Otages : Ne pas parler, c’est dangereux aussi pour les autres - commentaires "RETOURS DE SYRIE" : LA SOIREE 2014-01-06T21:28:49Z https://clubdelapressehdf.fr/otages-ne-pas-parler-c-est-dangereux-aussi-pour-les-autres.html#comment1087 2014-01-06T21:28:49Z <p>Les dix commentaires qui suivent sont en fait une tentative de suivi en direct de la soirée organisée ce lundi 6 janvier, pour les journalistes français otages en Syrie. Organisée à la Maison de Radio de France, elle était animée par Florence Aubenas, présidente du comité de soutien, et Jean-Marc Four. Nous en retiendrons cette conclusion, adressée aux otages : "Nous ne demandons pas que vous reveniez pour qu'ensuite plus aucun journaliste n'aille en Syrie. Au contraire, nous allons continuer ce que vous avez commencé !"<br class="autobr" /> Cinq invités connaisseurs du terrain ont échangé durant deux heures trente : Domenico Qiriro (grand reporter à La Stampa et otage durant 5 mois en Syrie), Garance Le Caisne (journaliste pigiste au JDD et au Nouvel Observateur), Valérie Crova (journaliste à Radio France, auteure de nombreux reportages à Damas), Hala Kodmani (journaliste pigiste pour Libération et l'Express revenant de Ruqqa, nord Syrie), Laurent Van der Stock (photo reporter, représentant des familles des journalistes espagnols détenus en Syrie : Javier Espinosa et Ricardo Garcia Vilanova), Thierry Mauricet (médecin et l'un des responsables de l'ONG "Première Urgence" qui opère dans la région de Damas.<br class="autobr" /> Ci-dessous : les principaux témoignages et échanges.</p> Le rôle des pigistes 2014-01-06T21:07:34Z https://clubdelapressehdf.fr/otages-ne-pas-parler-c-est-dangereux-aussi-pour-les-autres.html#comment1086 2014-01-06T21:07:34Z <p>Les rédactions qui n'envoient plus de journalistes [du staff - ndlr]en Syrie sont-elles tentées d'utiliser des pigistes qu'elles payent trois francs six sous pour aller se faire tuer à la place des autres ? <br class="autobr" /> La question a ainsi été crûment posée par Florence Aubenas. Domenico Quirico approuve cette tendance : Les rédactions italiennes le font. Les pigistes sont l'honneur de la profession. Autour de lui, les pigistes présentes sont beaucoup plus nuancées. Garance Le Caisne (JDD et Nouvel Observateur) : "C'est vrai que, lorsque je suis payée 467 euros brut pour 10 jours de travail... Bon. Mais je le fais quand même. On ne nous pousse pas à y aller. Et de notre côté, nous acceptons d'y aller (...)" <br class="autobr" /> Hala Kodjmani (Libération et l'Express) n'a pas l'impression de risquer sa vie pour d'autres.<br class="autobr" /> un peu plus tard, une question du public relance le sujet. Florence Aubenas rebondit en évoquant les jeunes pigistes qui, pur se faire remarquer, vont sur les zones de conflit. "Comment un rédacteur en chef évalue-t-il cette volonté pour des jeunes de faire carrière dans un métier qui se précarise de plus en plus ?"<br class="autobr" /> C'est Jean-Marc Four (Radio France) qui répond, en personne concernée : "C'est une question douloureuse. Un rédacteur en chef doit assumer des décisions qui ne sont pas faciles à prendre. Personnellement, qu'il s'agisse d'un journaliste du staff ou d'un pigiste, je dors mal la nuit. Mais la question est plutôt de savoir si le ou la journaliste qui se rend sur place est armé(e) pour faire face à la situation. Je ne pense pas qu'il faut envoyer des jeunes de 25 ans. Il vaut mieux des journalistes qui, comme celles et ceux qui sont sur ce plateau [les invité(e)s de la soirée - ndlr] ont l'expérience et les compétences nécessaires".