M6 Lille : l’archétype du journaliste polyvalent.

Venus à la rencontre des adhérents du Club de la presse, lundi 26 septembre, Thierry Maurer, Djamel Mazi, Marc Gehring et Samuel Duhamel,
les quatre journalistes de M6 à Lille, ont expliqué leurs méthodes de travail depuis la suppression du décrochage local à la fin de l’année 2008. De la conférence de presse matinale à l’envoi du reportage, après montage parfois, les journalistes de M6 se doivent d’être polyvalents.

Depuis la fin du décrochage régional, l’équipe de l’antenne lilloise de M6 réalise chaque mois en moyenne une quarantaine de reportages, principalement diffusés lors de journaux nationaux de la chaîne (le 12.45 et le 19.45) mais aussi pour d’autres émissions (ciné 6, sport 6 ou 100% foot). Les 4 journalistes peuvent parfois être appelés en renfort à la rédaction parisienne, notamment pour effectuer des remplacements l’été ou les week-end.

Sur la base du volontariat, les journalistes des rédactions régionales peuvent aussi se proposer pour couvrir des événements en France ou à l’étranger. Récemment, Samuel Duhamel, passionné de foot, s’est rendu en Albanie pour suivre le match de l’équipe de France. Djamel Mazi a été envoyé en Algérie et Marc Gehring a couvert les révoltes du printemps arabe en Égypte. « C’était ma première expérience de grand reporter, explique-t-il. Nous sommes partis à 4 journalistes dont un reporter de guerre expérimenté. Un pigiste égyptien nous a ensuite rejoint pour faire le fixer car, au début, la plupart de nos indicateurs étaient pro-Moubarak.  »

Roukaya Ben Fraj, actuellement stagiaire à M6, au coté de Samuhel Duhamel, Marc Gehring, Djamel Mazi et Thierry Maurer

Une journée type

Au quotidien, les journalistes lillois de M6 couvrent tous les départements au nord de Paris, mais aussi la Belgique, la Hollande et une partie de l’Angleterre, sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Une journée type commence dès 7h du matin par une réunion de rédaction dans leurs bureaux situés 3 rue des Canonniers à Lille, à laquelle participent deux ou trois d’entre eux. A 7h30, les sujets qui seront diffusés dans le 12.45 sont déterminés lors d’une ’visio-conférence de rédaction’ entre Paris et les onze antennes de province. Le rédacteur en chef passe alors commande d’images ou de reportages pour illustrer des sujets nationaux et écoute les propositions des journalistes régionaux. Ce qui suscite parfois de « la bagarre pour imposer un sujet, raconte Thierry Maurer, le chef du bureau de Lille. Nous devons le vendre, devenir des commerciaux. » A 9h00, une seconde conférence décide des reportages qui passeront le soir dans le 19.45.

« Nous avons très peu de temps pour réaliser les vidéos du midi, explique Djamel Mazi. Il est difficile de trouver un interlocuteur avant les horaires d’ouverture des bureaux, généralement à 9h00, et nous prenons souvent la route sans savoir si quelqu’un pourra nous recevoir et nous renseigner ». D’autant que les distances parcourues et les temps de trajets dans la zone qu’ils couvrent sont conséquents.

Le week-end, un seul journaliste assure une permanence à la rédaction. Il lui est donc impossible de répondre à toutes les sollicitations. A quoi s’ajoutent des astreintes de nuit assurées à tour de rôle..

Les sujets diffusés lors des journaux ne dépassent jamais une minute et quarante secondes. Selon les besoins de la rédaction parisienne, les journalistes de M6 en région peuvent envoyer soit des sujet ’prêt à diffuser’, c’est à dire après avoir effectué eux-mêmes le montage, soit les rushes complets, soit un pré-montage de quelques minutes. Les sujets sont envoyés grâce à la fibre optique ou, lorsqu’ils sont trop loin, montés depuis un ordinateur portable et envoyés par le réseau 3G.

