Hurbain n’a été faite que cinq jours après sa mort, le patron du « Soir » étant déjà enterré.
Son fils Patrick et ses deux filles héritent, à part égale, des 60 % qui faisaient de leur père le dirigeant de l’entreprise, possédant un droit de préemption, ils se seraient engagés, dans un pacte, à ne pas vendre individuellement la Socpresse.
La Socpresse (groupe Hersant) possède une forte minorité de 40 %.

Il y a tout lieu de croire qu’Yves de Chaisemartin, administrateur délégué de Rossel, qui avait mené, il y a quatorze ans, l’OPA « inamicale » contre le groupe Rossel jouera un rôle éminent dans les décisions qui seront prises. Un conseil d’administration s’est réuni le 23 janvier 2001 pour désigner le PDG, Patrick Hurbain.

M. de Chaisemartin : quel rôle ?
Quid dans ce nouveau contexte de la Voix du Nord ?
Ces événements devraient accélérer l’officialisation de la situation réelle.
Le groupe Rossel, le Soir l’a confirmé lors de l’annonce de la mort de son « patron », possède déjà 70 % des actions et une large majorité des droits de vote dans VNI (Voix du Nord investissement), la holding qui contrôle 70 % du quotidien lillois. On doit en effet cumuler les participations de Rossel et celles du Crédit Agricole qui font cause commune. Beaucoup estiment que cette majorité atteint 85 %, si on ajoute les promesses de vente fermes (dont les 10 % encore détenus par Jean-Louis Prévost). Certains journaux parisiens, en retard d’une guerre, parlaient encore l’autre jour d’une participation limitée à 58 % avec des droits de vote... minoritaires !
Derrière Rossel, on le sait, il y a la Socpresse et un accord de redistribution des cartes passé lors de l’action sur la Voix, bien avant le décès de M. Hurbain. Le pouvoir réel, à la Voix, est exercé par Yves de Chaisemartin qui est chargé de suivre le dossier du quotidien nordiste...
C.V.

Création de la S.E.N.E - Nord Eclair en location-gérance.

Les conseils d’administration de la Voix du Nord et de Nord Eclair se sont réunis simultanément le mardi 13 février 2001. Ils ont été suivis de réunions extraordinaires des comités d’entreprise des deux journaux. On a appris « qu’à l’initiative de la Voix du Nord » était proposée la création de la « Société d’Exploitation de Nord-Eclair (S.E.N.E.). Cette société sera présidée par Thierry Bécuwe, l’actuel directeur de Nord Eclair, récemment nommé, venant du groupe Voix du Nord.

La Société d’exploitation de Nord Eclair, dont le capital est formé à 75 % par la Voix du Nord, reprendra en location gérance le fonds de commerce et les 144 personnes qui resteront à Nord Eclair, y compris 70 journalistes qui bénéficieront de l’autonomie rédactionnelle. Le titre du journal restera la propriété de Nord Eclair S.A.

Ce « lien juridique » permettra le reclassement d’une partie du personnel de Nord Eclair (ouvriers du Livre, administration, publicité, ventes) à la Voix du Nord, grâce à des départs en préretraite à 56 et 57 ans. Cette solution était préconisée par le ministère.
Comme annoncé, les éditions françaises de Nord Eclair seront imprimées à la Voix du Nord. La rédaction et l’administration de Nord Eclair déménageront dans un nouveau siège social au centre de Roubaix.
Sur un effectif total de 527 personnes, le plan social adopté l’an dernier prévoyait la suppression de 241 postes sans licenciements « secs ».

Un lien juridique nécessaire
Ainsi 144 personnes seront regroupées dans la Société d’exploitation de Nord Eclair (dont 70 journalistes, 26 employés de la rédaction et une cinquantaine de personnes de la publicité, de l’administration et des ventes, services dont les activités seront, pour l’essentiel, transférées à la Voix du Nord).
Rue du Caire, l’actuelle imprimerie et le siège du journal, resteront 142 personnes, essentiellement ouvriers du Livre, pour l’impression des journaux extérieurs et des éditions belges. Une société filialisée sera créée pour ce faire.

Par ailleurs le reclassement de 125 personnes est demandé à la Voix du Nord. Elles prendront la place des salariés qui bénéficieront d’un départ en FNE « dérogatoire » impliquant le lien juridique qui vient d’être créé. D’autres départs en préretraite auront lieu à Nord Eclair.

Dans une déclaration, la Société des Journalistes de Nord Eclair « reconnaît la nécessité d’un lien juridique entre les deux journaux mais « manifeste son inquiétude », notamment à propos du transfert des journalistes dans une nouvelle société et quant aux garanties d’indépendance rédactionnelle (constituées par le Comité Permanent présidé par Jules Clauwaert).

Une nouvelle réunion extraordinaire du Comité d’entreprise s’est tenue le 21 février en présence d’Yves de Chaisemartin, P.D.G. de la Socpresse qui a confirmé ce dispositif. M. de Chaisemartin a aussi informé le comité d’entreprise de la Voix du Nord auquel il participait pour la première fois.
C.V.

En bref

Le nouveau siège de Nord Eclair
C’est dans un immeuble situé à l’angle des rues de l’Hospice et du Général Serrail, dans les bureaux rénovés, occupés jadis par les Ets Leclerc-Dupire, que Nord Eclair va installer son siège, à Roubaix. Ces bureaux accueilleront les journalistes du siège actuel de la rue du Caire (Informations générales, Région, Sports), ainsi que ceux de l’édition de Roubaix, actuellement situés Grand Place.

Création de l’association des Clausistes
Mercredi 7 février s’est tenue au Club de la presse, l’assemblée générale constitutive d’AJC, Association des journalistes clausistes. Cet audacieux néologisme qualifie les quelque 70 journalistes qui ont quitté la Voix du Nord et ses filiales en juin dernier, dans le cadre de la clause de cession suite à la vente de leur titre.
L’association veut développer trois axes : le partage d’une histoire et de valeur communes, l’entraide et la solidarité, la réflexion, le témoignage et l’information.
Elle n’est pas concurrente mais complémentaire des syndicats de journalistes ou du Club de la presse. La preuve, le Club est le siège social de l’AJC.
Une quarantaine de journalistes clausistes ont déjà adhéré à AJC qui accueille aussi les sympathisants, et a une vocation nationale.
Le conseil d’administration est composé de Dominique Adam (trésorier), Dominique Arnaud (vice président), Sabine Bertaux (secrétaire adjointe chargée d’internet), Christine Brulin, Philippe Laidebeur, Frédéric Lépinay (délégué aux fêtes), Guy Levifve, Jean-Yves Méreau (président), Maryse Pilarski (secrétaire), Sophie Verhaegue, Louis Vardon. Patrice Wibaut (vice président).
J.Y.M.


 

 

 

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