Nord / Jérémie Lenoir (texte : Bruce Bégout)
Un livre photo absolument fabuleux : au premier regard, on découvre une oeuvre d’art abstraite, puis peu à peu, on se rend compte qu’il s’agit de vues aériennes (toujours le même protocole : 450 mètres d’altitude). Ici un chantier, là une toiture, on ne se lasse pas d’observer le moindre petit détail.
En observant leurs évolutions, Jérémie Lenoir nous livre un regard distancié et objectif sur nos territoires et un minutieux travail de composition tendant vers l’abstraction. Entre 2014 et 2015, le plasticien se focalise sur un espace géographique entre Nord-Pas-de-Calais et Flandres, le long d’un axe Arras-Anvers. Pendant ces deux années, il s’est tout autant intéressé au bassin minier qu’à la métropole transfrontalière, aux enjeux de l’extension urbaine et à ceux de la reconversion du patrimoine industriel. Le projet Nord est profondément ancré dans le réel. Pourtant, s’inspirant de peintures de Soulages, Rothko ou Malevitch, le photographe prend le parti de nous faire voyager dans un monde abstrait... Une relecture des territoires contemporains dans laquelle dialoguent le réel et l’imaginaire, la présence et l’absence, le retrait et l’attrait, le recul et l’abandon.
Le photographe Jérémie Lenoir expose en ce moment à Lasécu (rue Bourjembois, Lille / jusqu’au 9 juillet), et sera au Bateau Livre (rue Gambetta, Lille) le 9 juin.
Portraits de Séoul - Anthony Dufour, Minju Song
Les éditions Hikari ont fait le choix d’emmener les voyageurs à la découverte d’un pays via des portraits d’habitants, qui servent de guides ! Une douzaine de portraits habite l’ouvrage consacré à Séoul : on rencontre ainsi Ganseo, prêtre catholique, Michael, youtubeur, Bokyoung, dessinatrice de BD, ou Karim, entrepreneur, qui livrent ensuite leurs coups de coeur, resto, shopping, visites…
L’aventure Hikari Éditions est née à Séoul il y a deux ans à l’occasion de son tout premier titre : Vivre la Corée.
Depuis, les éditions comptent plus d’une trentaine de livres et guides de voyage. Portraits de Séoul, c’est l’œuvre d’une rencontre entre Anthony Dufour, journaliste français ayant vécu dix ans en Corée et de Minju Song, traductrice coréenne ayant grandi à Séoul. Ensemble ils nous dévoilent le vrai visage de Séoul.« Séoul, c’est un choc, un décor violent et radical, où les lumières, les immeubles, les sons, dépassent toujours les doses maximales prescrites. Séoul, c’est la capitale high-tech de l’Orient extrême. » C’est en tout cas la première vision qu’on en a. Et pourtant Séoul, c’est bien plus que ça : une manière de vivre, de penser, de réagir ; la rencontre avec ses habitants aux parcours hétéroclites donne à voir la diversité de la ville, pour mieux comprendre son cœur, ses émotions, son rythme et ses secrets.
Réfugiés
Cinq pays, cinq camps, dont ceux de Calais et Grande Synthe, et chaque fois, les regards croisés d’un journaliste, d’un photographe et d’un dessinateur.
Cette co-édition Arte/invenit prend aux tripes, l’ouvrage est émouvant, sans verser dans le larmoyant. On découvre la réalité par différents prismes, on dépasse les images habituelles de migration, d’exode, de fuite, pour rencontrer un enfant, son père, un voyage, un destin, des rêves, le quotidien. A Calais et Grande Synthe, les textes sont de Didier Daeninckx, les photos de Gaël Turine, et la BD est signée Cyrille Pomès. Participent également à l’ouvrage : Reza, Atiq Rahimi, Laurent Van Der Stockt, Christina Malkoun, ou encore Reinhard Kleist… Les grands témoins, aussi, sont de partout et rapportent ce qu’ils ont vu au Népal, au Tchad, au Liban, en Irak, au plus proche de quelques-uns des soixante millions de réfugiés que compte notre monde.
Un livre en écho à la série multimédia (à voir ici / Yolande Moreau réalise le documentaire pour Calais et Grande Synthe).
Le 20 juin Rencontre Réfugiés, Gaël Turine, Cyrille Pomés, Laurent Gaudé - Théâtre du Nord