Le remaniement ministériel dans la presse

Le centre viré pour mieux recentrer. Borloo et ses amis travaillent déjà à l’organisation d’un deuxième pôle de la majorité. L’ouverture, c’est bien fini. A droite toutes. Les journaux de ce matin donnent la tendance du nouveau Fillon. Revue de presse.

Trois pages dans La Voix du Nord, six dans Nord Eclair. Qui dit mieux ? Le remaniement fait bien sûr la Une de tous les quotidiens de ce matin. Dans son éditorial, le rédacteur en chef de La Voix, Jean-Michel Bretonnier, juge que « François Fillon s’incruste ». Pour lui, « le collaborateur » s’est imposé à son patron. Le notable de province a laissé le brillant et populaire Borloo se gonfler d’importance, s’élever dans le ciel politique, avant de le faire brutalement redescendre sur terre en déclarant que le moment n’était surtout pas venu pour l’exécutif de prendre un quelconque virage ». Et d’ajouter : «  La saison 2 s’ouvre dans un style d’un grand classicisme politique : François Fillon et son gouvernement de poids lourds « UMP-RPR » vont mener une politique de droite pour rassembler leur base électorale ».

Le départ des nordistes

La Voix du Nord, en pages intérieures, publie le trombinoscope du nouveau gouvernement en soulignant que « François Fillon va devoir continuer de cohabiter avec Claude Guéant qui reste au côté du président ». Pour sa part, Hervé Favre s’attarde sur le départ de Mar-Philippe Daubresse et de Jean-Louis Borloo. « Il n’y aura plus de ministre nordiste au gouvernement, écrit-il. Valérie Létard avait déjà annoncé son intention de quitter le secrétariat d’Etat aux technologies vertes et de repartir vers le Sénat et l’agglomération de Valenciennes quoi qu’il arrive ». Et si Borloo a « toujours prévu de réunir ses amis ce soir », M.P Daubresse précise que « ça ne sera pas une réunion de dissidence ». Pourquoi alors ? «  Nous voulons maintenant travailler à l’organisation d’un deuxième pôle de la majorité », répond-il.

«  Pourquoi Borloo s’en va » pose Nord Eclair qui choisit cet angle pour sa une. En photo, l’ex ministre de l’Ecologie, dossier sous le bras, affiche un sourire contraint. Comme La Voix, Nord Eclair souligne que, « dans la foulée de Borloo, Daubresse et Létard s’en vont  ». Dans son éditorial, Patrick Pépin estime que « ce remaniement ne pouvait se dérouler autrement ». Il évoque un temps de gestation trop long (six mois). Il explique aussi que « le quinquennat réorganise la présidentialisation du régime ».

Dans la presse nationale

On trouvera aussi le trombinoscope de la nouvelle équipe Fillon en Une du quotidien « Aujourd’hui » en France ». « Sarkozy ouvre à droite et fâche le centre », développe-t-il en pages intérieures. En quelques tires, « Aujourd’hui » donne un résumé du remaniement : « Humilié, Jean-Louis Borloo s’en va » ; « La fin de l’ouverture » ; « les fortes têtes mises au ban » ; « le cas Woerth ». Et pour le politologue Roland Cayrol, « Les Français vont retenir que rien ne change ».

En titrant à la Une, «  Fillon garde Sarkozy », Libération choisit d’ironiser et de a pas faire dans la dentelle. « Eric Besson migre à l’industrie » poursuit-il dans l’une des cinq pages qu’il consacre au remaniement. Ou encore, s’agissant du retour de Xavier Bertrand rue de Grenelle, « et revoilà le travail » titre-t-il. Encore une ou deux pour la route : « Frédéric Lefebvre se lance dans le commerce » et « Bernard Kouchner en quai de poisson » !

Le SMS de Borloo

Alain Auffray, toujours pour Libé, nous livre le roman du remaniement et s’offre ce rappel : «  En septembre, quand François Fillon propose à Jean-Louis Borloo de le prendre dans son avion, il reçoit en réponse ce SMS : ’ Va te faire foutre ! ’ ». En tout cas, observe François Wenz-Dumas, « Sarkozy ne remanie pas sa popularité ». Avec 32% d’opinions positives, « il n’a jamais été aussi bas dans les sondages ».

L’Humanité estime quant à elle que ce remaniement est une mascarade. « La mascarade  », c’est le titre qu’il a choisi pour sa Une. Pour Sébastien Crépel, « la nomination de François Fillon à sa propre succession et le départ de Jean-Louis Borloo du gouvernement dissipent le mirage d’un « tournant social » entretenu depuis des semaines autour du remaniement. Avec Fillon, Nicolas Sarkozy affirme son choix d’accélérer les « réformes » libérales jusqu’en 2012. »

« Cohabitation subliminale » dans Les Echos

Les Echos évoquent « trois ans de cohabitation subliminale » entre l’Elysée et Matignon. « La décision du chef de l’Etat de reconduire son Premier ministre alors qu’il voulait s’en séparer ouvre une nouvelle page de leur histoire complexe ». Sous le titre « Du gaullisme social au réformisme libéral », Etienne Lefebvre fait parler un proche de François Fillion. Nous apprenons ainsi qu’ « une des principales raisons pour lesquelles François Fillon a changé d’avis et souhaité rester à Matignon, c’est parce qu’il craignait une « relâche » budgétaire qui fasse s’écrouler le programme de redressement des finances publiques.  »

Philippe ALLIENNE


 

 

 

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