Un débat public organisé par le Club de la presse Hauts-de-France s’est déroulé le lundi 14 septembre pour évoquer la situation du journaliste algérien Khaled Drareni, fondateur du site d’information Casbah Tribune et correspondant en Algérie de TV5 Monde et RSF, condamné à deux ans de prison pour avoir exercé son métier, ainsi que les nombreux emprisonnements subis actuellement par des journalistes algériens dans le cadre du mouvement de protestation du Hirak.
Les intervenants présents étaient : Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, Abderrahmane Hayane, documentariste et ancien journaliste à El Watan et lauréat du prix spécial du festival international du film des droits humains de Paris pour son documentaire réalisé sur les manifestations du Hirak intitulé "La Révolution 2.0", Omar Belhouchet, ancien directeur du quotidien algérien El Watan de 1990 à 2019 (par téléphone) et Souhaieb Khayati, journaliste tunisien et directeur du bureau Afrique du Nord, Reporters sans frontières (par téléphone).
Diffusé en live sur la page Facebook du Club de la presse HDF, le débat a été animé par Philippe Allienne, président du Club de la presse et rédacteur en chef de l’hebdomadaire Liberté Hebdo.
’"Une fuite en avant vers l’arbitraire"
- Christophe Deloire
- Secrétaire général de Reporters sans frontières
« On reproche à Khaled Drareni son indépendance, sa liberté de penser et d’être un correspondant étranger, dénonce Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières. Avec sa grande popularité, le pouvoir a fait de lui un symbole, mais il n’a pas cédé aux tentatives de corruption, ni aux harcèlements et à cette guerre d’usure contre les libertés. Il s’agit d’une fuite en avant vers l’arbitraire. »
- Abderrahmane Hayane
- Documentariste et ancien journaliste à El Watan
De son côté, Abderrahmane Hayane, documentariste et ancien journaliste à El Watan, estime que « la logique du fonctionnement du régime actuel algérien est sur le point de s’écrouler, mais qu’il s’agit d’une hydre à plusieurs têtes qui veut survivre coûte que coûte. Pour eux, il était important de viser un journaliste populaire auprès du peuple, car le pouvoir sait que c’est son talon d’Achille. »
"Une politique de terre brûlée"
Pour le documentariste algérien, « la condamnation de Khaled Drareni est l’exemple de cette politique de terre brûlée » : « Mais si eux ont encore le pouvoir, nous, nous avons le temps. »
- Souhaieb Khayati
- Journaliste tunisien et directeur du bureau Afrique du Nord, Reporters sans frontières
Pour sa part, Souhaieb Khayati, journaliste tunisien et directeur du bureau Afrique du Nord de Reporters sans frontières, abonde en ce sens : « Outre sa popularité, ce qui lui est reproché c’est d’avoir entretenu un simple contact avec un média étranger », affirme-t-il.
- Omar Belhouchet
- Ancien directeur du quotidien algérien El Watan
Enfin, Omar Belhouchet, ancien directeur du quotidien algérien El Watan, exprime « sa colère » : « Notre presse est victime d’un système mis en place de contrôle de la parole qui revient en force. Il y a un recul considérable du journalisme indépendant depuis de nombreuses années. Cette volonté de réduire le champ de l’expression est intolérable. Mais nous continuerons à nous battre avec le soutien de l’opinion public et celui à l’international afin que cette situation évolue enfin. »
Retrouvez l’intégralité de la rencontre sur notre live Facebook en cliquant sur ce lien
Un extrait du documentaire réalisé sur les manifestations du Hirak intitulé "La Révolution 2.0" de Abderrahmane Hayane a été projeté au cours du débat public :
Vous pouvez visionner l’intégralité du documentaire en cliquant sur ce lien
M.P