</p> "Je n'écris que si je vois" 2014-01-06T20:47:15Z https://clubdelapressehdf.fr/otages-ne-pas-parler-c-est-dangereux-aussi-pour-les-autres.html#comment1085 2014-01-06T20:47:15Z <p>Domenico Quirico (La Stampa) : "Je n'écris que si je vois. Etre journaliste, c'est partager la souffrance des autres. Il faut écrire sur la Syrie, et pour cela, il aller sur le terrain. Dans mon payas, l'Italie, 80% des articles sont écrits par des journalistes qui ne sont pas allés en Syrie après la révolution. Certains y sont peut-être allés avant. Cela ne suffit pas. De la même façon, on ne rend pas compte de la réalité syrienne en recueillant juste des témoignages de réfugiés".</p> Les "vrais otages" 2014-01-06T19:54:24Z https://clubdelapressehdf.fr/otages-ne-pas-parler-c-est-dangereux-aussi-pour-les-autres.html#comment1084 2014-01-06T19:54:24Z <p>Le témoignage le plus fort de la soirée arrive sans doute à 20h45. Il est donné par l'Italien Domenico Quirico : "Je partage ce que dit mon confrère polonais : le vrai otage, c'est ma famille qui reste cinq mois sans nouvelles. Il a raison. Le danger, cela fait partie de mon métier. Le vrai problème, ce sont les proches, la famille. Mais il y a encore autre chose qui permet de mesurer ce drame, en Syrie. Quand avons été libérés, nos geôliers nous ont dit : 'vous n'étiez pas les seuls prisonniers. Nous le sommes aussi. Vous partez. Nous restons'. Car voilà le vrai sens de l'histoire. 22 millions d'êtres humains sont en ce moment prisonniers d'une tragédie immense ! Il y a eu, on ne sait pas exactement, 130 000 morts depuis le début de la guerre. Il faut rendre à ces 130 000 personnes, hommes, vieillards, femmes, enfants, leur dimension humaine. Pour cela, il est nécessaire d'aller en Syrie, pour raconter."</p> Jonathan Alpeyrie : Couvrir la guerre n'a plus grand sens 2014-01-06T19:40:31Z https://clubdelapressehdf.fr/otages-ne-pas-parler-c-est-dangereux-aussi-pour-les-autres.html#comment1083 2014-01-06T19:40:31Z <p>Ex otage américain en Syrie, le journaliste Jonathan Alpeyrie estime que couvrir la guerre en Syrie n'est pas aujourd'hui une bonne idée. Il parle des rebelles à la fois brigand. <br class="autobr" /> Mais il parle aussi de la médiatisation des otages :<br class="autobr" /> "J'allais dans la salle de télévision. On recevait France 34. Mais on ne parlait pas de moi car mon enlèvement avait été te nu secret. Les rebelles m'ont demandé pourquoi la télé ne parlait pas de moi. Ils m'ont accusé, à cause de cela, d'être un agent secret américain. J'ai finalement été libéré. C'est un proche du régime Assad qui a payé ma rançon."</p> Outils de protection pour les grands reporters 2014-01-06T19:29:55Z https://clubdelapressehdf.fr/otages-ne-pas-parler-c-est-dangereux-aussi-pour-les-autres.html#comment1082 2014-01-06T19:29:55Z <p>Critophe Deloire (Reporters sans frontière) : "RSF met à la disposition des journalistes, pigistes ou dans les rédactions, des outils de protection physique : casques et gilets pare-balles, et un système d'assurance spécifique pour les grands reporters. Nous développons aussi, depuis plusieurs années, des ateliers d'initiation à la sécurité numérique car des belligérants peuvent disposer de moyens de surveillance, avec systèmes de géolocalisation, pour identifier les endroits où se trouvent les journalistes et pour identifier leurs sources. Cela s'est notamment vu en Lybie."