Otages en Irak : le rassemblement du 4 mars - 17 février 2005

Le rassemblement du 4 mars

Le Club de la Presse a organisé un nouveau rassemblement, ce vendredi 4 mars, place du Général De Gaulle, à Lille. L’espoir qu’apporte la cassette vidéo montrant Florence Aubenas en vie ne peut empêcher un sentiment de révolte. Révolte face à l’enlèvement dont elle a fait l’objet et à ses conditions de détention qui semblent épouvantables. Plus que jamais, il est important que tout le monde lui exprime son soutien et demeure mobilisé pour exiger sa libération comme celle de Hussein Hanoun Al-Saadi et Giuliana Sgrena. Notre soutien va tout autant à Fred Nérac, disparu lui aussi en Irak, et Guy-André Kieffer, disparu en Côte d’Ivoire.

 

Intervention du 4 mars : « Nous avons tous notre mot à dire »

Enzo Baldoni, Christian Chesnot, Georges Malbrunot, leur collaborateur de presse Mohamed Al-Joundi, Florence Aubenas et son collaborateur de presse Hussein Hanoun Al-Saadi, Giuliana Sgrena, deux journalistes indonésiens ... et tous les autres, journalistes irakiens, dont on ne sait même pas le nom...

Depuis six mois, les journalistes qui se rendent et qui travaillent en Irak doivent, en plus des risques que courent tous les reporters en zone de guerre, faire face à la menace d’un enlèvement. En août dernier, Enzo Baldoni a été exécuté de la manière la plus sauvage et la plus sale que maîtrisent bien ceux qui se prennent pour des soldats de Dieu, je veux parler de ces assassins que l’on appelle les « islamistes ». Assassins de ceux qui ne pensent pas comme eux, assassins de la Démocratie, assassins de la Liberté, assassins du genre humain.

Plusieurs semaines après Mohamed Al-Joundi, Christian Chesnot et Georges Malbrunot ont été libérés après une longue détention et sans que l’on sache exactement dans quelles conditions. Les journalistes indonésiens ont été libérés très vite.
Reste le sort de Giuliana Sgrena, notre consœur italienne, et ceux de Florence Aubenas et de Hussein Hanous Al-Saadi.

Rapidement, une cassette montrant Giuliana Sgrena a été envoyée par ses ravisseurs. Il aura fallu attendre 55 jours pour qu’un enregistrement vidéo, remis au bureau de l’agence Reuter à Bagdad, donne un « signe de vie » de Florence. Un « signe de vie » ... Par delà le cynisme qui entoure ce terme, cela veut dire qu’il a fallu tout ce temps d’incertitudes et de questions pour avoir, enfin, des nouvelles de notre consœur.

On ne saura qu’après sa libération - et nous voulons y croire très fort - le sens qu’il faut donner à son appel envers le député Didier Julia. Les rodomontades de ce dernier sont de toute façon méprisables. Quand le premier ministre Jean-Pierre Raffarin affirme aujourd’hui ne pas vouloir de négociations parallèles, on se demande pourquoi il le dit maintenant alors que l’on sait que cela a toujours existé et que cela a toujours arrangé les kidnappeurs.

A la question de savoir pourquoi et par qui Florence a été enlevée, qu’il s’agisse de bassistes, nostalgiques de Saddam Hussein, de baasistes proches du régime ou des services syriens, ou de militants islamistes proches d’Al Qaida ou d’une autre mouvance, là aussi nous aurons peut-être la réponse plus tard... ou peut-être jamais.

Ce qui est certain, c’est que l’appel au secours de Florence et les images que l’on a vu d’elle nous donnent certes un peu plus d’espoir. Rien n’est pire en effet que le silence. Mais ce visage creusé, ces traits harassés, ce désespoir, ces « cinquante secondes éprouvantes et cruelles » comme l’écrit Libération, ne peuvent que nous révolter.

Ils nous révoltent parce que le contraste avec le visage lumineux que nous connaissons de Florence (on a vu la même chose pour Giuliana) est particulièrement choquant. On devine dans quelles conditions horribles elle doit actuellement se trouver.

Révolte aussi parce qu’on ne sait finalement rien sur les intentions des ravisseurs. Révolte parce que on ne sait pas ce qui est arrivé à Hussein Hanoun. Révolte enfin devant des méthodes qui devraient être celles d’un autre âge. S’agissant des islamistes, encore plus fortement mobilisés depuis l’intervention en Irak, on n’a jamais vu d’individus et de courants de pensée plus inquiétants depuis soixante ans.

Ce n’est donc pas le moment de relâcher notre effort. Soutenons plus que jamais Florence, Hussein, Giuliana et tous les otages, n’oublions pas Fred Nérac, n’oublions pas tous les autres, comme Guy-André Kieffer. Prenons bien conscience de ce que nous avons tous notre mot à dire pour défendre la liberté d’aller et venir, pour défende la liberté d’informer.

Je vous remercie d’être là aujourd’hui et je vous donne rendez-vous la semaine prochaine, samedi 12 mars, près d’ici, pour l’opération 1000 fanfares que nous organisons avec le comité de soutien à Florence Aubenas et qui sera décliné dans plusieurs villes de la région et de France.

Non aux ravisseurs, non à l’indifférence !

 

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