RESTER DEBOUT

Chacun s’accorde sur au moins un constat : la mobilisation suscitée par les attentats meurtriers contre « Charlie Hebdo » et contre le magasin casher de Vincennes est d’une puissance inédite. Plus de 50 000 personnes se sont réunies et ont marché à Lille et dans plusieurs villes de la région, samedi et dimanche. Avec pour mot d’ordre unique : « Je suis Charlie ».

(photo : P. Armand)

A Lille, l’appel lancé par le Club de la presse et les principales organisations politiques, syndicales et associatives, pour ce samedi 10 janvier, a été entendu par près de 40 000 personnes. Parmi le cortège qui s’est étalé durant deux heures et trente minutes, entre la Porte de Paris et la place de la République, on notait beaucoup de jeunes et de nombreux enfants venus avec leurs parents.

Blanche colombe

En tête de cortège : une immense banderole noir et blanc, « Je suis Charlie », portée par des journalistes, des anonymes, des enfants. Derrière, les élus, au coude à coude, tous partis confondus. Sauf un, non désiré par les organisateurs. Chacun s’était muni d’une pancarte portant le nom d’une des douze victimes de « Charlie Hebdo ». Et partout, ces affichettes rappelant « Je suis Charlie ». Pas de sigle autre que celui-là, pas de slogan, pas de chant, pas de musique. Juste des stylos et des applaudissements trouant la longue marche silencieuse.

Lorsque la tête du cortège est arrivée place de la République, il lui aura fallu attendre plus d’une heure pour être rejointe par les derniers à s’être mis en marche. Et chaque groupe qui débouchait sur la place était accueilli par une salve d’applaudissements. Alors certes, il y a eu quelques rares entraves à la règle communément admise. Comme cette « Marseillaise » entonnée sur le parvis des Droits de l’Homme. On a aussi entendu « l’Internationale », lancée par un participant. Et la « Marseillaise », encore, reprise par les élus.

Liberté, égalité, fraternité

On retiendra aussi ce regard croisé, cette rencontre, entre les élus arrivant ruisselants de pluie sous les noms, image improbable, de l’équipe décimée de Charlie, et les journalistes et anonymes qui présentaient la banderole. Beaucoup de dignité, de nombreuses mains serrées. Et cette colombe, coincée au bas de la banderole noire de Charlie et affichant le contraste de sa blancheur. Une colombe qui, en reprenant son vol au-dessus de la foule, n’a pas manqué de participer à la symbolique de cette journée.

Alors, faut-il parler d’union sacrée, d’union nationale de façade, de vernis déjà craquelé ? Faut-il dénoncer l’émotion qui a régné sur tout le pays, et presque partout ailleurs, depuis ce mercredi funeste ? L’émotion était bien présente. La compassion était réelle, et pas seulement dans les rassemblements et cortèges. Aujourd’hui vient le temps du recul, de la réflexion, du maintien de la prise de conscience qui s’est révélée.

Dire non au terrorisme, aux ennemis de la liberté, dire non aux cons. Mais permettre que se développe l’espoir né ces derniers jours : celui d’un pays, d’un peuple qui ne laisse pas filer ses valeurs fondamentales, qui sait être debout, qui n’a pas cette odeur rance que certains veulent propager. Qui sait encore ce que veulent dire les mots « Liberté, Egalité, Fraternité ». Tant pis si Zemmour ricane. Bien au-dessus, l’esprit de ceux que l’on a assassinés se fendrait la gueule s’il le pouvait. Il n’est pas temps de nous rasseoir.

Philippe Allienne

(photo : M. Dubois)
(photo : G.Rouy)
(photo : G.Rouy)
(photo : G.Rouy)
(photo : G.Rouy)
(photo : P. Armand)
(photo : P. Armand)
(photo : P. Armand)
(photo : G.Rouy)
(photo : G.Rouy)
(photo : G.Rouy)
(photo : P. Armand)
(photo : P. Armand)
(photo : M. Dubois)
(photo : M. Dubois)
(photo : M. Dubois)
(photo : M. Dubois)
(photo : P. Armand)

A Arras

A Arras (photo : JJ d’Amore)
A Arras (photo : JJ d’Amore)
A Arras (photo : JJ d’Amore)
A Arras (photo : JJ d’Amore)
A Arras (photo : JJ d’Amore)
A Arras (photo : JJ d’Amore)


 

 

 

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