« Le pouvoir algérien ambitionne de faire disparaître les journaux militants » (juin 2006)

Les deux ans qu’a passés Mohamed Benchicou en prison n’ont en rien entamé sa volonté de se battre pour la liberté d’expression en Algérie. Il a eu l’occasion de le redire samedi 17 juin, lors d’une courte conférence téléphonique tenue à l’issue de l’assemblée générale du Club de la presse.
Photo Gérard Rouy

« On ne doit pas s’arrêter avec ma libération. » Samedi 17 juin, trois jours après sa libération de la prison d’El-Harrach, Mohamed Benchicou était en ligne avec le Club de la presse, qui venait de boucler son assemblée générale. « Benchicou qui sort de prison, ce n’est pas la fin des atteintes à la liberté de la presse en Algérie », nous a-t-il expliqué. Comme il l’avait déjà laissé entendre dès la porte de sa cellule franchie, le directeur du quotidien Le Matin a répété qu’il était prêt à poursuivre le combat, « déterminé à se battre pour la liberté de la presse et toutes les libertés ». « La prison n’a rien retiré en moi », assure-t-il, ajoutant même : « Il ne faut pas avoir peur de la prison ».

« La reparution du Matin est un objectif »

Reste à savoir quelles formes prendra désormais sa lutte. « La reparution du Matin [suspendu depuis son arrestation, il y a deux ans, NDLR] est un objectif, évidemment », explique-t-il. Il y voit cependant « un obstacle financier, à mon sens surmontable » et, plus grave, «  un obstacle politique ». « Le pouvoir en place ne veut plus de journaux critiques, il veut des journaux domestiqués. […] Ce pouvoir, qui ambitionne de faire disparaître les journaux militants existants, va-t-il accepter d’en voir un renaître ? », s’interroge-t-il.

Toujours pas de passeport

Revenant sur sa situation personnelle, Mohamed Benchicou a confié qu’il n’avait pour le moment pas récupéré son passeport. « Je n’exclus pas que le pouvoir soit tenté par un chantage sur ma personne, en régulant mon activité et mon expression. Si le cas se présente, je me battrai jusqu’au bout pour récupérer mon passeport.  » Plus généralement, c’est « une offensive sans précédent  » contre les libertés que subit l’Algérie, selon le directeur du Matin. Dans ces conditions, retirer de la façade du Club le portrait de Mohamed Benchicou (accroché depuis début février 2006) n’aurait pas beaucoup de sens. Il y restera donc tant que la situation des médias ne se sera pas améliorée en Algérie. Le premier intéressé, qui a formulé des remerciements pour les diverses actions menées depuis Lille, en était aussi le premier ravi.

L. F.


 

 

 

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