Les mardis de l’Info

Quand la Syrie s’invite aux Mardis de l’info

Consacrés à la crise syrienne et à la situation des personnes déplacées et réfugiées, les Mardis du Club du 18 février avaient été organisés en partenariat avec le CCFD-Terre Solidaire et le CRDTM. Les invitées, Camille Leprince, chargée de mission Maghreb-Machreq pour le CCFD-Terre Solidaire, et Racha Abaziad, présidente de l’ Association Syrie Moderne Démocratique et Laïque, se sont exprimées devant une salle comble.

«  Nul n’est légitime hors du peuple (char’y) et sans lui, il n’y a aucune légitimité (char’yya) ». Relevée par le journaliste Jean-Pierre Filiu (dans son livre «  Je vous écris d’Alep, au cœur de la Syrie en révolution », chez Denoël) cette phrase était inscrite sur une pancarte, en Syrie. Elle s’élevait contre l’instance légale mise en place par la rébellion (Hay’a char’iyya) pour assurer l’ordre et la sécurité dans les zones libérées par les troupes d’Assad.

Dans un contexte aussi compliqué que celui de la Syrie actuelle, une explication de mots s’imposait. La journaliste Djamila Makhlouf, co-animatrice des « Mardis de l’Info » s’y est attachée, montrant au passage que le terme « charia », alors souvent utilisé par la presse occidentale, relevait d’une incompréhension de celle-ci. Qu’est-ce qui, dans cette révolution, est légal, qu’est-ce qui est légitime. La franco-syrienne Racha Abaziad a abondé dans les explications de la journaliste.

Juste avant cette explication de texte, Camille Leprince, revenait sur les prémices de cette révolution pour donner une lecture géopolitique de la crise et tenter d’expliquer l’engrenage de la violence. Au moment où ce débat avait lieu, le second round des négociations menées, à Genève, sous l’égide de l’ONU, venaient de s’achever sur un échec. Depuis trois ans, le bilan du conflit porte sur 136 000 morts. Parmi ces victimes : près de 48 000 civils dont plus de 7 000 enfants et environ 5000 femmes, 53 000 soldats et membres des milices pro-Assad, 31 600 combattants anti-Assad.

A la complexité interne, s’ajoutent des enjeux régionaux qui dépassent la seule crise syrienne, avec de multiples questions géostratégiques. Entre autres, la crise a mis en lumière les rivalités chiites-sunnites dans la région. D’un côté, on trouve un axe chiite structuré autour du régime iranien, du mouvement Hezbollah libanais, du gouvernement chiite irakien, venant en soutien au régime Baas syrien. De l’autre, se dessine un axe sunnite lui-même divisé entre alliés du Qatar proche des Frères musulmans et alliés de l’Arabie saoudite proches des salafistes. Derrière se joue l’avenir de l’Iran, tant du point de vue des négociations sur le nucléaire, que de ses relations par rapport à Israël, que de l’ouverture politique entrevue avec l’arrivée d’un nouveau président. Et la Russie a joué de son alliance avec le régime syrien en s’imposant comme acteur incontournable dans les négociations. Les Etats-Unis et d’autres états occidentaux cherchent à défendre leurs intérêts dans la région.

Dans ce contexte, le peuple syrien est pris en otage et l’idéal d’une autre Syrie, portée par la révolution, s’éloigne. Avec une catastrophe humanitaire, un patrimoine matériel, et immatériel en danger, un sentiment national et un idéal mis à mal.

Et les réfugiés dans tout cela ? On les trouve, très nombreux, dans les pays voisins. En Europe, les portes ont beaucoup de mal à s’ouvrir.
Le CCFD-Terre solidaire met en œuvre des partenariats et donne la priorité à l’aide humanitaire. L’association Syrie moderne démocratique et laïque, présidée par Racha Abaziad, sensibilise l’opinion et crée un élan de solidarité à travers l’information et la culture.

Bien-sûr, ce débat se devait de parler des otages retenus en Syrie. Christian Brémilts, du Club de la presse, a annoncé la création d’un comité de soutien lillois pour les journalistes français. Mais il n’y a pas que les journalistes. Ainsi, ce Syrien, présent dans la salle, qui évoque son ami prêtre.


 

 

 

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