Les Mardis de l’Info

Quand les Mardis reviennent sur l’été meurtrier de Gaza

« Retour sur Gaza » : avec le journaliste Pierre Barbancey, grand reporter à l’Humanité, Mireille Gabrelle, militante à l’AFPS, et Eugénie Rébillard, de l’Université Paris 1, Les Mardis de l’Info sont revenus sur l’offensive israélienne dans la bande Gaza, en juillet et août dernier.

Pierre Barbancey n’en était pas à son premier reportage en Palestine. Mais l’été 2014 soutient difficilement la comparaison avec d’autres offensives. « L’aviation israélienne a bombardé sans relâche. Les navires de guerre se sont placés au large de la bande de Gaza et ont tiré au canon. Les chars ont pénétré dans Gaza pour, soit disant pour détruire les tunnels. Ce fut un déchaînement de feu (… contre une population désarmée). »

Le reporter de guerre se souvient et analyse. « Les Palestiniens ne sont pas maîtres de leurs frontières, ni terrestres, ni aériennes, ni maritimes. Quand l’armée israélienne, une des plus puissantes, se déchaîne contre cette partie du monde, on se doute bien que ça va être une horreur. C’est exactement ce qui s’est produit. »

Cette horreur, personne ne la remet en cause. En revanche, le public a souvent entendu les accusations israéliennes, reprises par la presse occidentale, mettant en cause le Hamas. Ce dernier était alors accusé de prendre la population palestinienne en otage, enfants compris. Pierre Barbancey fait une observation très différente. «  La réalité, c’est que c’était une guerre menée contre le peuple palestinien, avec la volonté de mettre les habitants à genoux ». Israël s’imaginait que les civils demanderaient grâce. Cela a été l’inverse. «  Toutes les organisations ont résisté les armes à la main : le Fatah, le Hamas, le Djihad islamique, le Front populaire de libération de la Palestine, les communistes du Parti du Peuple palestinien. » Tous se réunissaient quotidiennement pour savoir comment résister et la population a soutenu.

Les Israéliens pensaient régler la question en deux jours. C’était sans compter sur cette résistance. D’autant que les civils combattaient eux-mêmes, avec ou sans armes. Le simple fait de revenir sur les ruines de leurs maisons était un acte de résistance. Alors, comment expliquer les informations occidentales qui ont minimisé cette résistance ?

Pierre Barbancey distingue d’abord les « journalistes de plateau  », dans les rédactions et studios, qui font les commentaires, des reporters de terrain. Mais cela ne s’arrête pas là. Sur le terrain, il y a toujours la tentation de démontrer le bien-fondé de l’armée israélienne. On cherche donc à prouver que le Hamas prend les civils en otage, dans les écoles par exemple. « J’ai vu le cas d’une école où les Israéliens ont donné l’ordre [aux civils de sortir. Mais ils ont tiré quand même ! »

Surtout, Pierre Barbancey estime qu’il existe deux catégories de journalistes : « Ceux qui comprennent le sens politique de l’événement et ceux qui ne comprennent pas. A cela vient s’ajouter le politiquement correct. Je fais partie d’une génération pour qui le sens politique est important. »

Ph A
Photo de une : Gérard Rouy

Beaucoup plus de détails sur la vidéo. Avec les explications de Mireille Gabrelle sur la mobilisation, à Lille, durant l’été dernier, et sur la campagne de boycott.

A écouter : l’interview d’Eugénie Rébillard à propos du livre dont elle est co-auteur : «  Le Djihad islamique palestinien : de la théologie à la Révolution. »


 

 

 

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