"Sarko le monstre... médiatique" - Editorial de la Lettre du Club n°68 - juillet-aôut 2005

Nul n’est besoin de solliciter le boulimique et médiatique locataire de la place Beauvau. Il est partout ! Dès le matin, il est l’ami du petit-déjeuner. Ce 1er juillet, par exemple, son nom est cité plus de dix fois dans la tranche matinale de France Inter, entre 7 h et 8 h. Vous ouvrez votre quotidien : pas de surprise, Sarko crève la Une. « Pas facile d’être numéro un quand on a Nicolas Sarkozy comme numéro deux », commente La Voix du Nord à propos du premier bilan de Dominique de Villepin. Dans cette seule édition, le ministre de l’Intérieur est évoqué à douze reprises et dans quatre articles. Saluons l’exploit de Nord Eclair qui, sur le même sujet, parvient à ne pas le nommer. Le répit sera de courte durée. Passons sur les flashs de la matinée et plongeons dans le JT de 13 heures. Revoilà notre ministre, peu orthodoxe mais cathodique intégriste et chasseur de monstres. Vous piquez du nez après le repas ? Le ton martelant du président de l’UMP vous tire de votre torpeur : c’est la minute publicitaire des « populaires ». Tenteriez-vous une évasion sur la toile internet ? Peine perdue. Il est là. Encore lui. Toujours lui. En un mois, vous le retrouvez dans 288 articles du Figaro, 213 dans Le Monde et 125 dans Libération. Seul le président de la République et le chef du gouvernement sont autant cités.
Sarko en fait trop ? De son propre aveu il « essaie de gagner la bataille de la communication et celle de l’action ». Il l’assène dans une longue interview recueillie par Le Figaro le 30 juin, c’est-à-dire le jour même où Villepin donne sa première conférence de presse depuis qu’il occupe Matignon. Rien n’est laissé au hasard. On peut dire et écrire ce que l’on veut. Il crâne, vitupère peut-être, s’offusque de certaines questions, mais il n’est pas dupe : « Quand France-Soir fait sa une sur moi, les ventes sont multipliées par six ». Du coup, ce n’est plus lui qui en fait trop, c’est la presse. Et de fait, elle s’en donne à cœur joie. Dans la semaine du 30 juin au 6 juillet, Le Nouvel Observateur, Paris Match, Le Point, Marianne et L’Express lui consacrent leur couverture. Les papiers et dossiers sont souvent critiques. Pas tant que Le Canard enchaîné du 29 juin, qui chiffre les effets d’annonce et les promesses non tenues de Sarkozy en 2002 et 2003. Encore une fois, l’intéressé s’en moque. « Si j’étais secrétaire d’Etat aux choux farcis, rigole-t-il dans Paris Match, vous m’entendriez parler de choux farcis sans arrêt ! ».
Et les médias, qui reprennent à l’envie ses propos les plus lapidaires lui servent la soupe qu’ils le veuillent ou non. Ils insistent sur sa volonté de « nettoyer au kärcher » et de faire « payer » les juges. Ils oublient d’insister sur le plus grave. Ainsi, relève Marianne, « pour Sarko, on peut faire payer un travail effectif au tarif des minima sociaux, moins de 600 euros ». Autre proposition, à méditer : les associations de victimes pourraient être associées à la définition du châtiment des coupables. Vraiment ? Cela rappelle la charia appliquée par certains états islamistes ! L’initiateur du Conseil français du culte musulman en connaît un rayon. Au fait, la mise en page de Match vaut le coup d’œil : au dossier consacré à Sarkozy, succèdent six pages sur le nouveau chef de l’Iran, Ahmadinejad, « l’incorruptible qui fait peur ». Ah bon, lui aussi ?■

Philippe ALLIENNE


 

 

 

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