Maguy Barthaburu
mobilise pour son pays
Cela se sait peu, mais le Nord – Pas de Calais et la République centrafricaine avaient noué des liens forts dès les années soixante. Aujourd’hui, la communauté se ressoude et se mobilise face à la situation dramatique de leur pays d’origine.
« J’aime mon pays ! » C’est avec la force de la spontanéité que Maguy Barthaburu lance ce cri d’amour. Présidente de l’association régionale « Manassé » (Thumeries), qui encourage notamment la diaspora à la coopération décentralisée, elle est membre du collectif Centrafrique Solidarité créé pour aider et soutenir le peuple centrafricain.
Avant de s’installer dans le Nord, il y a 13 ans, Maguy Barthaburu a vécu et voyagé en Afrique durant 15 années. De retour en France, en 2000, elle n’a de cesse d’effectuer des allers-retours avec la République Centrafricaine. « Quand on voit le potentiel de ce pays meurtri par le règne de Bokassa puis par une succession de coups d’état et de rébellions, on ne peut rester indifférent » dit-elle. « D’autant qu’aujourd’hui, il risque l’islamisation forcée ».
En 2001, elle est reçue par le président Ange Patassé. « Je venais de créer le mouvement ‘’Centrafrique lève-toi !’’ pour la réconciliation. J’ai expliqué au président pourquoi je croyais en une réconciliation nationale. Lui aussi était de cet avis et s’était engagé à mettre en place un processus de réconciliation nationale. François Bozizé, qui l’a renversé, a poursuivi dans cette voie. En tant que Centrafricaine de France, j’ai assisté aux assises du dialogue, en 2003. »
Le travail a duré jusqu’en 2008 mais n’a jamais abouti. Maguy Barthaburu poursuit ses voyages à Bangui et dans l’ensemble du pays. Elle est présente, le 24 mars dernier, lors du renversement du président Bozizé par les rebelles de la coalition Séléka. « Depuis, dit-elle, on viole, on tue, on pille et personne ne sait mettre fin aux exactions contre la population. » Elle-même a failli être tuée si un rebelle centrafricain, parlant sa langue, n’était intervenu.
Ici, elle mobilise la communauté centrafricaine pour, notamment, envoyer des médicaments. Celle-ci s’est constituée, dans le Nord, dès l’indépendance, dans les années soixante. Il y avait des échanges économiques avec la brasserie Motte-Cordonnier (Armentières) et avec le textile de Roubaix. De nombreux Centrafricains ont fait leurs études à Lille, dont l’ex Premier ministre. « Mais cette communauté s’était complètement désintéressée du pays. Aujourd’hui, vu la situation dramatique et l’indifférence internationale, les Centrafricains du Nord se ressoudent et nous rejoignent. » Fin juin, l’ambassadeur de la République centrafricaine à Paris est venu les écouter à Tourcoing. Comme pour apporter une lueur d’espoir.
Djamila MAKHLOUF