“Mémoires d’outre-vies” Jean-François Kahn raconte ses quarante cinq ans de carrière

, par Faouzia

Le Club de la presse a reçu ce vendredi 3 juin, Jean François Kahn, ancien journaliste et essayiste français, fondateur de " L’Événement du jeudi " en 1984, puis de Marianne en 1997 pour la présentation de son ouvrage « Mémoires d’outre-vies », disponible en deux tomes qui retrace les souvenirs d’une carrière non programmée ayant marqué toute sa vie.

Un ouvrage qui raconte ce que l’auteur a vu, entendu et vécu au long des quatre-vingt-trois ans de son existence. Grand reporter, Jean-François Kahn a parcouru des zones de conflits, passant du Proche-Orient à l’Algérie, du Vietnam et du Cambodge à l’Amérique Latine, la Chine etc. Il évoque également sa rencontre avec les grandes figures de l’Histoire, hommes d’État, chefs de guerre, révolutionnaires, fascistes, et autres figures de la conscience, écrivains et philosophes. Ce livre fait prendre conscience à l’auteur de l’immensité et de la particularité de tout ce qu’il a pu vivre tout le long de sa carrière, « J’ai tout vécu de l’intérieur » dit-il.

Lui qui n’a jamais rêvé d’un parcours dans les médias, s’est finalement retrouvé riche d’une carrière de plus de quarante-cinq ans en journalisme. « Je n’ai pas choisi d’être journaliste, toutefois à partir du moment où je l’ai été, je suis obligé de réfléchir sur le rapport qu’on a par rapport à la réalité . J’ai écrit des livres à caractère philosophique sur qu’est-ce-que la vérité, qu’est-ce-que le mensonge, qu’est-ce-que le réel » souligne t-il.

Journalisme ouvert et indépendant

Arrivé à la tête du journal Les Nouvelles Littéraires en 1977, Jean-François Kahn explique qu’il était sidéré du renfermement de ce journal et décida de tout bousculer. Au lieu de traiter toute l’actualité sous l’angle culturel, l’auteur propose à ses collaborateurs de faire le contraire, « aborder tous les sujets à travers la culture et s’ouvrir au monde entier ». Cette nouvelle tendance a révolutionné les ventes du journal qui passe de 1500 à 75000 exemplaires. Une expérience qui donne du courage au journaliste de créer son propre journal.

Sur un coup de tête, il décide d’annoncer à l’AFP la création prochaine de son journal sans même savoir comment il allait s’y prendre. Une décision qui l’a hissé au rang de patron de presse.
A l’époque raconte t-il, la droite crispée et la gauche gagnante qui croit tout se permettre le pousse à parcourir la France à la recherche de financement pour son journal. Il réussi à séduire un public demandeur d’information indépendante et arrive à récolter 30000 souscripteurs.

Son ingéniosité l’a conduit à la création en 1984, du magazine L’Événement du jeudi.

L’aventure " Marianne"

Treize ans après, il crée en 1997 l’hebdomadaire « Marianne ». Une ligne éditoriale nouvelle dans le champ médiatique, qui, selon lui, se veut « indépendante, jamais partisane ». Néanmoins, il précise que le traitement de l’information passe absolument par un filtre à travers le vécu, la culture et les convictions.

A ce moment là, pour le patron de presse qu’il est devenu, « il était hors de question qu’un magazine, qu’il a lui-même créé, nuit à l’évolution de son nouveau journal ». L’auteur reconnaît avoir précipité la disparition de L’Évènement du jeudi ».

Dans ses souvenirs, l’auteur se rappelle « d’une pensée unique ou encore d’une philosophie positiviste des journalistes » qui pourrait être propice à un basculement vers l’extrémisme. L’auteur estime que les journalistes s’accrochent à la pensée du philosophe britannique Berkeley : « être c’est être perçue », ce qui signifie que « ce que je vois c’est ce qui est ». Jean François Kahn explique que la vérité ne peut être uniquement ce que l’on voit ou ce dont on a été témoin.
La création de Marianne, pour lui, a justement eu pour but de combattre cette pensée unique et de révolutionner le monde médiatique ce qui lui a valu plusieurs plaintes et près de 230 mises en examen pour son engagement pour une presse indépendante.

En 2007, quand il quitte le journal, Natacha Polony qui arrive à la tête de la direction le transforme en « un média souverainiste, anti-libérale et laïque » et imprime ses propres idées.


 

 

 

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