</p> Vais-je rapporter les bonnes infos ? 2014-01-06T19:19:59Z https://clubdelapressehdf.fr/otages-ne-pas-parler-c-est-dangereux-aussi-pour-les-autres.html#comment1081 2014-01-06T19:19:59Z <p>Pour cette journaliste, le stress lié au risque d'enlèvement ne se pose pas vraiment : "Si on a peur, on y va pas. Je travaille sans fixer. Je comprends ce que l'on me dit, on ne peut me cacher quoi que ce soit sous couvert de la langue. Sur place, on ne pense pas au kidnapping. Le vrai stress porte sur la question de savoir si l'on va rapporter les bonnes informations.</p> Pierre Piccini : "une bande brigands" 2014-01-06T19:15:09Z https://clubdelapressehdf.fr/otages-ne-pas-parler-c-est-dangereux-aussi-pour-les-autres.html#comment1080 2014-01-06T19:15:09Z <p>Racontant son enlèvement, l'enseignant belge Pierre Piccini (détenu durant cinq mois avec l'Italien Domenico Quirico) raconte : "Nous avons été trahis par un commandant de la Katiba, membre de l'Armée syrienne libre. L'ASL fondait au profit de l'armée djihadiste. Ce commandant nous a trahis et vendus. Pendant les deux premiers mois, nous avons été détenus par des brigands, un groupe composé d'étudiants qui ont raté le bac, de ventres affamés, de dérangés mentaux, etc. Au bout de deux mois, ils nous ont livrés à Al Farouk, un des piliers de la révolution avec l'ASL et les islamistes proches d'Al Qaeda.</p> Personne n'est ce qu'il prétend être 2014-01-06T19:01:55Z https://clubdelapressehdf.fr/otages-ne-pas-parler-c-est-dangereux-aussi-pour-les-autres.html#comment1079 2014-01-06T19:01:55Z <p>A la question, "A qui peut-on faire confiance quand on fait un reportage en Syrie ?" : Domenico Quirico, journaliste à La Stampa, ex otage en Syrie : Dans mon métier, je crois qu'à un moment, il faut choisir : qui sont les bons, qui sont les mauvais. Je croyais avoir fait le bon choix en misant sur les rebelles. Et durant les quatre premières fois, cela s'est bien passé. La cinquième fois, cela n'avait plus rien à voir (il est arrêté et detenu - ndlr). La première révolution syrienne n'existe plus. Les acteurs sont morts. Aujourd'hui, personne n'est ce qu'il prétend être. Il y a de faux révolutionnaires, de faux djihadistes, etc.</p> prendre du temps 2014-01-06T18:53:08Z https://clubdelapressehdf.fr/otages-ne-pas-parler-c-est-dangereux-aussi-pour-les-autres.html#comment1077 2014-01-06T18:53:08Z <p>Garenne Lequenne, lors de cette soirée : Il faut passer inaperçu et prendre du temps. Je ne dirais pas que l'on est "contraint" de prendre du temps. Je crois qu'il faut prendre du temps. Quand on est pigiste, on peut se le permettre plus facilement.</p> Zone de "non go" 2014-01-06T18:50:03Z https://clubdelapressehdf.fr/otages-ne-pas-parler-c-est-dangereux-aussi-pour-les-autres.html#comment1076 2014-01-06T18:50:03Z <p>La soirée "Retours de Syrie", à la Maison de Radio France, vient de commencer. Avec un témoignage inédit du photojournaliste polonais Marcin Suder, enlevé trois mois et libéré fin octobre 2013. Il affirme que ses interlocuteurs n'étaient pas Syriens. Ils parlaient Français. Un autre était sans doute Hollandais. Il s'agit selon lui de moudjahidines venus d'ailleurs. Il estime d'autre part que la Syrie "va devenir "No Go" comme la Somalie. Les étrangers vont y être chassés comme des proies pour l'appât du gain".</p>