Photo : Liberté Hebdo
Ils s’attendaient au pire et ils avaient malheureusement raison… Les 230 salariés de l’imprimerie Héliogravure Didier Quebecor, à Hellemmes, ont en effet appris jeudi 12 octobre que le groupe canadien avait décidé la fermeture de leur entreprise. La nouvelle a été officiellement annoncée à l’occasion d’un comité d’entreprise extraordinaire, confirmant les bruits inquiétants qui circulaient depuis le lundi précédent. Au 30 juin prochain, l’imprimerie aura fermé ses portes et les 230 salariés auront été licenciés. Les premiers départs sont programmés pour la fin de l’année.
Seulement 27 propositions de reclassement
Seuls 27 postes dans un autre site du groupe, à Fleurus (près de Charleroi) leurs sont proposés. Cependant, d’autres sites français (Corbeil-Essonnes, Strasbourg, Nantes…) sont menacés ou déjà sous le coup de plans sociaux en cours. Et il est probable qu’ils devront, à eux tous, se contenter de ces mêmes 27 propositions de reclassement… Grégory Aubin, délégué CGT de l’entreprise, se souvient qu’en mars dernier, un comité de groupe avait déjà annoncé « une réduction de la voilure » à Lille, estimée à 25%. Sur quatre rotatives actuellement en fonctionnement, cela faisait une machine en moins, soit environ 60 licenciements.
La solution retenue est finalement beaucoup plus radicale. Il faut préciser que parallèlement, le groupe Quebecor a réalisé un investissement conséquent dans son imprimerie de Fleurus. Deux nouvelles rotatives, qui seront mises en route en janvier prochain, ont été achetées. Elles disposent d’une laize (1) de 4,30 mètres, un peu plus de deux fois celle des rotatives d’Hellemmes. Le site de Fleurus disposera donc d’une capacité d’impression supérieure aux 40.000 exemplaires à l’heure assurés en moyenne par chacune des rotatives du site lillois.
Presse magazine, publicités et catalogues
Les rotatives d’Hellemmes peuvent réaliser l’impression d’un magazine de 96 pages en un seul passage. A Charleroi, on devrait atteindre 128 pages. Il est probable que les clients actuels de l’imprimerie d’Hellemmes se verront proposer de travailler désormais avec celle de Fleurus. Le commercial d’Hellemmes a d’ailleurs déjà été muté sur place, selon Grégory Aubin. Quebecor Hellemmes travaille à la fois pour la presse magazine (TV Magazine, Télé Loisirs, Ça m’intéresse, Le Figaro Madame, Le Figaro Magazine…), la publicité (Canal +, TPS…) et les catalogues de vente par correspondance (La Redoute, Les 3 Suisses…).
Grégory Aubin explique qu’aucune « position franche et nette » n’a été prise, pour le moment, par les salariés pour réagir à cette annonce. Il affirme cependant une volonté d’« organiser la riposte » et de « se battre pour sauvegarder notre emploi ». « Pour l’instant, on se bat contre les licenciements », insiste-t-il. Des expertises juridiques devraient ainsi être effectuées et les représentants politiques sollicités pour prendre position. « Ils vont nous démontrer ce qu’ils peuvent faire quand une multinationale (2) annonce un tel plan », commente le syndicaliste. Avant même cette décision radicale, les salariés lillois de Quebecor avaient déjà vu leurs effectifs diminuer régulièrement. Grégory Aubin a été embauché en 2001. Il estime avoir vu passer, depuis, le nombre total de salariés de 340 à 230.
Ludovic FINEZ
(1) La laize désigne la largeur d’impression d’une rotative.
(2) Le groupe canadien Quebecor est présent en Amérique du Nord, en Amérique latine, en Europe et en Asie. C’est un imprimeur, mais également, entre autres, un éditeur de journaux et de livres, un opérateur de télévision et de téléphonie, etc. Le groupe a racheté l’imprimerie d’Hellemmes en 1994.
