Dans le cadre de l’enquête sur le rachat des actions Voix du Nord, une perquisition a été opérée au siège lillois du quotidien.

Quel prix pour les actions de « La Voix » ? La justice s’en mêle… - La Lettre du Club n°50 - février 2003.

Nouveau coup d’éclat judiciaire à « La Voix du Nord ». Un juge enquête sur le prix des actions, qui a varié de 380 euros à 7 600 euros. La gendarmerie a perquisitionné pendant huit heures, à la suite d’une plainte pour escroquerie. Deux experts sont désignés.

Il ne s’agit pas, cette fois, d’une affaire mineure mais du cœur des interrogations qui agitent le quotidien lillois depuis plusieurs années, particulièrement depuis 1995-1997. Quelques actionnaires de l’époque, dont un ancien cadre de la publicité, adjoint de Jacques Ménard, ont déposé une plainte pour escroquerie à cette époque là. C’est cette plainte qui « prospère » actuellement, sans qu’on puisse, bien entendu, préjuger des conclusions de cette enquête. Ces actions qui valaient, au début de l’affaire, 380 euros sont ensuite passées à 1 140 euros pour finir par atteindre 6 100 euros et même 7 600 euros avec « primes ». Les principaux bénéficiaires sont des cadres dirigeants, dont un petit nombre avait participé à l’opération de RES (Rachat de l’entreprise par ses salariés), toujours présentée comme parfaitement légale dans les formes ! Un appel avait alors été lancé en direction des petits porteurs, pour leur demander de vendre leurs actions afin de sauver le journal. Deux mille trois cents actionnaires, anciens résistants, leurs héritiers le plus souvent, ou membres du personnel du journal étaient alors porteurs de titres.

Mise au point exceptionnelle

Le 14 janvier dernier, l’affaire a pris un nouveau tournant. La gendarmerie a perquisitionné pendant huit heures dans les bureaux des étages de la direction de La Voix du Nord, place du Général de Gaulle. Le Pdg, Jean-Louis Prévost, était absent, son arrivée étant annoncée à la gare de Lille, par le train de Paris... Des documents comptables et informatiques ont été saisis et mis sous scellés. L’opération s’est déroulée en présence du juge d’instruction, spécialisé dans les affaires financières, Jacques Huard.
L’événement a réservé une autre surprise, médiatique celle-là. D’habitude relativement discrète sur les mécomptes de La Voix du Nord, France 3 Nord-Pas de Calais-Picardie, a consacré une longue séquence à l’événement, avec images d’archives tournées dans les locaux de La Voix, vues des principaux protagonistes, etc. Le sujet est repassé cinq fois, sur deux jours. Ce qui a valu, pour première fois dans l’histoire, l’ire du quotidien lillois, qui a reproché à ses confrères de la télévision régionale, via une mise au point publiée dans ses colonnes, de « jeter le discrédit sur une entreprise voisine alors même que la justice ne s’est pas prononcée ». « Volonté de spectaculaire », « il ne faut pas se tromper de métier », « l’incident ne méritait qu’une brève », estime La Voix du Nord, qui a consacré pas loin d’un quart de page à cette exceptionnelle mise au point, que le lecteur non informé ne peut décrypter, faute d’explications claires...
D’autres affaires sont attendues à la barre ; les juges ne manquent pas de travail. A suivre, notamment, vers le 6 février, une intéressante audience d’Appel à la Cour de Douai, sur la fameuse décision du Tribunal de Commerce de Lille qui, déniant le statut de société de presse à VNI (Voix du Nord Investissement), a fait perdre le contrôle du journal aux anciens actionnaires majoritaires.

Claude VINCENT


 

 

 

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