Les nouveaux comiques sur France Inter : écoutez la différence !

D’aucuns diront qu’ils l’ont bien cherché. Stéphane Guillon, soupçonné de faire de la surenchère depuis des semaines, et Didier Porte qui se voit reprocher une plaisanterie gaillarde par celui qui, en d’autres temps, était représenté sur une affiche en compagnie de son compère d’alors, Patrick Font, en train de sodomiser le ministre de la culture François Léotard. C’était il y a longtemps, en 1987. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts et les vannes se verrouillent par ceux-là même qui en faisaient leur fond de commerce. Enfin pas tous. Philippe Val, nouveau chien de garde d’un service public qui serait menacé par de « petits tyrans », se propose de faire lui-même le travail de salubrité publique.

Il le fait bien. Mais il n’est pas seul. Comme dans les seventies et eighties, il bosse en couple. Cela devait lui manquer. Hees a simplement remplacé Font. Font que Val s’était empressé d’en.. foncer lorsqu’une vilaine affaire de mœurs avait brisé sa carrière. Font et Hees. Cela sonne bien mal. Mais c’est cohérent et efficace. Le Pdg de Radio France, qui s’est chargé de liquider Stéphane Guillon, avait fait des promesses très généreuses à son arrivée. Tant pis pour celles et ceux qui l’ont cru. Le directeur de France Inter avait déclaré, en janvier dernier qu’il «  n’avait pas envie de toucher à Guillon  ». C’est heureux. Il lui restait Porte et cela lui va bien.

Voilà. Le nettoyage est fait. Par une équipe de choc, c’est encore plus propre. Les auditeurs de France Inter n’auront plus l’occasion de se marrer avant d’aller au boulot ou de chômer. En tout cas, ce jeudi 1er juillet, ils s’en sont donné à cœur joie pour aller manifester avec les salariés de leur radio. A Lille, comme ailleurs, ils ont protesté contre les décisions brutales de la direction de France Inter et contre la mise au pas du service public d’information.

Ces décisions ne portent pas seulement sur le licenciement de Guillon et de Porte. Les changements d’horaires, la nouvelle grille, les suppressions d’émissions de reportage, etc. sont tout aussi graves. Souvenons-nous de ce qu’affirmait Philippe Val à la Société des journalistes, en janvier dernier. A propos des menaces qui pesaient sur les émissions Esprit critique et Et pourtant elle tourne, il parlait de « rumeurs stupides ». Quelques mois plus tard, dans Le Point (9 juin), il est interrogé sur le recasage de Nicolas Demorand. Qu’affirme-t-il alors ? «  L’émission Et pourtant elle tourne ne fonctionne pas ». Droit dans ses bottes, il assène que c’est Jean-Marc Four lui-même, le producteur de l’émission, qui lui a proposé un autre projet. Propos immédiatement démenti par l’intéressé !

A l’évidence, la vraie raison du licenciement de Stéphane Guillon et Didier Porte est là : Hees et Val ont choisi de faire rire eux-mêmes leurs auditeurs. La preuve, Jean-Luc Hees : « Je ne m’appelle pas Raymond Domenech (…) L’humour ne doit pas être confisqué par de petits tyrans (…) Je considère que cette tranche d’humour est un échec (…) ». Quant à ses décisions, précise-t-il, il les prend « sans subir de pressions ». Comme dit le SNJ CGT, « il ne fait que devancer les désirs du Prince  ». C’est plutôt drôle s’agissant du patron d’une radio qui congédie le comique du Fou du roi

Quant à Philippe Val, il ne nous a jamais tant fait rire que lorsqu’il a expliqué –à l’époque où il dirigeait encore Charlie Hebdo- les raisons qui l’avaient amené à virer Siné. Décidément, il ira loin ce petit ! D’après Siné, précisément, son licencieur a effectivement un bel avenir : « Val, il sera ministre de la culture, vous verrez ! » déclare-t-il dans la revue Médias n° 24 - printemps 2010.

Ah oui ? ministre de la Culture ? Comme François Léotard alors ? Qu’il se préserve.

Philippe Allienne

Jeudi 1er juillet : Auditeurs, salariés de France Bleu Nord et élus ont été nombreux à se rassembler devant les locaux de la radio publique. "Après la presse aux mains des puissances financières, on asssite à la mise au pas du service public d’information" a dénoncé la sénatrice communiste du Nord, Michelle Demessine.


 

 

 

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