L’Edito des éditeurs #2

Le sport, au miroir de la société

, par Club de la presse hdf

Saviez-vous que le champion olympique de cyclisme 1948, le lensois José Beyaert, a eu une vie d’aventurier en Colombie ? Qu’un match de football a été le catalyseur de la « Guerre de cent heures », en 1969, entre le Honduras et le Salvador ? Ou encore que les femmes journalistes ont longtemps été interdites d’accès au Tour de France, à l’échelon de la course sur route ? Autant d’anecdotes qui illustraient le débat du deuxième Édito des éditeurs, ce mercredi 28 septembre, au Paarc de Gravelines : le sport véhicule t-il encore des valeurs positives ?

LE PAARC DE GRAVELINES, UN TERRAIN D’ACCUEIL

L’Édito des éditeurs, c’est ce rendez-vous initié par le Club de la presse Nord/Pas-de-Calais et l’Association des éditeurs des Hauts de France, afin de répondre au désir de découverte, tant côté journalistes que lecteurs, des livres parus dans notre région. « Environ 600 par an », a précisé Stéphanie Morelli, coordinatrice de l’Association des éditeurs. Et la jeune femme d’indiquer : « En croisant le thème du sport avec le calendrier sportif régional, j’ai pensé au Paarc de Gravelines comme terrain d’accueil de cette deuxième rencontre éditoriale ». En effet, l’équipement sportif hébergeait, le dernier week-end de septembre, les championnats de France senior d’avirons.

Le Paarc de Gravelines hébergeait, le dernier week-end de septembre, les championnats de France senior d’avirons.

C’est toutefois à une démonstration de nage en eau libre, effectuée par des licenciés de la Ligue de triathlon du Nord/Pas-de-Calais, qu’a assisté, ce mercredi 28 en fin de journée, la quinzaine de participants à l’Édito des éditeurs. Puis l’assistance s’est retrouvée dans la salle polyvalente du Paarc de Gravelines ; Philippe Lot, directeur du service des sports de la ville, et Frédéric Loorius, responsable du site du Paarc, ont alors présenté cet équipement municipal à vocation sportive, mais aussi ludique et événementielle.

DES BAINS GLACÉS AU TOUR DE FRANCE CYCLISTE

Plus tard, à l’heure du débat, on retrouvait Jean-Pierre Mortagne, ancien journaliste sportif de Radio France, et Frédéric Lépinay, directeur des éditions « Lumières de Lille ». Leurs propos, animés par le journaliste et spécialiste du sport Hervé Leroy, ont fait la part belle à une réflexion éthique sur le sport.

Jean-Pierre Mortagne, ancien journaliste sportif de Radio France, Hervé Leroy, journaliste sportif, administrateur du Club de la presse et Frédéric Lépinay, directeur des éditions « Lumières de Lille ».

« Pour moi, la première des valeurs, c’est le respect de l’adversaire », a ainsi martelé Jean-Pierre Mortagne. Ce fin connaisseur du Tour de France cycliste – il en a couvert 28 pour la radio – regrette que le mercantilisme y ait pris le pas sur l’aspect sportif : « Regardez l’équipe Sky : pour ses coureurs, elle affrète deux bus, mais aussi deux campings-cars où ils peuvent prendre des bains glacés. En argent dépensé, c’est énorme ! ». De son côté, Frédéric Lépinay s’est par exemple interrogé sur la rentabilité de certains équipements sportifs, à l’instar du grand stade de Lille, « qui coûtera un milliard d’euros sur 30 ans » et qui, « à part une fois tous les 15 jours, est un véritable désert humain ».

LE JOURNALISME SPORTIF, UN TRAVAIL DANS L’URGENCE ET L’ÉMOTIONNEL

Des questions de l’assistance ont aussi conduit à interroger les médias traitant du sport sous un angle éthique. Ainsi, les droits télévisés liés à la retransmission d’événements sportifs induisent-ils une hiérarchie contestable entre les disciplines. Et placent le professionnel de l’information dans un corset : « Je ne couvre que les événements pour lesquels ma chaîne a acquis les droits » s’est agacée cette
journaliste télé. Elle a ironisé en outre sur l’image hypersexualisée du beach volley féminin que véhicule la couverture médiatique de ce sport.

Dans le registre des valeurs morales, le journaliste sportif est-il lui-même susceptible de déraper ? « Travailler en direct, c’est travailler sans filet », a ainsi concédé Jean-Pierre Mortagne. « On peut s’enflammer, et vite dégringoler. Il faut rester serein, maître de ses mots, et ce n’est pas tout le temps facile ». Hervé Leroy a abondé dans ce sens : «  Le travail dans l’urgence et l’émotionnel, voilà l’essence
du journalisme sportif. Dans ce contexte, la prise de recul n’est pas toujours aisée
 ».

N. L. J.
Vidéos : Ph. B.


 

 

 

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