Christian Lantenois, photographe au quotidien L’Union a été agressé samedi 27 février dans le quartier Croix-Rouge à Reims alors qu’il était en reportage pour couvrir des rassemblements de jeunes.
Le parquet de Reims a ouvert une enquête pour « tentative de meurtre aggravé et non-assistance à personne en péril ».
Dans une conférence de presse, le procureur de la République de Reims Matthieu Bourrette a fait un point sur l’affaire. D’après les premiers éléments de l’enquête, les violences ont été commises dans un contexte de préparation d’une rixe regroupant une trentaine de personnes, qui ne semble pas avoir eu lieu car « le drame a entraîné une dispersion du groupe ». « M. Lantenois tentait de faire des photos d’individus quand il a été repéré ». Il n’a pas eu le temps de rejoindre sa voiture. « À 15 h, un premier individu l’a rejoint et lui a porté plusieurs coups à la tête, dont un quand il était au sol. » L’agresseur a également utilisé l’appareil photo de M. Lantenois pour le frapper. « Un autre individu a asséné des coups de bâtons à M. Lantenois. Au total, l’agression a duré seulement 57 secondes. Les coups portés l’ont été en quelques secondes à peine. » 57 secondes qui ont été dramatiques : fracture du rocher, hématome sous-dural, hémorragie cérébrale, M. Lantenois a été placé en coma artificiel et son pronostic vital reste particulièrement engagé.
Colère et émotion dans la profession et chez les politiques
L’agression de Christian Lantenois, 65 ans, a suscité une vive indignation, dans le monde politique mais aussi de la presse qui est souvent confrontée à la violence. Les réactions de soutien ont été nombreuses. Le Club de la presse, comme les autres médias, tient à exprimer son soutien à Christian Lantenois et à toute l’équipe du journal L’Union.
Dans leur éditorial de ce dimanche matin, les rédactrices en chef de l’Union, Géraldine Baehr-Pastor et Carole Lardot, estiment que « cette agression n’est pas le fruit du hasard : voiture du journal repérée, appareil photo brisé, c’est bel et bien le journaliste qui était visé. »
Elles rappellent les fondamentaux du travail de journaliste : « Notre profession, pilier de notre démocratie, ne pliera pas face aux insultes, tentatives d’intimidation et autres pressions dont elle est régulièrement la cible. Rien ni personne n’entravera notre volonté d’informer, ni notre liberté d’agir et de rendre compte de l’actualité. Renoncer à ce reportage, c’était nier que la violence est une réalité que vivent 25 000 habitants de ce quartier. Renoncer à ce reportage, c’était fermer les yeux, abandonner un pan de territoire et ceux qui y vivent. Renoncer, c’était trahir la réalité, et faire tomber définitivement dans l’oubli le quotidien de milliers de citoyens. » Et de conclure : « Nous ne renoncerons jamais à exercer notre métier. »
Le procureur en charge de l’enquête est également allé dans ce sens pendant la conférence de presse : « M. Lantenois a été agressé parce qu’il était journaliste », a-t-il précisé. « Les individus voulaient récupérer les clichés faits par la victime. Nous n’avons d’ailleurs pas réussi à retrouver la carte mémoire de l’appareil. »>br>
Les politiques ont également réagi, à l’instar du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui a affirmé samedi dans un tweet que la police nationale était « pleinement mobilisée pour identifier et interpeller les auteurs » de l’agression. L’Élysée a appelé la rédaction du journal pour « exprimer son émotion et sa sympathie, et son souhait de voir les auteurs de l’égression interpellés au plus vite », a indiqué dimanche la présidence de la République.
La direction du journal a déposé plainte lundi « pour tentative de meurtre et atteinte à la liberté de la presse », a indiqué Sébastien Lacroix. L’un des rédacteurs en chef du journal.