Partager les gestes des agriculteurs et des artisans

Dans le cadre des Lundis du Club, des représentants de Savoir Faire et Découverte sont venus, le 4 septembre, présenter leur association. Leur réseau national comprend 120 artistes, artisans et agriculteurs, dont une quinzaine dans la région, qui font partager leur passion au cours de stages.

Photos Gérard Rouy

« Un retour aux sources ». C’est ainsi qu’Arnaud Trollé qualifie sa nouvelle vie. Originaire de Lille, après avoir connu le monde de la grande entreprise, il a pris un tournant un peu plus en rapport avec ses études, effectuées dans le domaine de l’agriculture. Aujourd’hui, Arnaud Trollé est le directeur de Savoir-faire et Découverte, une association qu’il a fondée dans l’Orne, où il vit désormais. Il résume l’ambition de l’association dans une formule : « Mieux comprendre et connaître ce qui fait un produit de qualité ».

Arnaud Trollé, fondateur de Savoir Faire et Découverte, et Patricia Hanssens, correspondante de l’association dans la région.

Concrètement, Savoir Faire et Découverte fédère un réseau d’environ 120 artistes, artisans et agriculteurs en France, désireux de faire partager leur passion et leurs gestes quotidiens. Ils proposent des stages, qui vont au-delà de la simple découverte, à des groupes de une à huit personnes, pour des durées d’un à deux jours. « Ce ne sont pas des visites », appuie Arnaud Trollé, qui insiste également sur les valeurs en rapport avec la protection de l’environnement, l’utilisation de produits de qualité, etc. « On va s’attacher, par exemple, [pour la fabrication du pain] à trouver un artisan qui cuit dans un four à bois plutôt que dans un four électrique », développe-t-il.

Utiliser des matériaux locaux

Dans le Nord-Pas-de-Calais, l’association dispose déjà d’un annuaire d’une quinzaine de noms. François Vandendriessche en fait partie. Alors étudiant en architecture, il s’est vite révélé « déçu par la vision de l’architecture d’aujourd’hui ». Ayant la fibre du « bâtiment écologique », il est devenu artisan chaumier. Il a travaillé au Musée de plein-air de Villeneuve d’Ascq, avant de monter sa propre activité, dans les Flandres, à Hondeghem. François Vandendriessche a notamment le souci d’utiliser des matériaux locaux, comme de l’argile et des paillettes de lin. Histoire d’éviter de perdre en pollution due au transport ce qui pourrait être gagné par l’utilisation de matériaux écologiques venus du bout du monde. Il accueille aujourd’hui « des personnes ayant un projet de construction, de rénovation ou ayant envie de se reconvertir ».

A gauche, François Vandendriessche, artisan chaumier, et Thierry Willaey, créateur de l’association Les acteurs du village.

Et c’est là l’autre particularité de Savoir Faire et Découverte. Même si ce n’est pas son but premier, il arrive que par le biais des stages qu’elle propose et des liens qui peuvent ainsi se tisser, l’association aide des personnes à concrétiser leur projet de reconversion, souvent lié à une installation à la campagne. A leur modeste échelle, les membres du réseau font la promotion d’un développement économique local responsable et respectueux de son environnement.

Créer une activité locale

« Nous voulions démontrer qu’en reprenant des techniques anciennes, on pouvait créer de l’activité », explique ainsi Thierry Willaey, « flamand de naissance », créateur de l’association Les acteurs du village, aujourd’hui partenaire de Savoir Faire et Découverte. « Dans un monde où on délocalise tout, il est intéressant de voir que l’on peut relocaliser dans notre milieu rural », note-t-il. Alexis Défossez, lui non plus, n’a pas choisi de délocaliser son activité. C’est à Merville qu’il a donné naissance à sa bière artisanale, la Kawou’ët, du flamand « kawou » (chat), l’emblème de la ville. Sa bière, qu’il décline en blonde, brune et ambrée, est aujourd’hui vendue dans des épiceries, des magasins de terroir et quelques estaminets. « Pour l’instant, je rejette l’idée de travailler avec les supermarchés, de casser les prix et de me mettre en concurrence avec les autres produits », assure-t-il.

La bière se cuisine aussi

Olivier Défossez a créé sa brasserie artisanale à Merville, où il produit la Kawou’ët.

Et comme la bière se cuisine aussi très bien, le réseau comprend également un estaminet à Cassel, le Kerelshof, dans lequel le prochain stage de cuisine à la bière aura lieu le 7 octobre. « On évite les produits des grandes brasseries industrielles, confie Denis, le patron, parce qu’on trouve plus de goût dans ceux des petites brasseries. » Pour continuer le tour régional des membres du réseau, on pourrait encore évoquer un artisan qui fait du pain bio, un apiculteur, un vannier, une activité de filage et tissage de laine de lamas et d’alpaga, etc.

« C’est aussi un moyen de découvrir sa région », témoigne Patricia Hanssens, correspondante de l’association pour le Nord-Pas-de-Calais. Elle a ainsi découvert le Pays des 7 Vallées à travers l’activité d’une éleveuse de chèvres qui fabrique son propre fromage. On l’aura compris, Savoir Faire Découverte trouve ses racines dans des projets locaux et son mode de financement s’en ressent. Dans la région, elle bénéficie de l’appui de deux structures : le Pays des Moulins de Flandre et le Pays Cœur de Flandre. De leur côté, les artisans sont indemnisés pour le temps consacré à leurs « stagiaires ». Au niveau national, Savoir Faire et Découverte fonctionne avec un budget annuel de 250.000 euros.

Ludovic FINEZ

Savoir Faire et Découverte a son site internet :www.lesavoirfaire.com.
Contact pour le Nord-Pas-de-Calais : Patricia Hanssens, tél. 08 70 67 90 58.


 

 

 

La Vie du Club

ESPACE PRESSE