Occasionnellement, les journalistes peuvent réaliser des enquêtes de quelques minutes, tournées sur plusieurs jours, comme ce fut le cas dernièrement pour l’équipe lilloise avec un reportage sur le trafic de d’essence volée ou sur la prostitution en Belgique.

Les spécificités de la Région : les faits divers et les tendances

Parmi les quatre journalistes de la rédaction de Lille, seul Samuel Duhamel est originaire du Nord – Pas de Calais. Tous ont appris à apprécier la région. « Les journalistes parisiens ont tous fait leurs armes en province », explique Djamel Mazi qui vient d’Ile-de-France où il a fait ses stages. « A Paris, tout le monde se tire dans les pattes, alors qu’ici nous avons de bons rapports avec nos confrères des autres rédactions. Nous travaillons avec eux en bonne intelligence. »

Selon Marc Gehring, originaire de Bordeaux, « dans certaines région, il est compliqué de trouver des sujets certains matins. Mais à Lille, la ville est tellement dynamique que c’est facile. » La rédaction du Nord est celle qui envoie le plus de reportages à Paris, notamment des faits divers auxquels le journal du soir fait la part belle. Elle est talonnée de près par Marseille et les Bouches du Rhône. « Dans la ligne éditoriale de la chaîne, les faits divers sont révélateurs des maux de la société », précise Marc Gehring. « Quand on propose un triple meurtre ou un infanticide, les collègues parisiens nous charrient : ’Encore un sujet nordiste !’ »

Les quatre journalistes de la rédaction lilloise de M6 avec Gaëtane Deljurie, administratrice du Club de la presse et animatrice de la rencontre

« Nous essayons de ne pas envoyer que du négatif », explique Thierry Maurer, « mais aussi de positiver à travers des histoire de solidarité comme lorsque Jean-Claude Casadesus donne un concert dans une prison. » La chaîne demande aussi souvent aux journalistes lillois de couvrir des sujets consommation, car la métropole, située entre Paris, Londres et Bruxelles, est un véritable creuset pour les nouvelles tendances.

Les bons journalistes polyvalents sont rares

Lorsqu’ils partent en reportage, sauf sur de gros événements, les correspondants de M6 sont seuls. En tant que JRI, journalistes reporters d’images, ils doivent être entièrement autonomes et polyvalents.

« A M6, un bon journaliste polyvalent débutant, en région, peut espérer gagner entre 1800 et 2000 € net. Cette somme est majorée de 500 € à Paris », poursuit Thierry Maurer. « C’est plus élevé que la moyenne, mais cela s’explique par le fait que les bons journalistes polyvalents sont rares, même dans les plus grandes écoles, et les chaînes se les arrachent. Il faut avoir l’œil pour tourner de belles images tout en menant l’interview, puis écrire les voix-off et faire le montage sans erreur de raccord. Nous ne sommes pas spécialisés et pouvons traiter aussi bien des sujets politiques, économiques, que du sport, de la culture, des faits divers ou encore des sujets tendance et consommation. » Les journées sont éreintantes et certains journalistes ne tiennent pas ce rythme. A cela s’ajoute le stress des déplacements, les 30 Kg de matériel (caméra, pied, ordinateur) que chaque journaliste emporte en reportage et la fatigue psychologique face aux faits divers.

Une formule gagnante

Quand le 6 minutes Lille rassemblait 2,5 millions de téléspectateurs, le 19.45 en comptabilise 3,5 millions. « Nous battons TF1 en moyenne trois fois par semaine sur la part d’audience de la ménagère de moins de cinquante ans », précise Thierry Maurer. Les reportages plus courts, les sujets people et tendance, l’habillage moderne avec un présentateur debout, changent de la grand messe habituelle des 20h00 et a su séduire le cœur de cible de la chaîne : les jeunes et les ménagères. A cela se rajoute l’effet « scène de ménages », la série diffusée juste avant les infos, qui bat des records d’audience. Mais même quand elle n’est pas diffusée, le 19.45 réalise de très bons score d’audience. Preuve que la nouvelle formule des journaux de M6 porte ses fruits.

SC


 

 

 

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